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La Grenade Légion

 

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Auteur

Sujet:  IL Y A 47 ANS L'EXIL

 

Popodoran
Observateur.
*

  IL Y A 47 ANS L'EXIL
« le: Aout 8, 2009, 21:44:02 »

 


IL Y A 47 ANS L'EXIL

Document transmis par José Castano. * Une page d’histoire… IL Y A 47 ANS… L’EXIL          Il y a 47 ans, nous en étions à verser des larmes de sang… Le cessez-le-feu avait été proclamé le 19 mars, l’ennemi [...]

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Journalisée

José CASTANO
Observateur.
*

  IL Y A 47 ANS L'EXIL
« le: Aout 10, 2009, 17:18:29 »

 


IL Y A 47 ANS… L’EXIL

 Il y a 47 ans, nous en étions à verser des larmes de sang… Le cessez-le-feu avait été proclamé le 19 mars, l’ennemi d’hier devint l’interlocuteur privilégié de l’Etat français et ce fut la fin… une fin que nous ne pouvions imaginer ainsi… La fin d’une épopée, la fin d’une civilisation, la fin d’un mythe. C’était pour nous la fin du monde, mais c’était surtout la fin d’un monde… né dans la peine et la souffrance, qui avait vécu dans le bonheur et dans la joie et qui mourrait dans le désordre, la corruption et la haine.

L’Algérie était devenue un pays sans foi ni loi, où la pitié n’existait plus. Elle était perdue, saccagée, agonisante. Son cœur avait beaucoup trop battu, souffert, espéré, désespéré, à travers des foules dont on réglait les houles, commandait les tempêtes pour des vertiges tricolores. Trop de larmes et trop de sang. Les jardins se taisaient, les rues se vidaient, des bateaux s’en allaient… L’heure de l’arrachement et de la greffe venait de sonner pour tous.

         Une nouvelle fois le drapeau tricolore fut amené ; une nouvelle fois, l’armée française plia bagages poursuivie par les regards de douleur et de mépris et les cris de tous ceux qu’elle abandonnait. Le génocide des harkis commençait…

         Dans le bled –comme en Indochine- les Musulmans qui avaient toujours été fidèles à la France s’accrochaient désespérément aux camions et, à bout de force, tombaient en pleurant dans la poussière de la route. Ce sont là des images que seuls ceux qui ont une conscience ne pourront de sitôt oublier…

         Ainsi, 132 ans après son épopée, l’Armée d’Afrique disparaissait avec l’Empire qui était sa raison d’être… L’Armée d’Afrique !… Le terme sonnait aujourd’hui comme une outre vide. Il était difficile de le prononcer sans rire… et sans pleurer. Tout s’était passé comme si son destin eût été accompli le jour où la métropole fut libérée par elle et q’elle n’eût plus qu’à disparaître.

         Que ce fut aux aérodromes ou aux ports, le spectacle était le même. Nous attendions des jours et des nuits dont nous ne savions plus le nombre, sous le soleil des midis et les silences de la nuit, parqués comme du bétail, sans ravitaillement, conscients de ce qu’il y avait d’intention de nous punir encore dans ces avions mesurés et ces bateaux refusés.

La Croix Rouge ? Aucune trace… En revanche, les transistors annonçaient qu’à la frontière algéro-marocaine, près d’Oujda, des camions de la Croix-Rouge internationale avaient été pris en charge par le Croissant-Rouge pour venir en aide aux « pauvres réfugiés algériens » qui s’apprêtaient à rentrer chez eux…

Quand enfin un bateau accostait sur les quais, c’était aussitôt la panique… cependant, qu’à bord, nous ne demandions plus rien. Nous nous affalions, prostrés, et contemplions, silencieux et amers, une dernière fois les contours de notre terre. Nous pensions que nous avions regardé ce paysage maintes et maintes fois, animés d’une confuse espérance d’événements nouveaux, émouvants, romanesques dans notre vie… que nous allions nous en éloigner pour ne plus jamais revenir… qu’il ne s’était rien accompli de miraculeux et que, de cette indifférence de la destinée, notre cœur restait endolori.

         Nous voulions nous imprégner une dernière fois de cette vision qui avait été le cadre de notre enfance, nous souvenir de chaque mot, de chaque geste, pour être enfin dignes de nous envelopper du linceul immuable des choses définitives. Nous entrions en exil par de honteuses poternes, traînant derrière nous, comme un fardeau et un tourment, le manteau d’apparat de nos souvenirs rebrodés de mirages.

         L’Algérie, tant servie, tant chantée, tant aimée ; c’était le passé de bonheur, d’héroïsme et d’espérance, et ce n’était plus, en cet instant tragique, que le désespoir de milliers de cœurs calcinés au fond de milliers de poitrines humaines. Et nous étions seuls, face à l’échec, face au passé et à l’avenir, submergés par la peine et l’amertume, seuls au bord d’un gouffre, au bord du néant où finissent en fin de compte toutes les colères, les rêves et les révoltes des hommes… où se consument les noces stériles de l’amour et de la haine.

Nous attendions l’instant où serait levée l’ancre, celui où l’on sortirait du port, l’instant où, dans la brume et les larmes, s’évanouirait enfin la lumineuse vision de la terre d’Algérie.

         Un barrissement lugubre, le grincement d’une chaîne que l’on remonte et déjà le navire qui déhale lentement. Des femmes pleuraient en silence ; des hommes serraient les poings et les mâchoires… La déchirure de leur âme était profonde ; se cicatrisera-t-elle jamais 

Accoudés à la rambarde du navire qui s’éloignait, impassible, sous l’épreuve de la torture, nous dardions nos regards voilés de pleurs vers cette vision magique de l’Algérie, vers les cimes violettes des montagnes. L’horizon de notre beau pays reculait sans cesse au fond de l’espace et du temps et nous sentions approcher le chagrin qui déborde, éclate et se répand comme un fleuve qui a crevé ses digues.

C’était une sourde rumeur grossissante qui semblait nous monter de la poitrine à la gorge, et qui se portait aussi sur la vue qu’elle brouillait un peu plus. Car le fait lui-même n’est presque rien en comparaison de son retentissement : l’arrachement dans la douleur, l’adieu, et la côte qui disparaît… disparaît ; c’est à présent que cela pénètre et opère son ravage !

A la proue du navire, le nez dans la brise, un homme chantait. On entendait faiblement les paroles ; c’était un air lent, nostalgique, déchirant, qui se répétait toujours et qui se prolongeait en mourant, avec des ondulations traînantes : « Hay péna, pénita péna, péna… »    

Cela s’en allait doux et triste sur la mer, comme dans une âme un souvenir confus qui passe… et les bateaux s’éloignèrent ainsi, accompagnés de sanglots qui leur faisaient la conduite et qu’on eût pris pour la cantilène des chameliers poussant leurs bêtes.

Que de larmes grossirent la Méditerranée ! Que de chagrin emportèrent ces navires !…

         Nous partîmes ainsi, chassés de notre terre, de nos maisons, le cœur broyé par le chagrin, retournant une dernière fois la tête, sur la route de l’exil et, regardant, les larmes aux yeux, pour un dernier adieu, ce qu’avait été notre bonheur, cet adieu qui allumait aux paupières des larmes de sang, cet adieu définitif qu’il nous fallait goûter amèrement et dont le souvenir nous poursuivrait toujours.

         Là-bas, déjà, le jour mourait en flammes au-dessus du cher pays de notre enfance. Un silence profond s’élevait emportant là-haut, tout là-haut, les souvenirs à jamais enfouis, dans la tranquillité des milliers de crépuscule d’été

                                                                                  José CASTANO

e-mail : joseph.castano0508@orange.fr

Rappel : Pour se désabonner :  Faites « répondre » et tapez « NON »

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 Suite au communiqué relatif à l’implication malencontreuse de l’adjudant chef FONTAINE dans l’incendie des hauts de Marseille survenu lors d’une séance de tirs, une chaîne de solidarité à nulle autre pareille s’est spontanément mise en place. C’est ainsi que nous avons reçu, avec Monique GAGEAN, un nombre impressionnant de messages de sympathie et d’encouragements –parfois très émouvants- qui, s’ils s’adressent à notre camarade, mettent également en exergue l’attachement sans borne que leurs auteurs vouent à la Légion.

Que tous les anonymes, les « petits », les « sans grade » trouvent là l’expression de notre profonde gratitude. Un grand MERCI également aux amicales d’anciens de la Légion étrangère pour leur formidable mobilisation, à celles de l’Union Nationale des Parachutistes qui ont fait montre d’une solidarité exemplaire et celle des sous-officiers Marsouins du RICM qui ont tenu à démontrer, dans cette épreuve, leur fraternité d’armes.   J.C

« La mort n’est rien. Ce qui importe, c’est l’injustice » (Albert Camus)

 Lettre du Commandant Constantin LIANOS au Maire de Marseille - cliquez

http://www.monsieur-legionnaire.org/pdf/11150_du_31072009_Lettre%20a_Monsieur_J.C_GAUDIN.pdf

 A l’initiative de Monique GAGEAN (qui a été à l’origine de cette campagne d’information et de solidarité), un comité de soutien à l’A/C Fontaine a été crée. Renseignements : monique.gagean@wanadoo.fr

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 Un petit coup de pouce à nos amis…

  

Conférence sur la Légion étrangère :

 « LES SEIGNEURS DE LA GUERRE »

 - De l’Indochine à l’Algérie, la Légion étrangère au combat

- L’Odyssée et la fin tragique du 1er Régiment Etranger de Parachutistes en Algérie.

 qui sera donnée par José CASTANO, le Samedi 22 Août, 16h, Mas de l’îlle – Bd des Rois de Majorque (Sortie 12 de la voie rapide) - 66420 - PORT BARCARES – dans le cadre du 3ème Salon du Savoir Faire Pied-Noir.

http://www.nationspresse.info/?p=47070

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 3ème SALON DU SAVOIR FAIRE PIED-NOIR

21, 22 et 23 Août 2009 Mas de l’Ille – Bd des Rois de Majorque (Sortie 12 de la voie rapide) 66420 - PORT BARCARES

Organisé par l’USDIFRA – Tel. 06.82.22.75.65 – 06.09.78.58.92 –

04.94.33.68.38 – 04.68.86.13.62

e-mail : contact@pied-noir.eu   ou   gabriel.mene@wanadoo.fr

 Programme complet en cliquant sur le lien : http://www.pied-noir.eu/

        Entrée gratuite.

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 «  Les petits échos de l’Echo d’Oran » - e-mail : daniele.lopez@free.fr

 

http://echodupays.kazeo.com/COUPS-DE-GUEULE/LETTRE-OUVERTE-A-J-C-GAUDIN-MAIRE DE-MARSEILLE,a963043.html

Vous pouvez copier-coller la lettre et l'envoyer à Gaudin sur ce lien.
https://www.mairie-marseille.fr/sitevdm/jsp/site/Portal.jsp?page=contact&id_contact_list=2&page_id=1

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 Samedi 29 Août, à PARIS : Rassemblement national des Harkis : http://www.resistance-harki.com/article-34364449.html

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5 Juillet 2009 au cimetière de BEZIERS : http://www.babelouedstory.com/thema_les/disparus/2038/2038.html

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 De : popodoran.canalblog.com  -  e-mail : rprp@free.fr

JUIN 1962 LE PORT D'ORAN EN FEU – Cliquez sur : Lire la suite

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 http://notrejournal.info/journal/ - Annick Réjany (Kirliane) – e-mail : kirliane@cegetel.net

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http://mauvaisegraine.rmc.fr/ _ e-mail : olivier.cazeaux@free.fr

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Création d’un Cercle algérianiste en Alsace. Contact : Nicole DELAIRE-CARATERO – Tel. 03.89.39.28.03 – e-mail : nicole.caratero@sfr.fr

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La Légion étrangère

Sur la terre imprégnée du sang des légionnaires, le soleil ne se couche jamais

http://www.fanion-vert-rouge.info

http://www.fanion-vert-rouge.info/liens/page_liens.htm 

http://www.fanion-vert-rouge.info/archives_info/page_archives_infos.htm

http://www.fanion-vert-rouge.info/les_plus/chants_legion/juke_box_chants.htm

e-mail : morwan@gmail.com

 Et aussi :

http://www.legionetrangere-kepiblanc.com/index.php

http://www.legion-etrangere-munch.com

http://www.legionetrangere-kepiblanc.com/jose-castano.php

 e-mail : jpmunch@hotmail.com

     Et encore :

http://historia-legio.forum-actif.eu/le-bar-de-l-ancien-f47/les-moines-d-algerie-t1598.htm#12809

http://historia-legio.forum-actif.eu/portal.htm

http://historia-legio.forum-actif.eu/rflexions-f36/

http://historia-legio.forum-actif.eu/historique-f35/

e-mail : dwnvg@brutele.be

 

La Grenade Legion.

http://grenade.belgicasud.org/index.php

e-mail : trousson.yves@skynet.be

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 Deux livres pour l’été…

                                                           Roger HOLEINDRE

 « L’homme qui faisait se battre les Français entre eux »

                                               (Histoire du Gaullisme)

 A quinze ans, en août 1944, lors de l’évacuation de Paris par les troupes d’occupation, il enlève aux Allemands, seul, deux mitrailleuses jumelées. A seize ans et demi, il part, pour la première fois, pour l’Indochine où il est engagé à la 1ère Division Navale d’assaut. De retour en France, il se porte volontaire pour la Corée, mais n’ayant pas l’âge requis, ne sera pas admis au corps expéditionnaire. C’est alors un deuxième départ pour l’Indochine où il servira à la 1ère Demi-brigade de Commandos Parachutistes. Il fera en tout, trois séjours en Indochine.

Après Dien-Bien-Phu, il rejoint l’Algérie où il se distingue au 8e Régiment de Parachutistes Coloniaux. Deux fois blessé, cinq fois cité, il est décoré de la Médaille militaire. Grièvement blessé, il est démobilisé et s’installe à Tébessa où il se consacre à la jeunesse musulmane, crée une maison de jeunes et anime l’éducation et les loisirs de quatre cents jeunes Musulmans. Pour cette activité, et bien que civil, il est cité (cas tout à fait exceptionnel) « à l’ordre de l’Armée » pour son action sociale envers la population autochtone. Il est l’un des premiers à rejoindre l’OAS, et crée le maquis Bonaparte dans le Constantinois, avec des jeunes Pieds-Noirs et des jeunes Musulmans. Arrêté, emprisonné, il s’évade, continue la lutte, et est à nouveau arrêté. Il sera lourdement condamné pour « crime de fidélité », et ne sera pas libéré avant trois années. Roger Holeindre est actuellement Président du Cercle National des Combattants.

Après son anthologie sur l’histoire du Parti communiste français, « Trahisons sur commande », il signe là le deuxième volet de sa trilogie consacrée à la deuxième moitié du XXe siècle. Une fois de plus, acteur, témoin et narrateur libre, il s’engage sur des chemins très éloignés du politiquement correct, au plus près de la vérité et fait tout à la fois œuvre d’historien et de journaliste. Il abat dans ce livre la statue d’une des plus grandes impostures de ces soixante dernières années : le Gaullisme…

704 pages – Prix public : 29 Euros.

Disponible auprès de toute librairie, sur commande ou chez le diffuseur EDH, BP 2, 27290 Pont-Authou (34 Euros, franco de port). Paiement en ligne disponible sur le site : www.editions-heligland.fr

Anciens combattants d’Algérie, adhérez au C.N.Ce-mail : cerclenationalcombattants@orange.fr

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José CASTANO

 « VERITĒ » - La tragédie de l’Algérie française  –

- Le siège de Bab-el-Oued – Alger : 26 Mars 1962… La tragédie – Le martyr des harkis – Oran : 5 Juillet 1962… Le génocide – L’assassinat du lieutenant Roger Degueldre – Les disparus de 1962 – Katz… Criminel de guerre.

Le poids des mots… Le choc des photos. Indispensable pour faire connaître la Vérité.

Prix : 15 euros, franco de

 

 

Journalisée

José CASTANO
Observateur.
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Suite  IL Y A 47 ANS L'EXIL
« Répondre #3 le: Septembre 08, 2009, 13:49:01 »

 


Notre mémoire II…

 

            Vous avez été nombreux à m’exprimer votre ressenti suite à l’article « Il y a 47 ans… l’EXIL ». Il en a résulté beaucoup d’émotion, de chagrin, de nostalgie et de rancœur… Nombreux aussi sont ceux qui ont émis le désir de voir une suite à ce drame car, à celui du départ, allait s’ajouter –tout aussi dramatique- celui de l’arrivée en France Cet article est dédié à tous ceux qui ont connu les affres de cet exode. Qu’ils n’oublient jamais ! Pour revoir l’article sur « l’Exil », cliquez sur : Lire la suite

 

… ET ILS NOUS ONT ACCUEILLIS AVEC DES CRIS DE HAINE

 

 

            … Peu à peu, le soleil, pareil à une meule incandescente, émergea des flots. Tout autour du navire, les eaux soyeuses tournoyaient lentement, en vastes cercles concentriques qui s’évanouissaient à la limite extrême de l’horizon. Un haut parleur annonça bientôt que l’on apercevait les côtes de France. Mal réveillés, ils montèrent tous sur le pont. Sous le ciel gris, la côte paraissait noire. Des oiseaux de mer passaient au-dessus du bateau en poussant leurs cris aigus.

            Ils étaient tous là, serrés les uns contre les autres, appuyés à la rambarde. Le paradis dont ils avaient tellement rêvé, enfant, à travers les pages d’un livre de géographie approchait lentement et déjà ils n’en voulaient plus. Ils rêvaient à un autre paradis perdu : l’Algérie ; c’est à elle qu’ils pensaient tous à présent. Ils n’étaient pas les frères douloureux qui arrivaient pour faire panser leurs blessures, mais des étrangers. En eux remontaient des aigreurs. Le regret de ce qui n’était plus suffisait à faire revivre ce qui aurait dû être…

            Ce qu’ils avaient laissé « là-bas », c’était avant tout cette part d’insouciance qui les faisait chanter et rire. En foulant pour la première fois le sol de la France, ils apprendraient brutalement la signification du mot « demain » dans une situation que personne n’avait pu prévoir et le qualificatif de « Rapatrié » serait apposé à chacun d’eux. C’était une manière comme une autre de les déposséder à tout jamais de ce sol qui les avait vus naître, de leur dire que jamais il n’avait été leur patrie. Et l’angoisse les étreignait car déjà la presse progressiste et bon nombre de politiques les avait condamnés. C’est ainsi que « l’Humanité » du 6 Janvier 1962 parlait d’eux en ces termes « Ils ont une drôle d’allure ces passagers en provenance d’Algérie » et « La Croix » du 24 Février recommandait au sujet des jeunes rapatriés qu’il fallait « éviter de laisser notre jeunesse se contaminer au contact de garçons qui ont pris l’habitude de la violence poussée jusqu’au crime ».

Robert Boulin, secrétaire d’Etat aux rapatriés, avait déclaré le 30 Mai 1962 au Conseil des Ministres : « Ces sont des vacanciers. Il n’y a pas d’exode, contrairement à ce que dit la presse. Ce sont bien des vacanciers, jusqu’à ce que la preuve du contraire soit apportée »… tandis qu’au nom du Parti communiste, M. Grenier s’indignait de la réquisition d’une colonie de vacances pour les « saisonniers »… Le 5 Juin, par l’entremise de « l’Humanité », François Billoux, député communiste, conseillait au Gouvernement de loger les rapatriés « dans les châteaux de l’OAS », ajoutant : « Ne laissons pas les repliés d’Algérie devenir une réserve de fascisme ».

            Lorsque ces nouveaux « vacanciers » débarquèrent, ils découvrirent aussitôt que le malheur ce n’était pas propre, pas beau à voir. Partout de lamentables cargaisons humaines où les matelas mal ficelés côtoyaient les cages à canaris. Des hommes, des femmes, des vieillards, dépenaillés, hirsutes, démoralisés, souffrants, la marche pesante, le découragement dans l’âme, tandis que les mamans étaient tiraillées en tous sens par leurs enfants qui pleuraient et poussaient des cris. On ne voyait plus que la morne lassitude des silhouettes courbées sous des charges hâtivement nouées qui donnaient l’impression d’avoir emporté, là, la part la plus précieuse du foyer. Mais la part la plus précieuse, en réalité, nul n’avait pu l’emporter avec soi, parce qu’elle dormait dans l’ordonnance des murs et dans la lumière qui baignait les paysages où s’étaient allumés les premiers émerveillements de l’enfance… on n’enfermait pas les souvenirs, le soleil et la mer dans une valise !...

            Certains arrivaient dans un état de dénuement physique et matériel invraisemblable… Misère vestimentaire, délabrement… Il s’élevait de ce troupeau une rumeur faite non de cris mais de sanglots, de paroles qui revenaient en leitmotiv : faim, soif, dormir et surtout, Misère… Misère…

Où étaient donc ces riches colons ? Ces exploiteurs de la misère arabe ? Ils étaient seuls désormais et ils n’en pouvaient plus.

            Pour les accueillir, point de « cellules d’accueil »… mais un imposant « service d’ordre » qui avait pour mission essentielle de procéder à un « filtrage » des éventuels suspects (entendez-par là, les membres de l’OAS). Des chefs de famille qui avaient eu le malheur de voir leurs noms mentionnés sur les fiches de police étaient, sans la moindre humanité, arrachés à leurs épouses et à leurs enfants, déjà singulièrement éprouvés par ce cruel destin et, jugés aussitôt tels des criminels, allaient remplir les prisons françaises encore imprégnées de l’odeur des tortionnaires du FLN que l’on venait, en hâte, de gracier. Quelle affliction que de se voir ainsi arraché aux siens à un moment où on a tant besoin de la présence d’un père et d’un époux. Quel cruel spectacle que celui-là ! Ils avaient tous besoin de l’Armée du Salut… on leur envoya les R.G, les C.R.S et les gardes mobiles…

            Les pieds nus dans des babouches, un homme ouvrait un pardessus à chevrons : il n’avait que son pyjama dessous. Il se tordait les mains et racontait, la voix brisée par l’émotion, que sa fille avait été enlevée, le matin même du départ. Comme il avait perdu son dentier, on comprenait mal son récit et l’on entendait :

-          Elle criait : « Me laisse pas, papa… me laisse pas ! »

Mais qu’est-ce que je pouvais faire ? Ils me tenaient. Ils me tenaient je vous dis… criait le pauvre homme en éclatant en sanglots

« Mon Dieu, mon Dieu », répétait une femme en se signant.

A quelques pas, une dame effondrée racontait au personnel chargé de l’orientation des réfugiés :

- Moi, je ne voulais pas partir, Monsieur. Je savais bien ce que ça serait. Je me disais : « Il n’y a qu’à attendre ». Je ne sortais plus. Juste pour les commissions. Je croyais que ça allait se calmer. Puis les deux locataires du premier sont partis. On n’est plus restées qu’avec Madame Ramon, dans la maison. Le soir, on mangeait l’une chez l’autre, pour se tenir compagnie, pour parler. Et puis, l’autre matin, quand je suis revenue du marché, elle était dans l’escalier, allongée, plein de sang partout, avec sa tête en arrière qui tenait plus que par le chignon. On avait tout chamboulé chez elle. Qu’est-ce que je vais devenir Monsieur… qu’est-ce que je vais devenir ?...

C’était la litanie de la débâcle. Tous avaient un viol à raconter, un pillage, un crime, un enlèvement dont ils avaient été témoins.

-          Et l’armée ? demanda un journaliste effaré par toutes ces horreurs.

-          Ah ouah ! Qu’elle armée m’sieur ? répondit un homme dont le visage était blême.

-          L’armée française !

-          Il n’y a plus d’armée française, m’sieur. L’autre jour, auprès de la grande poste, ils étaient dans les étages en train de frapper un Européen.

-          Qui ils ?

-     Les Arabes ! On entendait hurler. Passe une jeep avec un lieutenant français et trois soldats. Je fais signe. Ils s’arrêtent. « Vous n’entendez pas ? », je dis. « Non. Je n’entends pas, qu’il me répond le lieutenant ! Et même si j’entendais, ce serait pareil. J’ai pas d’ordre ! »

Ma parole ! Je lui ai fais un bras d’honneur. Si c’est pas malheureux. Et ça s’appelle la France, m’sieur ?

            A cet instant un homme qui écoutait la conversation s’adressa au journaliste :

- Monsieur, le drame des Français d’Algérie rejoindra dans l’histoire celui des juifs chassés et persécutés sous le nazisme. Ce sera la même honte.

            Au même moment, ce 18 Juillet 1962, dans l’indifférence générale, se tenait le Conseil des Ministres. En parlant des Pieds-Noirs (vocable que bon nombre de Français d’Algérie entendaient pour la première fois), De Gaulle déclara : « Il faut les obliger à se disperser sur l’ensemble du territoire », ce qui permit à Louis Joxe, son éminence grise, de renchérir : « Les Pieds-Noirs vont inoculer le fascisme en France. Dans beaucoup de cas, il n’est pas souhaitable qu’ils retournent en Algérie ou qu’ils s’installent en France où ils seraient une mauvaise graine. Il vaudrait mieux qu’ils aillent en Argentine ou au Brésil ».

Et des jours durant, on rencontrait dans tout le Sud de la France, notamment dans les zones maritimes, des masses de Pieds-Noirs hébétés, prostrés, embarrassés dans les enfants, les valises et les formalités, assommés de douleur et de fatigue, amers face à l’indifférence et au mépris, se perdant dans des rues qu’ils ne connaissaient pas, photographiés comme des bêtes venues d’un autre âge, avec leur visage mort, ravagé par les larmes et la douleur.

Dans les ports, c’était la désolation. Les cadres de déménagement de ces « richards », hâtivement construits en bois, étaient volontairement plongés dans la mer par les dockers de la CGT et autres gauchistes. Ceux qui avaient eu la chance d’être épargnés, étaient éventrés. Leur contenu gisait, épars, sur le sol faisant le « bonheur » des rôdeurs à l’affut de toutes ces richesses

A Marseille, un homme dont la haine pour les Français d’Algérie n’avait aucune retenue, le socialiste Gaston Defferre, allait se charger personnellement de leur accueil. Sur les bancs de l’Assemblée Nationale, il alla jusqu’à prononcer ces mots infâmes : « Il faut les pendre, les fusiller, les rejeter à la mer… », ajoutant qu’il ne les recevrait jamais dans sa cité. Le 26 Juillet 1962, lors d’une interview réalisée par Camille Gilles pour « Paris-presse», à la question de ce dernier : « Dans certains milieux de Marseille, on prétend que vous avez à votre disposition une police spéciale, genre « barbouzes », est-ce exact ? » Réponse : « Ce sont simplement des militants… Ils sont groupés en sections et sous-sections. Il y en a à Marseille un peu plus de 15.000 (payés par le contribuable ou par le PS ?). C’est la deuxième fédération de France et, croyez-moi, ces gens savent se battre. Aux prochaines élections et réunions électorales, si les « Pieds-Noirs » veulent nous chatouiller le bout du nez, ils verront comment mes hommes savent se châtaigner… Ce ne sont pas eux qui viendront, mais nous qui iront casser leurs réunions. N’oubliez pas aussi que j’ai avec moi la majorité des dockers et des chauffeurs de taxis ». Et à une nouvelle question du journaliste : «Voyez-vous une solution aux problèmes des rapatriés de Marseille ? » « Oui, répondra sans vergogne Defferre, qu’ils quittent Marseille en vitesse ; qu’ils essaient de se réadapter ailleurs et tout ira pour le mieux ».

 Ainsi, tenaillés entre communistes et socialistes qui leur vouaient, à l’instar de leur « maître à penser », une haine sans borne et qui, de surcroît, détenaient les rouages de la vie politique, sociale, administrative… et mafieuse, les Français d’Algérie installés à Marseille allaient connaître durant les premiers mois de leur exil, des difficultés à nulles autres pareilles…  

« Se réadapter ailleurs », c’est ce que les « Rapatriés » allaient tenter de faire en dépit des difficultés qui s’amoncelaient : précarité, chômage, logement, scolarité, santé… Cependant, dans tous les coins de France où ils étaient arrivés en masse, on en profitait pour faire monter les prix ; chambres d’hôtels et meublés affichaient complet et la nuit, beaucoup de ces malheureux se retrouvaient dans les halls de gare, remâchant un peu plus leur rancune. Les logements se faisaient rares et étaient proposés à des tarifs exorbitants, les établissements scolaires n’acceptaient plus, par manque de place, les enfants… A la vue de tant de misère, ils ne cessaient de se répéter : « Est-ce cela la France ? Cette France que nous avons tant aimée ? »… Mais la France, ce pays merveilleux des droits de l’homme, cette terre d’asile de tous les réfugiés du monde, manquait, pour la première fois de son histoire, de générosité. Elle accueillait ces pauvres gens à contrecœur, témoignant autant d’indifférence que d’hostilité. Combien de ces « rapatriés » allaient découvrir des mots nouveaux tels que « dépression nerveuse », « stress »… termes dont ils ignoraient le sens, eux, transfuges d’un pays de soleil où tout était prétexte à la fête... Combien de morts prématurés cette communauté compta la première année de son rapatriement en France !...

            Face à ce désastre humain, le gouvernement demeura de marbre. Seuls quelques élus locaux réagiront humainement avec des moyens limités et quand Alain Peyrefitte, pris de remords, exposera au « général Président », le 22 Octobre 1962, « le spectacle de ces rapatriés hagards, de ces enfants dont les yeux reflètent encore l’épouvante des violences auxquelles ils ont assisté, de ces vieilles personnes qui ont perdu leurs repères, de ces harkis agglomérés sous des tentes, qui restent hébétés… », De Gaulle répondra sèchement avec ce cynisme qu’on lui connaissait : « N’essayez pas de m’apitoyer ! »… On était bien loin du « C’est beau, c’est grand, c’est généreux la France ! »…

            Et c’est ainsi que, des années durant, les Français d’Algérie promèneront leur mélancolie à travers cette France égoïste et indifférente qui, sans se soucier des martyrs, aura laissé égorger les vaincus…

                                                                                                                     

                                                                                                                                                                                                                               José CASTANO

                                                                                                                                                                                                         e-mail : joseph.castano0508@orange.fr

           

Rappel : Pour se désabonner :  Faites « répondre » et tapez « NON »

 

 

Conférence sur la Légion étrangère

 

« LES SEIGNEURS DE LA GUERRE »

 

- De l’Indochine à l’Algérie, la Légion étrangère au combat

- L’Odyssée et la fin tragique du 1er Régiment Etranger de Parachutistes en Algérie.

qui sera donnée par José CASTANO, le Vendredi 9 Octobre, 19h, au Clos Blancheton – rue Tony Garnier – 13470 CARNOUX EN PROVENCE – Entrée gratuite –

Un repas (facultatif) suivra. Renseignements et inscriptions au 04.42.73.30.21 ou 04.42.73.68.23 ou 06.61.86.63.50

 

« De l’Indochine à l’Algérie, le conférencier évoque le vécu, l’héroïsme et les sacrifices de ces légionnaires, Fils de France non par le sang reçu mais par le sang versé. Ces soldats-loups à la démarche souple de félins, accoutumés à la chasse et au guet, infatigables dans le chaos minéral de l’Aurès, acceptaient le défi de la guerre dans  les défilés étroits comme des pièges, sur les pitons enneigés ou brûlés par le soleil, dans l’enfer du désert où le monde mort a chassé celui des vivants. Ces hommes, « soldats pour mourir », constituaient le plus beau régiment du mode ; jalousés, admirés et vénérés parce qu’ils étaient capables de mourir avec panache en criant : « Vive la Légion ! »

… Puis il y eut le 22 avril 1961 et le soulèvement des meilleures unités combattantes dont le 1er REP était le « fer de lance »… sa dissolution et celle des plus belles unités parachutistes… l’émouvant adieu de la population de Zéralda à « ses » légionnaires… le « cessez-le-feu » et la fin tragique de l’Algérie française… Le génocide des harkis commençait

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Relativement à l’article ci-dessus, le lien suivant démontre de façon accablante le rôle joué par les communistes dans la guerre d’Algérie. Cliquez :

http://echodupays.kazeo.com/LE-PARTI-COMMUNISTE-DANS-LA-GUERRE-D-ALGERIE,r219021.html

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A propos de l’incendie des hauteurs de Marseille (suite), cliquez : http://www.nationspresse.info/?p=54025

http://www.legion-etrangere.com/

http://www.laprovence.com/articles/2009/07/15/865478-A-la-une-Des-incidents-et-des-incendies-volontaires.php

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Un petit coup de pouce à nos amis…

Le site des vétérans Français (cliquez) : www.veterans.fr

e-mail : constantin.lianos@monsieur-legionnaire.org

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http://www.algerie-francaise.org/cgi-bin/ultra/UltraBoard.pl?Action=ShowPost&Board=ddb&Post=1726&Idle=0&Sort=0&Order=Descend&Page=0&Session=lediabledudjebel.124889462938407

 

e-mail : delta_24@hotmail.fr

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http://au-bord-du-gouffre.site.voila.fr/FoutuPaysDeFrance.html

 

e-mail : noozysom@aol.fr

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www.television-pieds-noirs.com : cliquer sur un œil et remonter au lecteur pour voir la diffusion – e-mail : jeanpierre.ernst@gmail.com

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La Légion étrangère

Sur la terre imprégnée du sang des légionnaires, le soleil ne se couche jamais

http://www.fanion-vert-rouge.info

http://www.fanion-vert-rouge.info/liens/page_liens.htm 

http://www.fanion-vert-rouge.info/archives_info/page_archives_infos.htm

http://www.fanion-vert-rouge.info/les_plus/chants_legion/juke_box_chants.htm

e-mail : morwan@gmail.com

 

Et aussi :

http://www.legionetrangere-kepiblanc.com/index.php

http://www.legion-etrangere-munch.com

http://www.legionetrangere-kepiblanc.com/jose-castano.php

 e-mail : jpmunch@hotmail.com

 

                                                                                              Et encore :

http://historia-legio.forum-actif.eu/le-bar-de-l-ancien-f47/les-moines-d-algerie-t1598.htm#12809

http://historia-legio.forum-actif.eu/portal.htm

http://historia-legio.forum-actif.eu/rflexions-f36/

http://historia-legio.forum-actif.eu/historique-f35/

e-mail : dwnvg@brutele.be

 

La Grenade Legion.

http://grenade.belgicasud.org/index.php

e-mail : trousson.yves@skynet.be

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Journalisée

 


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