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Paix
bâclée à Versailles
« le: Novembre 02, 2007, 09:58:30 »
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Bonjours a tous
Le 28 juin 1919, un traité entre l'Allemagne et les Alliés règle le
conflit qui débuta à Sarajevo 5 ans plus tôt, jour pour jour, et se termina
par l'armistice de Rethondes. 8 millions de morts (dont 1.400.000 pour la
France) témoignent de l'horreur exceptionnelle de cette guerre
sansprécédent dans un continent qui avait réuni au XIXe siècle tous les
atouts de la prospérité, de la grandeur et de l'harmonie.
Un bouleversement sans précédentDes traités de paix avec chacun des pays
vaincus concluent la Grande Guerre de 1914-1918. La carte du continent
européen en sort complètement transformée avec la disparition de quatre
empires, l'allemand, l'austro-hongrois, le russe et l'ottoman, au profit
de petits États nationalistes, souvent hétérogènes, revendicatifs... et
impuissants.
L'Europe après la Première Guerre mondiale (1923)
Cette carte montre l'Europe après la Première Guerre mondiale et les
traités qui ont fait éclater les 4 empires de 1914. Noter la
multiplication de petits pays inaptes à se défendre et le couloir de
Dantzig qui partage en deux le territoire allemand.
Des négociateurs divisésLe premier des traités de paix et le plus important
est signé avec l'Allemagne dans la galerie des Glaces au château de
Versailles, sur les lieux mêmes où fut fondé l'empire allemand le 18
janvier 1871.
Pour la forme, les représentants de 27 pays alliés font face aux
Allemands. Mais le traité de Versailles a été concocté en cercle fermé
par quatre personnes seulement. Les quatre négociateurs sont le Français
Georges Clemenceau, le Britannique David Lloyd George, l'Américain Thomas
Woodrow Wilson sans oublier l'Italien Vittorio Orlando.
Ce sont des hommes du centre gauche, méfiants à l'égard de l'Église et
des catholiques autrichiens, hostiles d'autre part aux communistes qui
tiennent la Russie sous leur botte et sèment la Révolution en Europe
centrale.
Les quatre principaux négociateurs alliés du traité de paix posent devant
le château de Versailles :
David Lloyd George (Royaume-Uni),
Vittorio Orlando (Italie),
Georges Clemenceau (France),
Thomas W. Wilson (Etats-Unis).
Le président Wilson est un idéaliste qui veut imposer le droit des
peuples à disposer d'eux-mêmes conformément à ses 14 Points de janvier
1918, au risque de créer en Europe centrale des États-croupions non
viables.
Malgré la contribution tardive de ses troupes, il se présente en
véritable leader du monde civilisé. À la différence des pays européens,
les États-Unis ont en effet accru leur puissance économique du fait même
de la guerre et des ventes d'armement aux Alliés franco-anglais.
Le Premier ministre britannique Lloyd George lorgne sur les colonies
allemandes et le marché intérieur des vaincus.
Pour Clemenceau et les Français, la récupération de l'Alsace-Lorraine,
annexée en 1871 par l'Allemagne, est un minimum.
Clemenceau veut par ailleurs humilier de toutes les façons possibles
l'Allemagne et détruire l'Autriche-Hongrie, coupable à ses yeux d'être
modérée, catholique et monarchiste. Le «Tigre» n'a cure de l'équilibre de
l'Europe et du nécessaire rétablissement de relations harmonieuses.
Le quatrième négociateur est le Premier ministre italien Vittorio
Orlando. Plein de faconde, il ne souhaite rien d'autre que des annexions
autour de la mer Adriatique, au détriment de l'Autriche-Hongrie (il
quitte provisoirement la table des négociations en mai 1919 pour appuyer
ses revendications).
Un traité excessivement durLes plénipotentiaires allemands ont été tenus
à l'écart des débats sur la préparation du traité. Selon les termes de
celui-ci, leur nation est en premier lieu amputée du huitième de son
territoire et du dixième de sa population. Elle est par ailleurs soumise
à des limitations de souveraineté humiliantes.
– L'Allemagne perd l'Alsace et la Lorraine du nord (Metz), annexées
en 1871. Le territoire est restitué à la France sans référendum mais
conserve ses particularités de l'époque impériale. À la différence du
reste de la République française, les trois départements demeurent ainsi
soumis au Concordat de 1801 qui régit les rapports entre l'État et
l'Église catholique.
– L'Allemagne perd aussi les villes d'Eupen et Malmédy au profit de
la Belgique et surtout une grande partie de ses provinces de l'Est à
l'exception de la Prusse orientale (Koenigsberg) au profit d'une Pologne
ressuscitée.
– L'Allemagne est dépouillée de ses colonies africaines au profit
de la France, de la Grande-Bretagne et de l'Union sud-africaine, ainsi
que de la province chinoise du Chan-tong au profit du Japon (ce qui
provoque les protestations de la Chine, qui quitte la conférence en mai
1919).
– Aux marges orientales de la nouvelle Allemagne, le traité
ressuscite une Pologne hétérogène (avec une forte minorité germanophone)
dont le seul accès à la mer passe par les territoires allemands. C'est le
corridor de Dantzig qu'elle se montrera inapte à défendre.
– Les royaumes et les principautés qui composaient l'Empire allemand et
pouvaient servir de contrepoids à l'autoritarisme prussien sont dissous.
Il est vrai que leurs souverains avaient abdiqué avant même l'armistice
du 11 novembre 1918. À la place de l'Allemagne impériale s'installe un
État démocratique et républicain, ce dont se réjouissent les Français.
Mais cette «République de Weimar», du nom de la ville où se réunit
l'assemblée constituante, aura bien des difficultés à résister aux
pressions de la rue.
– L'armée allemande est réduite à 100.000 soldats de métier et la marine
de guerre à 16.000 hommes. Les forces armées sont interdites d'artillerie
lourde, de cuirassés et d'avions. Il ne leur est pas permis de faire
appel à des conscrits.
– Les Alliés prévoient d'occuper militairement pendant 15 ans la rive
gauche du Rhin ainsi que trois têtes de pont sur le Rhin (Mayence,
Cologne, Coblence). Il est prévu également une zone démilitarisée de 50
km de large sur la rive droite du Rhin.
– Le gouvernement allemand doit reconnaître sa responsabilité dans le
déclenchement de la guerre, ce qui relève d'une interprétation pour le
moins tendancieuse de l'Histoire. On lui demande qui plus est de livrer
l'ex-empereur Guillaume II (alors en exil) pour le juger comme criminel
de guerre ainsi que quelques autres hauts responsables.
– Enfin, l'Allemagne est astreinte à de très lourdes «réparations»
matérielles et financières. Le montant final en sera fixé après la
signature du traité de Versailles, en 1921, à 269 milliards de mark-or.
C'est plus qu'une année du revenu national de l'Allemagne. L'économiste
britannique John Maynard Keynes, qui recommandait de ne pas aller au-delà
de 70 à 80 milliards pour ne pas compromettre la reconstruction de
l'économie allemande et les échanges internationaux, démissionne de sa
fonction d'expert à la conférence.
«L'Allemagne paiera !» répondra plus tard Clemenceau à qui l'interpellera
sur les difficultés de la reconstruction de la France. Dans les faits,
l'incapacité (et la mauvaise volonté) de l'Allemagne à payer les
réparations seront à l'origine de graves crises financières et politiques
dans l'ensemble de l'Europe.
– Le traité de Versailles prévoit par ailleurs la création d'une Société
des Nations pour le règlement des conflits à venir, selon les généreux
principes du président américain.
Très dur et injuste à bien des égards, le traité de Versailles ne sera
qu'en partie appliqué et suscitera un très vif ressentiment chez les
Allemands.
Amitiés Légio More Majorum
Daniel
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