koufra
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Viens
douce mort, viens!"
« le: Juillet 05, 2006, 10:52:17 »
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« Fritz Meyer lit Signal allongé sur un tas de
paille. Plusieurs jours après le débarquement, sa division a rejoint la
Normandie.
Durant toute la semaine, ses compagnons et lui ont livrés de durs combats
à l’ouest de Caen afin de retarder l’avancée des troupes Canadiennes.
Bien que simple SS man et n’étant pas un fin stratège, laissant cela aux
< Faisans dorés > comme ils surnomment les généraux, il est
persuadé que l’ordre de marche de son unité est arrivé beaucoup trop
tardivement.
« On aurait pu les repousser à la mer ! » Ne
cesse-t-il de répéter à qui veux l’entendre.
Son régiment a prit position à l’Abbaye d’Ardenne à quelques kilomètres
de la capitale Normande.
Chaque ferme, chaque maison, chaque botte de paille, est devenue un nid
de résistance.
L’état-major de son unité est en position dans l’Abbaye et le clocher
sert de poste d’observation. De là haut il est aisé de suivre le
mouvement des blindés ennemis et le colonel Meyer « Panzer Meyer » a su en
tirer profit.
Il n’a aucun lien de parenté avec Fritz mais ce dernier n’est pas peu
fier de porter le même patronyme que le patron du régiment de Panzer
grenadier de la division.
A dix-sept ans il fait déjà office d’ancien
combattant. Engagé très jeune dans la HitlerJugend, la suite évidente de
son parcours fut logiquement l’armée. Jugé trop jeune pour s’enrôler dans
la Wermacht il se tourna vers les SS qu’il considérait comme la meilleure
armée. Mieux équipés, mieux armés et surtout mieux entraînés et
commandés, les hommes des Waffen SS volaient de victoires en victoires.
Les batailles de Koursk et de Kharkov finirent par le conforter dans son
choix.
Affecté à la 12ème SS, appelée par les Anglais la baby division à cause
de la moyenne d’âge peu élevée des combattants, il était maintenant
content de passer à l’action, prêt à suivre l’exemple de ses illustres
aînés.
Bien calé dans sa botte de paille, son magasine entre les mains, il se
voyait officier à la tête d’un régiment de chars Panther, menant ses hommes
au combat.
Il ne se faisait pas d’illusion pourtant sur la
suite de sa carrière, il ne pourrait jamais faire Bad Tölz, la célèbre
école qui formait les officiers de son arme.
Sa décision de rentrer dans les Waffen ss avait été mal acceptée par sa
famille. Pour elle, la seule armée du Reich devait être la Wermacht,
seule héritière des gloires militaires passées.
Il avait expliqué à sa mère qu’il allait faire partie de l’élite des
combattants et qu’elle ne devait surtout pas faire l’amalgame entre les gardes
chiourmes des camps et la Gestapo et son unité. Bien qu’ils portassent
tous les deux les Runes SS, il n’y avait rien de commun.
Lui était un soldat qui était fière d’être dans la première armée
Européenne où il côtoyait aussi bien des Français, des Anglais, des
Norvégien, des Belges et bien d’autres.
Il n’avait pas déclaré la guerre aux peuples frères, il laissait les
affaires politiques aux civils mais il était militaire et il entendait
bien faire son devoir.
Déjà décoré de la croix de fer de seconde classe, il enviait son camarade
Otto qui lui portait en plus celle du corps à corps.
En traversant les villages Normands, il avait sentit l’hostilité des
villageois qui voyaient d’un très mauvais œil l’arrivée de cette troupe
de soudards à la réputation malsaine.
Il avait bien entendu parlé d’exactions commises par des membres de
la SS, il y avait des brebis galeuses dans toutes les armées et
souhaitait vivement le châtiment des coupables.
La division Das Reich en était un triste exemple et ils devaient,
eux, supporter le poids de cette infamie.
Il montrerait à ces Canadiens qu’il savait se battre, qu’ils viennent…
Du haut du clocher de l’Abbaye, le StandartenFührer Meyer regardait à la
jumelle le mouvement des troupes ennemies. Il ne décela rien d’anormal,
le front paraissait calme ; Il reporta le regard à l’opposé en direction
de la route Caen-Falaise. Droite comme un i, la nationale 158 coupait la
vaste plaine de Caen en deux jusqu’à Potigny.
Ses compagnies étaient disséminées dans les fermes
des villages alentours et il était en permanence en contact radio avec
leur commandant.
Il est en conversation avec un de ses plus fameux chefs de chars, le
Hauptsturmfürher Michael Wittmann qui a à son actif 138 chars et plus de
cent pièces anti-chars détruits.
Loin de toutes ces considérations tactiques qui réunissaient les chefs de
bataillons, Fritz entendait profiter pleinement de ces quelques heures de
repos, si il n’y avait cette pluie incessante depuis juin, il serait
presque bien.
Les alliés en ont décidés autrement, ce soir du 7
juillet, ils préparent une attaque qui devrait leur permettre de libérer
Caen par la force de 3 divisions canadiennes et britanniques.
2500 tonnes de bombes s’abattent sur le nord de la ville, obligeant le
régiment de Meyer à trouver refuge au sud.
Le 8 au matin les 3 divisions blindées alliées
occupent le nord mais la 12ème ss et la 272 div. réussissent à tenir la
partie de la ville située au sud de l’Orne.
Fritz a vu l’enfer, parmi les explosions des bombes et les immeubles qui
s’écroulaient, il pensait bien ne jamais en sortir vivant.
A l’aube, il se trouve à proximité de Louvigny avec
sa compagnie de panzergrenadieren.
En ce matin de juillet, après les fortes pluies de ces derniers jours, un
épais brouillard s’élève du sol, comme si la terre, saturée d’eau,
voulait rendre au ciel ce qu’elle ne pouvait conserver.
Partout, des corps mutilés, méconnaissables,
certains dans des postures obscènes, les tripes à l’air, éventrés,
cassés, disloqués. Une masse attire l’attention de Fritz, un soldat à
genoux, les mains jointes comme dans une ultime prière, la tête renversée
comme semblant implorer les cieux qui lui ont fait tant de mal.
Il reconnaît son ami Otto, si courageux, son copain
de galères et de fêtes, il ne reverra jamais sa fiancée et son cher pays
pour lequel il lui a sacrifié sa vie.
Non, la mort n’est pas belle, il n’y a que les films de propagande et les
cartes postales allégoriques pour montrer une approche de la mort
différente.
Fritz se recroqueville un peu plus dans son trou, il ne veut pas finir
comme cela, il a encore tellement de chose à faire.
Aux alentours de
Pouligny, là où le régiment s’est replié, le StandartenFührer a redéployé
son dispositif. Il a deviné l’intention de anglo-canadiens, occuper les
routes au sud de la ville.
Postées de chaque côté de la nationale, les compagnies attendent
l’attaque imminente des blindés.
Un immense HauptsharFûhrer apporte à ses hommes des panzerfaust, arme
anti-char, mais ne pouvant servir qu’une seule foi, il était impératif de
faire mouche du premier coup.
Fritz dispose les trois qu’on lui a donné à portée de main, dans un trou
voisin un homme chantonne : Viens douce mort, viens ! »"
In memoriam
Amicalement
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