Bienvenu a tous

 

Demander la revue ICI

 

AccueilAideRechercherAdminProfilDéconnexion

La Grenade Légion

 

ß---- RETOUR -----                                                                                                                                                                      ----à ENVOYER NOUVEAU SUJET ----

 

Auteur

Sujet: Camp Sainte Marthe  (Lu 183 fois)

 

P'tit Sapeur.
Invité


Courriel

Camp Sainte Marthe
« le: Janvier 08, 2007, 04:57:16 »

 


CAMP SAINTE MARTHE :

L'aspect extérieur du camp est toujours le même, mais cette fois le corps de garde est occupé par la Légion. On pratique le même cérémonial que la première fois. Yasreg passe les fourches caudines sans problème. On est poli et on semble le caresser dans le sens du poil. Le sous-officier pousse la courtoisie jusqu'à lui adjoindre un planton pour le mener à bon port. De toute évidence, personne ne se souvient de lui. Tant mieux, mais ce n'est guère étonnant, compte tenu du va-et-vient habituel de l'endroit.

En y regardant bien pourtant, des choses ont évolué : par exemple, l'accueil et l'attitude générale présentent moins de débraillé. C'est toujours la tour de Babel, mais on sent qu'une poigne énergique a pris les choses en mains. On ne voit plus d'Annamites, moins de Sénégalais et de Nord-Africains. On s'y bouscule moins. Les allées du camp sont entretenues. On constate qu'un effort louable a été soutenu pour que les locaux soient présentables.

L'excellente tradition de la Légion veut que le nouveau venu passe d'emblée aux cuisines pour un casse-croûte et un verre de pinard. Tout le monde, même le cuistot, semble s'être donné le mot pour rectifier l'impression déplorable de "Sainte Marthe, première mouture".

En s'excusant presque, on confronte notre vagabond repenti avec l'abord agréable et nécessaire du décrassoir. Ensuite, c'est la présentation des appartements. Yasreg va de surprises en surprises : un lit avec des draps, une petite armoire pour ceux qui ont quelque-chose à y mettre, ce qui n'est pas son cas. Pour le moment, les locaux sont vides. On lui fiche la paix... et c'est tout ce qu'il demande.'

DECOR : le bureau du Capitaine

Une table de bois encombrée de papiers. Au mur, un drapeau français croisé avec un fanion rouge et vert de la Légion. Deux portraits, celui du Maréchal Pétain et celui du Général Rollet, héros légendaire de la Légion Etrangère. En-dessous, une citation en grandes lettres, attribuée à ce dernier :

"Légionnaires, vous êtes légionnaires pour mourir et l'on vous envoie où l'on meurt."

Assis derrière le meuble, un Capitaine chargé d'interroger les futures recrues. Yasreg le reconnaît, c'est le même qui l'a questionné la première fois.

"Ah; Tiens, vous revoilà; Je me souviens de vous. Et moi qui vous croyais disparu ! Quelle agréable surprise : Heureux de vous revoir ! Et après tout, supposons que je vous flanque à la porte... Qu'en pensez-vous ? Car je ne suis nullement certain que vous n'allez pas me refaire le même coup. Etes-vous décidé cette fois ?"

Yasreg est dans ses petits souliers. Il se sent plutôt gêné aux entournures. Que répondre ? Il ne s'agit plus de crâner. Comme tout futur plouc qui se respecte, il faut s'abstenir de tout commentaire. L'échine est raide, mais il faut qu'elle acquière de la souplesse. La diplomatie du roseau qui plie et ne casse pas est d'application.

Le candidat repenti se cale au garde-à-vous : "J'ai bien réfléchi mon Capitaine, je suis décidé à signer. J'espère que vous n'allez pas me mettre dehors."

L'officier, un petit sourire au coin de la moustache, le regarde quelque secondes. "Bon" dit-il, "normalement tu devrais déjà être sorti, mais tu es toujours là... On va refaire un essai... C'est comme si tu n'étais jamais venu ici. Demain matin tu repasseras les visites médicales. Maintenant, il y a une chose que tu as intérêt à comprendre : je crois que ce n'est pas le moment pour toi de rentrer en Belgique, je crois aussi que tu as de bonnes raisons. Tu agis sagement en te mettant sous la protection de la France.

Rassures-toi, elle ne te demandera pas plus que tu ne peux donner."

Yasreg bredouille un : "Merci mon Capitaine.'", fait demi-tour et relit l'inscription sur le mur. Il a compris. Mais l'expérience est encore à faire !

 

« Dernière édition: Décembre 17, 2008, 12:06:09 par P'tit Sapeur »

 

 

ß---- RETOUR -----                                                                                                                                                                      ----à ENVOYER NOUVEAU SUJET ----