Kalimera
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Re
: Vers le Mexique.
« Répondre #6 le: Janvier 08, 2007,
03:44:59 »
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Régiment étranger au Mexique (1863)
Le Régiment étranger n’avait toujours pas été envoyé au Mexique. Le 15
août 1862, les légionnaires fêtaient la Saint Napoléon. Les soldats
avaient décoré la caserne de Siddi Bel Abbès de feuillages et de
guirlandes, et ils attendaient maintenant, chantant et buvant, que le
colonel de la caserne vint boire un verre à la santé de l’Empereur, avant
de passer à table, comme le voulait la tradition. C’est le sous-
lieutenant de Diesbach qui nous décrit la scène. Fiers de leurs multiples
combats, de nombreuses pancartes étaient accrochées aux fenêtres, portant
comme inscriptions les faits d’armes et les campagnes du régiment :
l’Algérie, la Crimée, l’Espagne, etc. Une seule de ces pancartes était
restée vierge. Le colonel Pierre Jeanningros, entouré de ses officiers,
demanda pourquoi rien n’était inscrit sur cette pancarte.
Un de ses hommes lui répondit :
« c’est pour y inscrire la campagne du Mexique ! »
Alors, un cri retentit dans la caserne :
« partons pour le Mexique! »
L’enthousiasme de ces légionnaires était parfaitement compréhensible.
Tous étaient volontaires, s’ils avaient signé un engagement, c’était pour
se battre ! La légion aspirait donc naturellement à participer à ce
conflit qui avait de surcroît mal débuté pour les forces françaises.
Cependant, le gouvernement français n’avait toujours pas fait appel à son
corps d’élite, alors que le conflit avait commencé depuis la fin de
l’année dernière. Les légionnaires décidèrent donc de transmettre à
l’Empereur une pétition, lui rappelant ainsi leur goût du combat (cette
démarche était considérée à l’époque comme fort peu respectueuse.). Le
Régiment fût entendu, bien que certains officiers fussent punis pour leur
arrogance. Le colonel Jeanningros, commandant la Légion à cette époque,
reçut l’ordre de départ en janvier 1863. 2 000 légionnaires seulement
partiraient pour le Mexique. Le 9 février au matin, le Régiment
embarquait pour le nouveau monde.
La mission du Régiment étranger
Le colonel Jeanningros reçut rapidement ses ordres : assurer la voie de
communication allant de La Tejeria à Chiquihuite.
Les officiers, Jeanningros y compris, étaient déçus de la mission qu’on
leur confiait. Ces derniers se voyaient déjà à Puebla, prêtant main-
forte aux troupes du général Forey. La déception était d’autant plus
grande que la ville de Puebla, située sur le plateau de l’Anahuac (haut
de 2000 mètres) , était à l’abri des ravages causés par le vomito negro,
car localisée dans les Tierras templadas (ou terres tempérées.). A
contrario, les légionnaires devraient opérer en plein dans les Tierras
calientes, les terres chaudes.
Le Mexique est un pays situé en zone tropicale. Cependant, le pays étant
très nivelé, le climat change selon l’altitude du terrain. Les terres
ayant une altitude comprise entre 0 et 700 mètres étaient appelées
Tierras calientes. Cette zone est humide, la température y est
constamment élevée. Les marécages, alimentés par les pluies
torrentielles, amènent quantité de miasmes, qui eux même apportent les
pires maladies. Ce territoire, dont la surveillance avait été confiée au
Régiment étranger, est insalubre pour les Européens. Au delà viennent les
terres ayant une altitude comprise entre 700 et 1 600 mètres ; les
Tierras templadas. Le climat est sain et la température reste toujours
comprise entre 20 et 25 degrés. Viennent ensuite les Tierras frias, les
terres froides, d’une altitude comprise entre 1 600 et 3 200 mètres.
Enfin, les terres gelées sont situées à plus de 3 200 mètres du niveau de
la mer.
Les légionnaires se divisèrent pour occuper les points importants de la
route ; Vera Cruz, La Soledad, Paso del Macho, Chiquihuite. Mais à
Puebla, l’armée de Forey était encore tenue en échec par les rebelles
mexicains. Ce n’est que le 29 avril que le colonel Jeanningros apprit
qu’un important convoi de munitions à destination de Puebla était parti
de La Soledad le 14 avril. Ce convoi, composé de 60 voitures et de 50
Mulets, était à 50 kilomètres de Chiquihuite. Comme nous l’avons vu, il
transportait des pièces de sièges, des munitions, des vivres, ainsi que
quatre millions en pièces d’or. Il y avait donc de grandes chances pour
qu’il soit attaqué.
Quelle attitude Jeanningros devait il prendre ? Partir de Chiquihuite
était impossible, la place étant d’une importance stratégique trop
grande. Laisser le convoi sous la protection des deux compagnies venues
l’escorter depuis La Soledad était insuffisant, bien qu’une troisième
compagnie était disponible à Paso del Macho. Jeanningros décida d’envoyer
une compagnie en reconnaissance ; c’était au tour de la 3° compagnie de
marcher. Cependant, cette dernière, à cause du climat des tierras
calientes ne pouvait plus aligner que 62 hommes. De plus, le capitaine de
cette compagnie, le capitaine Cazes, n’était pas disponible (il
commandait le poste de Medellin.). Le seul officier restant de cette
compagnie était le lieutenant Gans, qui était malade. Le capitaine Danjou
se porta volontaire pour prendre le commandement, accompagné des
sous-lieutenants Clément Maudet (porte- drapeau.) et Jean Vilain.
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