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La Grenade Légion

 

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Sujet: Appel reçu.  (Lu 694 fois)

 

 

P'tit Sapeur
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Appel reçu.
« le: Mai 13, 2008, 08:24:59 »

 


J'ai reçu cet appel de nos amis pieds noirs à transmetre.



Il faut faire circuler. Merci par avance.

 
Merci Tony pour tes infos, toujours utiles pour compléter mes connaissances.

Ils n'emporterons pas au paradis leurs forfaits....

Ci-joint des documents récupérés au hasard de mes échanges d'Emails, je garde certains d'entre eux, lorsque je les trouves intéressants.

La liste du 4ème RTA ayant participés à la fusillade du 26 Mars 1962, n'est hélas pas très lisible, mais en zoomant un peu on arrive à voir des noms(presque tous membres du FLN.et du MNA). Pauvre FRANCE....

Bisou


 

http://26-03-1962.info/spip.php?article70

«
L’honnêteté du Général Mesmermaillon criminel de la très longue chaîne Gaulliste assassine de l’Algérie Française. »

 Certains Français d’Algérie devraient s’en souvenir et pour les plus jeunes, apprendre l’histoire du là-bas.

Tony GARCIA


 

 

« Dernière édition: Mai 13, 2008, 08:28:01 par P'tit Sapeur »

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P'tit Sapeur
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Re : Appel reçu.
« Répondre #1 le: Mai 13, 2008, 09:05:54 »

 


Quelques Images du 26 mars pour suivre l'article si dessus.
L'armée de De Gaule, face au manifestant; il sera 14h40; ce jour la.
100 morts, et 200 bléssés est le bilan.
N'oubliez pas d'agrandir



* Liste4émeRTA26mars1962.jpg.jpg (23.82 KB, 300x218 - vu 64 fois.)

* Journée du 26 mars 002.jpg (11.17 KB, 200x145 - vu 62 fois.)

* Journée du 26 mars 003.jpg (10.37 KB, 200x145 - vu 59 fois.)

 

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kata
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Re : Appel reçu.
« Répondre #2 le: Mai 13, 2008, 09:42:51 »

 


Very Triste souvenir P'Tit Sapeur,  AngryLa rue D"Isly)
J'y etais avec mon pere et ma mere

Nous avons ete chanceux....

Nous sommes restes en vie....

Amitiees

Kata

 

 

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DIPLO
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Re : Appel reçu.
« Répondre #3 le: Mai 13, 2008, 10:08:01 »

 


Merci d'avoir pensé à ce triste anniversaire, les amis!!! Comme Kata le sait bien, j'y étais, nous avons dû nous y croiser de peu.
Nous sommes arrivés avec ma femme à une centaine de mètres du lieu du massacre lorsque les tirs ont éclaté . Nous avons été pris dans le reflux des gens qui ne comprenaient pas, affolés, parfois bléssés : "N'y alléz pas, n'y allez pas !!!" Le "HALTE AU FEU" dérisoire !!! Mon ami Massonat abattu dans le dos alors que, sorti en blouse de son cabinet, il donnait des soins aux bléssés! Massonat, ancien du CEF en Italie et en France!!! Et le soir, de ma fenêtre qui donnait sur Mustapha, la morgue assaillie, les corps enlevés à la sauvette, dissimulés ,entérrés on ne sait où.
Inutile de dire que le nom de Messmer n'est pas en honneur chez moi .DIPLO

 

 

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kata
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Re : Appel reçu.
« Répondre #4 le: Mai 13, 2008, 10:28:34 »

 


Que de morts innocents sur la memoire de la Grande Zora

Nous etions proches sans nous connaitre


Amitiees

Kata

 

 

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P'tit Sapeur
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Re : Appel reçu.
« Répondre #5 le: Mai 13, 2008, 01:02:34 »

 


Avé, les amis,
Je sait c'est parfois dure de ce rappeler de t'elle faits, malheureusement de t'elles faits ignobles ne peuvent êtres oublier.
Je comprend que certains n'aime pas Mesmer, mais avait il le choix ?
Ils serait donc possible que " certains " officiers, je dit bien " certains " oublies qu'ils ont étés officiers de la Légion, pour " obeirs " à te t'elles ordrres.
C'est Algériens, qui voulait rester français; massacrés par la régulière, aux ordres de l'enc....é de Londre, ces dégueulase.


Et l'on " Ose " jugé un vieillard appelé " Petain ", lui aussi jugé par un grand PD, de 1er classe.  A si Giraud, n'avais pas étés assassiné, par la grande slache de Colombay; cela ne ce serait pas passer comme cela en Indo, et en Algérie. Entre le noble veillard vainqueur de la grande guerre: et le fuyard des 2 guerres; mon choix est fait.
J'ai regardé il n'y à pas longtemps à la Tv; un reportage et un film; sur un soit disant innocentt qui ne savait pas qu'il resençait des juifs, pour les allemands; qu'il pensait sans aucun doute êtres envioyés en Club Med.


Est devenu un " grand " resistant, puis instalé dans la politique de la Gauliene; puis enfin socialo puis président de la république; et de plus accusé un vieillard de 18/18.
Non ces vainqueurs de 40/45; sont pas plus valables que les boureaux des camps.
Je me rappel une phrase de Degrelle; " Le premier pas du communisme; commence par le socialisme " pour cela il avait raison.
Moi, je rajoute, le 1er pas vers la trahison; commence à Colombey les 2 églises.
ce que les pieds Noirs, ont subits, est aussi dégueulase, que ce que Mittérand, à fait à Vichy, contre les juifs.

 

 

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Re : Appel reçu.
« Répondre #6 le: Mai 13, 2008, 05:03:56 »

 


Merci, P'tit Sapeur ! Pour la clique de la grande Zorah, il faut dire qu'on a de bonnes raisons d'être très réservés, nous les P.N!!!
En tous cas ça fait plaisir de voir que certains "nous ont compris" véritablement. Honneur et Fidélité. DIPLO

 

 

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P'tit Sapeur
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Re : Appel reçu.
« Répondre #7 le: Mai 13, 2008, 07:14:22 »

 


Avé, les amis,
Mon cher DIPLO, il ne faut pas me dire merci; c'est naturel, je me rappel certains de t'est témoignages, dont un pas méchachament j'ai attaqué, les " Diplomés " ta réaction à étés direct, net et sincère.
Et nous causont toujours, tous ensembles, car la logique reste, toi, et nous on as une raison de vivre, moi le gamin de 10; j'ai vécu la mort de Piaf, la perte de l'Algérie; devant une TV, en noir et blanc, un écran bombé.

 

Quel époque, j'éssaie en vaint d'essayer de parler de cette époque; ou en 59; je voyait mon 1er Héros, ' Fanfan la Tulipe " incarné par Gérard Philippe ' Quel époque que si " Paris m'étais compté " ou Versaille de même. Ha, Sacha Guytry, l'assassin habite au 21; mon d'un chien, alors pourquoi; moi le rebelle eternelle; je n'aimerai je pas défendre vos idées; ce serait absurde de ma part. Vos idées sont mienne aussi.


P'tit Sapeur, ce fout des je m'en foutistes, non pas incompris, mais incon-grus de ceux qui ne nous comprenent ' Jamais "

 

« Dernière édition: Mai 14, 2008, 01:24:48 par P'tit Sapeur »

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Re : Appel reçu.
« Répondre #8 le: Mai 13, 2008, 11:37:35 »

 


He oui P'Tit sapeur toi tu l'a vu en Noir et bland sur la tele moi je l'ai vu en rouge sang dans les rues...
Assassinat de PN assassinat d'Algeriens pro PN assassinat de pauvre malheureux juste par ce qu'ils etaient arabe...
Cela n'a pas ete bien beau...

Assassinat de nos anciens par les Barbouzes a De Gaulle apres des tortures atroces...

Assasinats de nos anciens pour avoir respecter leur parole( Lt Delguedre, Bastien Thierry, Dovar and tout ceux qui ont disparus sans etre retrouves) tues comme des animaux qui sont mort en criant leur honneur...

Assassinat de nos harkis apres L'Independance par les extremistes du FLN sams que la grande zora ne fasse quoique ce soit pour eux( que Dieu repose leur ames...) Ces meme harkis qui sont venu morrir pour delivrer leur patrie pendant la 2eme Guerre Mondiale tombant en Italie et en france pour delivrer cette meme Mere Patrie qui les a abandonnes....

Acceptence de toute la racaille arabe d'Algerie par la Grande Zora en France qui maintenant gouverne la France ou presque...

Il y en a tellement que je ne peux pas tout ecrire....

Il ne faut pas oublier bien que beaucoups d'eau a coulee sous les ponts...

Ils sont morts pour nous pour que nous soyond libres...Pour la democratie

Amitiees

Kata

 

 

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Re : Appel reçu.
« Répondre #9 le: Mai 14, 2008, 01:33:52 »

 


Soeur grande Charles; ne voit tu point la démocratie venir ? Demanda Mendez France.
Non, non répondit la grande folle, je ne voit que le sang versé sur les pavés d'Alger, cela me soulage de la pitié pour moi, de celui que je n'et jamais fait cerser avec mon fusil en 14 ou 40. Le bruit des pas sur les pavés, fuyant les feus nouri de mes troupes à Alger et ailleur, me rappel ou plutôt cache les miens fuyants par 2 x l'allemands.

 

 

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Re : Appel reçu.
« Répondre #10 le: Mai 14, 2008, 08:58:22 »

 


Bonjours a tous
pour commenter sur tout ce qui est dit je vous met en copier /coller ce que j'avais écrit a l'époque à la juste réponse de marsoin78 sur ce forum de la mort de Pierre Mesmer Re : Pierre est partis !
« Répondre #5 le: Septembre 01, 2007, 07:02:00 »     

--------------------------------------------------------------------------------
Bonjours a tous
Oui marsoin78 tu a tout a fait raison mais ce n'est pas le politique que nous saluons mais bien l'Ancien Légionnaires aux faits d'armes lors de la 2è guerre mondial et en Indochine.
pour le reste il est évident qu'il fut un grand soutien pour le grand charlot trouillard de proféssion s'il en est et notament responsable de ma naturalisation Belge (et fiére de l'être) j'avais le choix et ce fut facile car ce dont tu parle j'ai bien connu en 1962 sur place.


Le lâche abandon des Harkis mais aussi des Français d'Algerie,ces Harkis que j'ai retrouvé au Mas Tibère près de Arles dans la Crau vingt ans après avec le Bachaga Boualem et son fils notament ou ils doivent vivre difficilement car eux se disent Français et on leurs contèstes encore aujourd'hui ce droit (il n'y a qu' a voir ce député socialiste et son mot "sous -hommes!!!!)
Maintenant il faut dire aussi que la grande force du gaullisme et de tout ses membres fut la DESINFORMATION par le mensonge et le sport national roi était le "retourner de veste",mais voila je ne vais pas refaire l'histoire ici alors mon cher marsoin78 mes
Amitiés Légio More Majorum
Daniel

Voila et je suis heureux que sur ce forum notre devoir de mémoire envers les Harkis continue a informé et non a désinformé j'ajouterais et ceci sans être ethnologue que les Harkis étaient des gens fier et noble vrais musulmans et non pas comme ceux d'aujourd'hui (je parle des Arabes) des lâches se cachant dérrière la religion extrémiste des barbues sans foi (car le Coran est tolérant ) ni loi (il n'y a qu'à voir le poucentage de ces moins que rien dans nos prisons (et ce dans toutes l'Europe)
Amitiés Légio More Majorum
Daniel

 

 

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kata
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Re : Appel reçu.
« Répondre #11 le: Mai 14, 2008, 09:05:32 »

 


Quand J'avais 5-6 ans je sautais sur les genoux du Bachaga Boualem qui etait un ami a mon pere,

Je l'ai revu en France a cote d'Arles et une chose que je peux dire est que la langue dans sa maison etait le Francais et non pas L'arabe....
Ce sont des gens comme cela que la France a abandonnes...

Encore plus sur la patate a la grande Zora...

Amitiees

Kata

 

 

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Kalimera
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Re : Appel reçu.
« Répondre #12 le: Mai 14, 2008, 09:55:33 »

 


Les harkis, dernières victimes de la colonisation ?

Posté le 25.04.07 à 08:00 par Dang

Il semble bien lointain le temps où Kipling exaltait le « fardeau de l’homme blanc » (The white man’s burden). Cette mission civilisatrice de l’Occident en Asie et en Afrique, la gauche française des débuts de la IIIe République y croyait fermement.

Aujourd’hui on la considère comme un crime dont il faut demander pardon.

Je préfère le dire d’emblée, pour moi la colonisation fut autant une erreur qu’une honte, et je suis prêt à adhérer à une démarche de repentance si elle nous permet de construire un avenir plus serein avec les enfants de ceux que nous avons conquis.

Encore faudrait-il savoir de quoi il faut se repentir.

Est-ce d’avoir bâti notre prospérité sur leurs richesses ? D’avoir substitué nos valeurs aux leurs ? D’avoir amené l’Afrique sans grande transition de l’âge primitif à l’ère moderne, D’y avoir recruté sans vergogne de pauvres bougres pour servir dans nos troupes de choc ? De ne pas avoir su partir au bon moment et d’avoir mené de lamentables guerres coloniales ? D’avoir raté la décolonisation en ne formant pas suffisamment d’élites ? D’avoir remis le pouvoir aux plus extrémistes ou aux plus corrompus ?

Ou devons-nous faire amende honorable pour tout cela à la fois ?

Il ne faudrait pas trop insister pour que les chantres de la bonne conscience universelle nous réclament aussi des compensations pécuniaires.

Ce serait oublier un peu vite que nous avons laissé dans nos anciennes colonies de formidables infrastructures, sans toutefois vraiment former ceux qui étaient appelés à les gérer, c’est vrai.

Nous avons également englouti des milliards dans une aide au développement qui a été trop souvent détournée au profit d’une oligarchie peu soucieuse de partager cette manne. Les compensations ont donc déjà été versées. Point n’est besoin d’en rajouter. Admettons simplement nos errements passés et acceptons de payer leurs produits à un prix équitable et nous serons quittes.

En revanche nous aurons encore des dettes envers des individus.

Il reste nombre d’anciens combattants de l’Union française qui ont été traités injustement. Il paraît que le nécessaire va être fait. C’est tant mieux.

Il restera encore à s’occuper des harkis, ces victimes oubliées des convulsions de notre histoire récente.

On dit que le professeur Chaunu, alors qu’il était membre d’une commission chargée de remettre un rapport sur la nationalité, pleura à chaudes larmes en entendant le témoignage des harkis.

Il y avait de quoi si on en croit un documentaire bouleversant réalisé par des filles et fils de harkis. Programmé à la télévision à une heure tardive il y a quelques semaines, il est passé inaperçu. C’est dommage. On y apprenait beaucoup de choses.

N’oublions jamais que ces hommes furent incités à s’engager à nos côtés par des officiers en qui ils avaient entièrement confiance.

On leur promit que la France ne les abandonnerait jamais.

Tous furent d’une loyauté exemplaire.

Le 14 juillet 1957 de nombreuse harkas défilèrent sur les Champs-Elysées.

Le gouvernement, la presse, ne tarissaient pas d’éloges sur ces algériens si fidèles à la France.

Cinq ans plus tard ils étaient désarmés par une armée française qui savait qu’ainsi elle les condamnait à mort.

Certains étaient d’anciens prisonniers fellaghas « retournés ». On imagine leur sort le jour de l’indépendance.

Combien furent égorgés ? 35000 ? 50000 ? 100 000 ? On ne le saura jamais. Leur élimination restera l’un de ces événements que l’on préfère ne pas évoquer.

Certains officiers qui avaient donné leur parole et celle de la France basculèrent dans l’aventure OAS. D’autres tentèrent de sauver quelques hommes et leurs familles. De nombreux militaires ramenèrent avec eux un ou deux harkis. Certains en sauvèrent jusqu’à une centaine. Et ce en dépit des circulaires ministérielles s’opposant fermement au rapatriement de ces supplétifs. Etait-ce par racisme ? Certainement pas, encore que De Gaulle ne souhaitait pas une présence maghrébine trop marquée en métropole. On redoutait surtout qu’après avoir été les harkis de la France ils deviennent les harkis de l’OAS.

Un ou deux ans auparavant, lors d’une réception à l’Elysée, le Général De Gaulle avait loyalement annoncé au Bachaga Boualem, vice-président de l’assemblée nationale et fondateur de plusieurs harkas, son intention de se retirer d’Algérie. Le Bachaga avait plaidé « Mais, mon général, nous sommes français ». De Gaulle avait répondu « On vous regroupera ». Il pensait de toute évidence à la seule famille, fort nombreuse, du Bachaga Boualem et pas à l’ensemble des harkis. Leurs chefs accrochés à cette promesse restèrent confiants jusqu’au bout.

Reçus en France dans des conditions indécentes, les survivants (32 000 personnes environ avec leurs familles) voulaient s’intégrer.

On fit tout pour les en empêcher.

Pendant des années ils subirent des traitements indignes. On les plaça dans des camps entourés de barbelés où leurs ennemis FLN avaient été détenus. On leur imposait un couvre-feu. L’aide que l’Etat leur dispensait les transformait en mendiants débiles et assistés. D’autres furent envoyés dans des hameaux de lutte contre les feux de forêts, créés pour eux. Ils y restèrent, isolés, des années parfois toute leur vie.

Je ne veux même pas m’étendre sur des drames comme l’internement psychiatrique des plus remuants parmi ceux qui osaient revendiquer.

Leurs enfants furent traumatisés.

Les harkis et leurs descendants sont entre 300 et 400 000 aujourd’hui. Certains jeunes, habitués à une discipline de type militaire chez eux, ont bien réussi dans l’armée ou la police. Ils n’en souffrent pas moins tous de la mauvaise réputation donnée aux arabes de France par les voyous des banlieues.

Rares sont les voix qui s’élèvent en leur faveur. En France ils rencontrent indifférence, mépris, hostilité. En Algérie on les considère comme des traîtres. Ils ont eu le tort de choisir la France qui se montre bien ingrate à leur égard.

Certes Edith Cresson essaya, sincèrement mais en vain, de trouver des solutions à leurs multiples problèmes, à leur mal être.

Chirac leur rendit un hommage appuyé en instaurant la journée du souvenir et en inaugurant une plaque aux Invalides. C’est bien mais c’est insuffisant.

Tous les vieux n’ont pas reçu les maigres indemnisations promises. L’insertion des jeunes est en panne.

Pour l’honneur de la France, il faudrait bien que le prochain hôte de l’Elysée se penche sur la question, avant que les derniers harkis disparaissent et avant que leurs enfants sombrent dans le désespoir.

 

 

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Kalimera
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Re : Appel reçu.
« Répondre #13 le: Mai 14, 2008, 09:57:32 »

 


Raphaël Delpard a écrit aussi "Les oubliés de la guerre d'Algérie".

Ce livre enquête sur des dossiers laissés volontairement dans l'ombre par tous les gouvernements de la République depuis quarante ans. Il s'agit, à compter du 19 mars 1962, de l'enlèvement par le FLN de 25000 Français militaires et civils sans que l'armée puisse intervenir, entravée par les accords d'Evian. A quel mobile répond leur kidnapping ?

Cet ouvrage dévoile le complot ourdi par le gouvernement français et les nationalistes algériens qui a conduit au massacre de milliers de Français le 5 juillet 1962 à Oran.

L'imposture des accords d'Evian est mise en lumière, les relations secrètes établies entre Paris et les représentants du FLN. Leur plan avait pour objectif de terroriser les Français afin qu'ils partent au plus vite et qu'ils laissent leurs biens vacants aux Algériens impatients de les récupérer.

Il relate de l'abandon des Harkis, du 26 mars 1962 à Alger, et racontent les témoignages des appelés du contingent prisonniers du FLN qui pour la première fois, relatent les horreurs de leur détention.

Il y a un édifiant chapître sur Hervé Bourges qui a pris la nationalité algérienne le 4 juillet 1963, et a renié sa nationalité française. Et pourtant  cet homme là sera nommé président de TF1 ensuite du CSA...... Ce porteur de valises a été le mentor de Ben Bella durant les années où celui-ci etait prisonnier en France, et pendant 4 ans il fut son conseiller lorsqu'il devint Chef de l'Etat algérien. etc etc etc

Ed. Michel Lafon
Un livre à lire absolument

 

 

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Kalimera
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Re : Appel reçu.
« Répondre #14 le: Mai 14, 2008, 09:59:04 »

 


Extrait de la préface du Bachaga Boualam en 1964.

...."Les Français d'Algérie ont été accusés d'être des colonialistes. Maintenant que l'indépendance existe de l'autre côté de la Méditerranée, ce pays qui devait être un Eldorado et dont les habitants devaient parvenir au bonheur complet, connaît la misère la plus affreuse. D'après les échos qui nous parviennent de là-bas et les gens qui en arrivent, le chaos, le chômage et l'insécurité se sont installés en maîtres depuis l'exode de la partie la plus active de la population.

Pour avoir voulu faire honneur à la parole donnée, beaucoup sont actuellement en prison, tandis que d'autres sont devenus des "soldats perdus". Cette armée tant décriée et tant humiliée avait pourtant non seulement assuré la sécurité de nos villes et de nos campagnes, mais aussi la vie de nos enfants. Elle avait fait ce qu'aucun gouvernement n'avait jamais tenté : essayer de nous comprendre et de nous aimer. C'est de cela que nous avions besoin et l'armée l'avait très bien compris. Pourtant, il s'est trouvé en France une certaine presse et même des autorités parmi les plus hautes, qui alors qu'on était en droit d'attendre d'elles compréhension et mansuétude, n'ont pas craint de déformer sciemment la vérité.....

..... Quand le 8 avril 1962, le peuple de France s'est lui-même amputé et a poussé la honte ou l'inconscience jusqu'à disposer de 11 millions de Français à part entière, le Père de Laparre écrivait : "Nous avons le sentiment d'avoir été joués".

L'histoire des peuples civilisés, en effet, n'a jamais enregistré un fait analogue. Jadis, on ne vendait que des esclaves ou des vaincus. Pour la première fois on a vendu ses frères, pour les condamner à mourir, qu'il s'agisse de misère, de faim ou de tortures.

..... Nous avons la conviction qu'en lisant le livre de ce prêtre, les Français verront de quelle façon furent déformés et décriés les évènements les plus simples de notre vie quotidienne et ils sentiront enfin que le moment de la réconciliation est venu.

Le livre du Père de Laparre, froid au sens d'Avicenne, a le mérite d'être écrit. C'est une de ces oeuvres qui rapprochent de Dieu, parce qu'elles crient la vérité.

Et seule la vérité expulse le mensonge et ses crimes."

......................... Fait au Mas Thibert le 11 avril 1964
......................... Bachaga Boualam.

 

 

 

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Sujet: Appel reçu.  (Lu 694 fois)

 

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Re : Appel reçu.
« Répondre #15 le: Mai 14, 2008, 10:03:49 »

 


Voici quelques passages du livre du Révérend-Père de LAPARRE.
 
- Dimanche 25 mars 1962
 
"16 h 10 - Après des accalmies, le tir redouble. Il semblerait que c'est le dernier discours de Salan, féroce contre de Gaulle, que nous écoutions aux informations O.A.S. de 13h, qui a déclenché une nouvelle opération "recherche et poursuite" contre l'émetteur clandestin. Il aurait été localisé dans des immeubles du Front de Mer et aussitôt encerclé.
 
Mais les commandos de l'immeuble et des voisins sont installés sur leurs terrasses, ceinturées depuis le cessez-le-feu d'immenses tentures tricolores et se défendent en tirant. Nous les voyons très bien d'ici. Les gendarmes mobiles s'abritent derrière un rang du contingent. Dans toutes nos rues des camions civils sont en travers, empêchant toute circulation. Les C.R.S. viennent de prendre position sur un immeuble voisin et tirent à la mitrailleuse de 12,7.
 
Dès qu'il baisse trop, l'hélicoptère est relevé par les rafales qui l'assaillent. Une deuxième fois, les balles résonnent sur le mur d'à-côté.
 
Les enfants jouent très sagement dans une salle bien abritée, en contre-bas. Ils ne sont qu'une trentaine.
 
Un nouvel avion arrive. Va-t-il piquer sur les terrasses ? Non, il ne semble pas pour l'instant. Ils sont quatre maintenant qui virent et font de l'intimidation, mais restent haut.
 
Belle photo à prendre pour Paris-match : l' O.A.S. tirant de derrière sa tenture.
 
17 h 20 -  Je vais dire mon bréviaire, et prier pour la France. Quand on pense que tout ce monde s'entre-tue pour elle et que, dans le quêpier où on nous a mis, on ne voit humainement pas le moyen de faire autrement, la prière apparaît d'une bien urgente et tragique nécessité."....
 
....."Et pendant qu'entre Français, on se tire dessus, sans haine, avec tristesse et répugnance, en tâchant de s'éviter et en maudissant, tout haut ou tout bas, le diable qui règne en haut lieu, la masse musulmane regarde passivement, toute prête à crier : Vive le plus fort. C'est elle le véritable enjeu. Il semble que le plan Salan s'en préoccupe. De fait il y a ici ou là de timides manifestations musulmanes Algérie Française, ce qu'on n'avait jamais vue."

 

 

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Re : Appel reçu.
« Répondre #16 le: Mai 14, 2008, 11:05:11 »

 




«Le devoir de mémoire» est un rituel commémoratif, qui fait porter aux générations présentes «le fardeau de l'histoire», le général De Gaulle a été très discret pour ne pas dire plus sur ces événements dans ces mémoires, nous savons pourtant tous que «l'histoire proche» est toujours une «histoire légendaire». Un crime a été commis ce jour là.
Les assassins n 'ont pas été punis et les victimes n 'ont pas été reconnues comme telles. Le massacre de Français sur une terre française n'intéresse personne et les livres d'histoire sont quasiment muets sur le sujet.

Alors que le cessez le feu a été signé l'armée française tire sur ordre du pouvoir sur une population désarmée qui veut voir aboutir son désir de rester sur une terre qui est la sienne, au même titre qu'elle appartient aux fellagha du F.L.N. Ce qui rend cette journée atroce, c'est que des Français ont été assassinés par traîtrise sur ordre du gouvernement français sur une population innocente, dont le seul crime était, nous le répéterons jamais assez, de vouloir rester FRANÇAISE sur une terre française. Une centaine de morts, plus de 200 blessés, des rescapés de ce génocide traumatisés à vie, des familles anéanties à jamais, des Français ont été assassinés par traîtrise : par des balles françaises, des rafales tirées dans le dos des manifestants par des tirailleurs algériens commandés par le lieutenant Ouchène, devenu après son rapatriement Duchène, mort depuis et qui ne s'est jamais remis psychologiquement de ce drame, il a gardé tout le temps les stigmates de cette cet après midi tragique, de cette fusillade.


Pire, les blessés ont été achevés à bout portant, alors qu'ils étaient à terre, sans défense.
Pourtant ce drame aurait pu être évité, le général Ailleret, commandant en chef à l'époque de ce qu'il restait de l'armée française en Algérie avait quelques jours auparavant lors d'une inspection du 4° régiment de tirailleurs cantonné à Berrouaghia pu constater l'extrême jeunesse des gens désignés pour le maintien de l'ordre à Alger, le 26 mars, il s'en était ouvert au colonel Goubard commandant le régiment en lui demandant s'il ne pensait que son régiment pourrait être employé de la sorte.

Le colonel répondit « que si de jeunes tirailleurs, ayant en moyenne vingt ans d'âge et dix huit mois de service, peuvent faire de bons combattants dans le djebel, ils n'ont pas ma maturité nécessaire au maintien de l'ordre dans une ville comme Alger, ils n'ont ni l'expérience ni la maturité requise ». Le général Ailleret, convaincu, avait dès son retour à Alger donné les directives nécessaires. Mais les ordres sont descendues tellement lentement dans la cascade de l'état-major ,que le drame , la tragédie n'a pas pu être évitée Ceci dit ce qui nous frappe, nous qui possédons pratiquement tous les ouvrages publiés sur les événements d'Algérie, c'est le peu de place que tient ce drame dans la relation du conflit algérien, au mieux, trois quart de page par Droz et Lever dans « Histoire de la guerre d'Algérie », livre de référence, pour les autres historiens, le silence s'est imposé de lui-même, quelques lignes de ci de là, lignes extraites des reportages des journaux.


Il faut reconnaître que l'omerta collective la plus réussie à ce jour est à mettre à l'actif du pouvoir gaulliste et des ses barbouzes Ce n'est pas tous les jours que l'armée tire sur la foule et fait plus de 100 morts et 200 blessés, et on n'en parle plus, alors que pour les morts du métro Charonne on en en un plat et l'on commémore tous les ans les incidents. Les huit morts de Paris pèsent ils plus que la centaine d'Alger ?
Existe-il une balance pour peser la peine et justifier des morts ?
Le gouvernement français avait signé le 18 mars au soir à Evian l'abandon de l'Algérie. A PARIS, la trahison s'installe et trouve son expression ignoble chez celui-là même qui avait été porté au pouvoir par les Français d'Algérie : DE GAULLE.

Trahissant sans vergogne son engagement, il négocie avec les représentants du F.L.N. Il trahit donc la France, la république puisqu'elle est une, indivisible, et que l'Algérie est formée de départements. Il trahit son armée. Victorieuse sur le terrain, elle se voit refuser cette victoire. Il trahit les Français d'Algérie, à qui il avait promis L'ALGERIE FRANÇAISE.
Une signature au bas de ce chiffon nommé les accords d'EVIAN, et il fallut abandonner le fruit du travail de nos aînés : 132 années de labeur acharné. Des marécages ont été asséchés, ces terres ont été ensuite cultivées, des hôpitaux, des routes, des voies ferrées, des barrages hydrauliques, des ponts, des écoles, une université ont été construits. Et aujourd'hui, il faut tout laisser. Les accords d'Evian donnent l'Algérie à des gens qui non aucun droit historique sur ce pays et n'offrent que d'illusoires garanties. Celles- ci seront balayées dès que le gouvernement algérien sera au pouvoir.


En fait, il ne faudra même pas attendre l'indépendance de l'Algérie pour que les engagements signés ne soient pas respectés et par le FLN et par le gouvernement Français.
Désespérés, les Français d'Algérie vont refuser d'admettre l'horrible situation. Ils veulent encore croire qu'une solution est possible. Ils ont confiance en une partie de l'armée restée fidèle à la parole donnée.
Le quartier de BAB EL OUED est interdit aux forces de l'ordre. Malheureusement des coups de feu vont être échangés. Aussitôt, l'armée et la gendarmerie encerclent ce quartier, y pénètrent à grands renforts de blindés, écrasent les voitures, éventrent les devantures des magasins. Les troupes tirent sur les balcons, dans les rues, sur les façades, des maisons.

Une petite fille à l'intérieur de son appartement trouve ainsi la mort. L'aviation mitraille les toits, les perquisitions se succèdent, les appartements sont saccagés. On ne sait pas combien il y a de morts. Les blessés, les malades ne sont pas soignés. Les morts ne sont pas enterrés. IL n'y a plus de ravitaillement.... BAB EL OUED est transformé en véritable ghetto. Alors, dans un immense esprit de solidarité le reste de la population va apporter son soutien, quelques vivres et un peu d'amitié à ce quartier martyr. Une manifestation pacifique est organisée. Le 26 mars, c'est en toute confiance que les ALGEROIS, drapeaux tricolores en tête, marchent vers BAB EL OUED.
Ils n'y arriveront jamais. Ils trouveront la mort en chemin ; II y a bien quelques barrages, mais qui s'écartent devant la foule. Rien n'est fait pour dissuader les manifestants de continuer leur marche. Le piège est bien organisé. Tout est bien prémédité.

Pour un rassemblement pacifique, les autorités ont prévu qu'elles auront besoin de leur équipement de combat, de leurs casques lourds et de leurs fusils- mitrailleurs.
Soudain, une longue rafale, suivie d'autres.
Des militaires, conditionnés pour tuer du FRANÇAIS sont là. Bien sûr, il ne s'agit pas de l'armée qui avait choisi l'honneur, qui s'était battue pour garder l'ALGERIE FRANÇAISE.


Non, ce sont les autres, qui obéissent aveuglément à ceux qui ont décidé de nous faire comprendre par la manière forte que nous n'étions plus chez nous. L'armée va tirer sans sommation, ce 26 mars 1962, pendant 12 minutes. La version officielle dira qu'il y a eut un tir venant d'une terrasse vers l'armée. Curieusement, au lieu de riposter vers le tireur embusqué sur le toit, l'armée va tirer sur les manifestants. Beaucoup se sont jetés à terre pour se protéger, d'autres se réfugient dans les immeubles mais rien n'arrête ces forcenés. Ils tirent dans le dos des manifestants qui fuient, qui se sont couchés sur le sol. Ils achèvent des blessés, vont jusque dans les immeubles, montant dans les étages pour terminer leur sinistre besogne. Peu importe que ces pauvres gens aient un drapeau bleu, blanc rouge. On tire sur les drapeaux. On tire à l'arme automatique sur tout ce qui bouge. Des pompiers sont blessés.


Un médecin est assassiné alors qu'il fait son devoir, celui de porter secours.
Pendant un cours instant, un petit lieutenant Ouchène incapable de se faire obéir par ses hommes n'a même pas la force de crier « halte au feu » c'est un civil un manifestant qui le fait pour lui !

Quelques secondes d'espoir, puis les tirs recommencent. Couchés sur la chaussée, certains blottis les uns contre les autres, les algérois attendent que cette folie meurtrière s'achève. Rue d'Isly, 14h50- 15h02, l'irréparable vient d'être commis.

Dans d'autres points d'Alger, les gendarmes mobiles tirent aussi. Dès 18 heures, on compte 46 morts du côté des manifestants, plus de 200 blessés. Beaucoup ne purent survivre à leurs terribles blessures.

 

 

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kata
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Re : Appel reçu.
« Répondre #17 le: Mai 14, 2008, 11:28:53 »

 


Si triste....

Horrible que dire de plus....

Amitiees

Kata

 

« Dernière édition: Mai 14, 2008, 01:24:08 par P'tit Sapeur »

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Re : Appel reçu.
« Répondre #18 le: Mai 14, 2008, 01:23:32 »

 


Avé les amis,
Il est navrant que dans le monde, des gens " Assassines " en portant des nom gonflant de ministre " ou sinistres " ou autres général aux cas ou; Je ne suit pas président mais général de plus " sauveur " de la France.


 En discutant avec un pied noir de Belgique, il ma dit cessi " Si je suit en Belgique; c'est parce que la France, nous à rejetez, de son territoire; l'Algérie; mais aussi du sol de France, nous étions moins que rien. NOUS, les pieds noirs, Harkis; et beaucoup d'Algériens; ont étés massacrés; quant le FLN; à pris le pouvoir, nous étions seul; es sortes des expatriés de notre propre patrie; que nous avons servit avec fidélité, nos parents ont fait les guerres coloniales; 14/18; 40/45, beaucoup sont morts; et le remerciement est la trahison d'un général; qui disait " je voys et compris " nous ont n'a compris; aux pris fort; de nos morts; je n'en veut pas au peuple français; non, mais bien à ces dirigeants ce disant " socialistes ' donc proche du peuple: mais qui n'on que pour social; un porte feuille à la place du coeur; quant à De Gaulle; qu'il crêve en enfer tout comme ses colègues de tout bords; ne me dérange pas en soit même; la seul chose qui m'inquiète, c'est lorsque j'y arricerai en enfer, c'est qu'il me reste encore des débris de ces chacals pour que je ne m'ennuie pas pendant l'éternité.


Je suis belge, j'ai fait mon service dans l'armée belge; mes parents avant de mourirs l'étais aussi, même protègé de cette nationalité; ils n' ont jamais voulu retournés en Algérie; la peur les tenaillais encore de disparaitres, comme beaucoup des membres de nos famille.Iils priais pour l'Algérie; ses morts; mais plus pour la France; qu'ils appelait " La faucheuse rouge à De Gaulle ". Mes parents étais pourtant des sages, mais je pense que cette trahison les avais fortement touché, mon grand père est mort en 14, mon père à fait 40, blésés 2x rapatriés, il à étés humilié; et n'en sait jamais tellement remis; ses médailles il les à jetter par la fenetre du train Paris-Bruxelles en 63, avec ses simples mots à ma question; " pourquoi, papa ? " Mon fils ses bouts de métaux, assortis de bout de chiffons coloré; me font pius mal, que les bouts de métaux qui mon bléssé pendant la guerre 40 "


Voila ce que mon ami, Bastien ma dit un jour, quant nous faisions une comémoration à notre fête national, et je peu vous dire Bastien; parle français et flamand, et ce trouve être un farouche anti républicain; et sur son mur les portraits de la famille Royal.. Ce n'est pas moi, qui la fait devenir Royaliste; ce sont ses parents en remerciements d'avoir étés acceptés eux les refoulés de France..
La trahison, peu faire changé bien des esprits..

 

 

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Kalimera
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Re : Appel reçu.
« Répondre #19 le: Mai 14, 2008, 02:36:06 »

 


ALGER, 26 MARS 1962

Certaines dates résonnent, dans la mémoire, d'un étrange écho.

Le 26 mars 1944, reçu à l'Hôtel-de-Ville d'Alger, évoquant les difficultés nées de la guerre, pour les Algérois, le général De Gaulle s'exclamait avec émotion :

« Mats au travers de ces épreuves, la ville d'Alger à conscience qu'elle porte I'honneur et la responsabilité d'être la capitale de la France guerrière dans la période décisive du conflit... Cette insigne dignité est désormais inscrite dans les annales. Et, comme tout se tient et s'enchaîne, elle est un principe du grand avenir d'Alger.

Quel avenir ? Eh ! Certes oui! Car dans la France nouvelle qui va paraître au terme du drame, quel rôle magnifique attend votre ville ! Cité Française la plus grande de cette Méditerranée, capitale d'une Algérie incorporée à la patrie par ses hommes comme par ses terres, vaste passage commun ou I'Europe et I 'Algérie pourront échanger à nouveau les navires, les avions et les pensées, Alger se sent, n 'est-il pas vrai ? appelée par le destin a jouer un rôle éminent dans ce monde Français élargi, rajeuni, que nous saurons édifier...»

Dix-huit ans plus tard, le 26 mars 1962, place de la Poste et rue d'lsly, des soldats portant l'uniforme français, tiraient pendant douze minutes, sur la foule des Algérois rassemblés dans l'espoir de faire entendre leur angoisse et leur désespoir, face à l'avenir que le général De Gaulle, Président de la République, leur préparait. après avoir trahi leur espérance entretenue par les mots dont il savait si bien se servir. Mais aussi en marche vers Bab-el-Oued pour dire leur solidarité avec le grand quartier populaire soumis à un blocus inhumain (bel exemple de responsabilité col­lective. ..) ou des avions en piqué avaient mitraillé les terrasses deux jours plus tôt.

Apres les avions, les navires ont été requis eux aussi. C'étaient deux escorteurs de l'Escadre de Méditerranée qui participaient alors à des exercices (une photogra­phie prise, ce jour là, par un Algérois nous les montre). L'un d’eux était le Surcouf, escorteur d'escadre D621, bâtiment amiral, placé face à Bab-el-Oued. II a tourné ses canons vers le large, c'est à l'honneur de la Marine et mérite d'être connu.

Mais, avant de l'évoquer, une sèche énumération, fondée sur des dates et des documents, s’impose pour rafraîchir la mémoire :

Le 16 septembre 1959, le général De Gaulle lance le mot "autodétermination". Le GPRA accepte et désigne Ben Bella pour négocier.

Du 3 au 5 mai 1959, au cours d'une "tournée des popotes" apparaît 'l’Algérie Algérienne".

Le 14 juin 1960, le Général De Gaulle lance un "appel au cessez-le-feu". Le 20, après atermoiements, le GPRA accepte un nouveau contact en vue de négocier.

- Le 4 novembre 1960, le Général évoque "la République algérienne".

-Les 19 et 20 février 1961, entretiens secrets Pompidou, B. de Leusse avec Boumendjel et Boulharouf.

- Les 5 et 23 mars 1961, contacts secrets en Suisse, Boulharouf, B. de Leusse.

- Le 30 mars 1961, annonce bi-latérale de l'ouverture des négociations pour le 7 avril.

-Le 31 mars 1961, désireux de faire monter les enchères et moins pressé de conclure que le Général De Gaulle, le GPRA ajourne les négociations.

- Le 11 avril 1961, le Général lance «Algérie, Etat souverain».

-Du 20 mai au 13 juin 1961, première conférence officielle France-GPRA à Evian.

-Le 11 juillet 1961, le Général De Gaulle affirme «!'Algérie, Etat indépendant».

- Du 20 au 28 juillet, ouverture de pourparlers France-FLN à Melun.

- Le 31 août 1961, au Conseil des Ministres qu'il préside, le Général De Gaulle exprime fermement sa "volonté de dégagement".

Depuis 1959, qu'elles soient secrètes ou non, les tentatives de négociations viennent toujours du gouvernement français, assorties de concessions verbales ou dans les textes, d'un rythme et d'une intensité sans cesse croissants.

D'autre part, surgissent, en juin 1960, le Front pour l'Algerie française (FAF) et l'OAS, en février 1962. Le FAF, patronné par cinq députés musulmans, élus à l'Assemblée nationale dans l'euphorie illusoire de mai 1958, et le Bachagha Boualem, son Vice-président. Véritable et éloquente lame de fond, un mois plus tard, il compte un million d'adhérents, et rassemble "tous ceux, musulmans et européens qui ont décidé de lier leur sort à celui de l'Algérie Française"(2).

Le Général De Gaulle, considérant comme seul "interlocuteur valable" le FLN, refuse de les associer aux décisions qui les touchent directement et méprise leurs angoisses. Ils ne sont pour lui que troublions gênant ses desseins et la bonne marche des négociations. Et voila qu'en février 1962 apparaît l'OAS dont la détermination violente cristallise leur ultime espoir de se faire entendre dans l'indifférence, quand ce n'est pas l'hostilité savamment entretenue de la Métropole.

Pour le Gouvernement, il est donc urgent d'aboutir, ses réactions vont

s'enchaîner rapidement.

-D'octobre 1961 à janvier 1962, contacts secrets avec le FLN.

-20 décembre 1961, réunion du Comité des Affaires algériennes. Le résumé des "décisions prises en vue du maintien de l'ordre public" est signé par le Général De Gaulle. Ces décisions sont immédiatement transmises par Michel Debré, Premier Ministre, au Commandant Supérieur des Forces en Algérie (GENESUPER) qui est, depuis le 13 juin 1961, le Général Ailleret.

-Le 24 décembre 1961, sans attendre, le Général Ailleret adresse un "message urgent" au CA d'Oran, d'Alger, de Constantine, à PREMAR et, bien sur, au Ministre de la Défense Nationale à Paris.

En voici quelques extraits significatifs : ..

"La mission essentielle en matière d'ordre public est actuellement de prévenir d'abord et si nécessaire de réprimer toute tentative OAS de se rendre maîtresse de tout ou partie de centres comme Alger, Oran, Bône, etc...".

Suivent les consignes pour "ouverture du feu après sommations sur tout élément et tous individus menaçant les FO ou s'opposant à leurs mouvements...",

ou sans sommations, "en riposte à élément séditieux armé ayant fait usage de ses armes..." ou encore : "emploi armement grande puissance et léger des engins blindés" et enfin : "Feux aériens subordonnés à autorisation GENESUPER et V° RA - Feux navires subordonnés à autorisation GENESUPER et PREMAR IV".(6 - top 10)

Message du 24 decembre 1961, signé Ailleret et portant en tête la mention : "Attention ! message chiffré non démarqué à ne pas diffuser tel quel... ne pas declasser".

-Du 11 au 19 fevrier 1962, conférence secrète aux Rousses, Joxe-Krim Belkacem.

-Du 7 au 18 mars 1962, 2ème conférence d'Evian : accord France-GPRA et libération de Ben Bella et de ses compagnons.

- Le 8 avril, en Métropole, le peuple français, consulté habilement par référen­dum, avalise les accords d'Evian dont il ne connait ni le contenu, ni les carences, et qui n'offrent aux Français d'Algérie, européens, musulmans et surtout musulmans ayant servi la France, aucune garantie reelle. Le proche avenir ne tardera pas à le demontrer, tandis qu'ils sont immediatement remis en cause par le FLN.

Entre cette deuxième conférence d'Evian et le référendum, nous avons atteint, en Algérie, le paroxysme du drame.

-Le 19 mars 1962, est signé le "cessez-le-feu" bi-latéral à midi, terme officiel qui enferme l'Armée française dans ses casernes tandis qu'enlèvements et assassinats se multiplient.

-23 mars 1962, blocus total de Bal-el-Oued.

-26 mars 1962, fusillade place de la Poste et rue d'lsly (64 morts recensés, et plus de 200 blessés, dont certains mutilés à vie).

Les engins blindés de la Gendarmerie mobile ont employé leur "armement à grande puissance et léger", le 23 mars, contre les façades aux volets fermés des immeubles de l'avenue de la Bouzaréa" à Bab-el-Oued, tandis que des avions en pique mitraillaient les terrasses.

Le 26 mars, huit section du 4ème RT fraîchement arrivées de Berrouaghia, conformément aux directives du général De Gaulle qui n'hésitait pas à préciser des détails : « ...les forces militaires formées en colonnes entreront dans la ville et disperseront les éléments insurrectionnels » (réunion du Comité des Affaires Algériennes du 20 décembre 1961), sont réparties en quatre points. Ce sont celles de la 6ème Compagnie qui sont placées a l'entrée de la rue d'lsly. Ces Tirailleurs n'ont, bien sur, pas reçu la moindre formation spéciale, même accélérée, au maintien de l'ordre en milieu urbain. Ils sont fatigués et tendus d'être, depuis une semaine, ballottés par le Commandement, d'un quartier à l'autre, dans cette grande ville inconnue, affolante par l'atmosphère qui y règne, pour se trouver, enfin, déployés place de la Poste et rue d'lsly, face à la foule des Algérois en mouvement vers Bab-el-Oued. Ces hommes disposent de l'armement normal de campagne, utilisé dans le djebel : pistolets-mitrailleurs, fusils et fusils-mitrailleurs. La panique va les conduire à s'en servir... Certes, leur officier ne leur a pas donné l'ordre de tirer. En depit de tout ce qui a pu être dit par la suite, le véritable responsable du drame c'est le Commandement qui les a places là, donc, l'Armee.

Pour ce résumé difficile tant faits et sentiments s'imbriquent, nombreux et com­plexes, je n'entrerai pas dans les détails que j'ai longuement étudiés par ailleurs (3), car l'objet actuel de ce complément concerne l'attitude de la Marine, sans oublier le général Ailleret, relais local des ordres venus de Paris.

En 1962, le Surcouf, escorteur d'Escadre D621, est un bâtiment relativement récent. Construit à l'arsenal de Lorient, il a été mis à flot en octobre 1953 et dispose des équipements les plus modernes. II présente, à l'avant, une tourelle double de canons de 127 et, par ailleurs, des canons de 57 et des tubes lance-torpilles (TLT). Entre en service en 1955, il porte, depuis 1959, la marque de I'Amiral Commandant la Flottille d'Escorteurs d'Escadre (ALFEE) et fait partie de 1'Escadre de Méditerranée. Début janvier 1962, il est à Toulon. «Les exercices individuels ou de flottille se poursuivent à un rythme élevé. Le Surcouf et l'Escadre participent à plusieurs sorties d'intérêt majeur, notamment "Big Game", du 29 janvier au 4 février, et "Dawn Breeze 7" du 6 mars au 4 avril, avec escale à Ajaccio, Naples, Bizerte, Alger, Mers El-kébir.» (4).

Du 14 au 16 mars, il est à Naples; du 23 au 25 mars, à Bizerte. Dans la nuit du 25 au 26, il reçoit l'ordre de stopper dans la baie d'Alger, face à Bab-el-Oued. Aucun des rares documents qu'il est possible de consulter ne permet de savoir si cette esca­le était exactement prévue à cette date. II porte alors la marque du Contre-Amiral Bailleux, Commandant la Flottille. Tel une suite au message de 1961 du Général Ailleret, cet arrêt, en cet endroit, à ce moment là, donnait soudain au bâtiment l'as­pect d'une menace réelle et redoutable.

Accaparés par le déchaînement des violences, nous n'y avions pas prêté" atten­tion a l'époque. Par la suite, journalistes et historiens ne se sont guère posés de ques­tions sur cette présence insolite, bien trop opportune pour être fortuite, car le messa­ge du Général Ailleret n'a été rendu public que beaucoup plus tard. Nous en trouvons trace dans l'ouvrage de Paul Henissart, paru en 1970 (5), sous forme d'une mention laconique : «La flotte qui croisait le long des cotes fut mise à la disposition du Commandant en Chef». Puis, vingt ans plus tard, dans deux ouvrages d'André Figueras, "Onze amiraux dans l'ouragan" (1991) où, sous le titre "Du nouveau en 1961", une brève mention nous apprend que «le Commandant Picard d'Estelan, Commandant le Surcouf, fut mis en demeure, d'ordre direct du Général De Gaulle, d'ouvrir le feu de ses gros canons sur Bab-el-Oued", et, "Petain et la Marine" (1992) où on peut lire un "complément d'information apporté par cet officier".

Grace à un aimable correspondant, j'en ai pris connaissance en février 1999, soit trente sept ans après les heures dramatiques que nous vivions à Alger. J'ai voulu en savoir plus. Pour toutes les études que j'ai réalisées sur des points de notre histoire contemporaine, je me suis rendue au Service Historique, puis dans des bibliothèques, mais surtout je me suis efforcée de prendre contact avec des témoins au nombre amenuisé par les années passées, susceptibles d'apporter un peu de chair aux documents libérés. II m'a toujours semblé indispensable de leur donner la parole tant que c'est encore possible.

 

 

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Kalimera
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Re : Appel reçu.
« Répondre #20 le: Mai 14, 2008, 02:45:41 »

 


Suite...

A propos de la présence du Surcouf dans la baie d'Alger, les 25 et 26 mars 1962, je n'ai presque rien trouvé au Service Historique de la Marine, encore moins au Musée de la Marine mais j'ai, heureusement, pu rencontrer le Commandant Picard d'Estelan, et j'ai reçu le témoignage d'un autre officier.

Ce dernier, Henri Morfin, Capitaine de Vaisseau honoraire, était alors Capitaine de Corvette, Commandant en second du Surcouf depuis le mois d'octobre 1961. II se souvient: «A partir du mois de mars 1962, I'Amiral Bailleux a embarqué à Toulon avec son Chef d'Etat-Major, le Capitaine de Frégate Paul Gueirard et un Etat-Major réduit. Le Capitaine de Vaisseau Picard d'Estelan, Commandant du Surcouf, devenait son Capitaine de Pavillon. Heureusement que I'Amiral était présent, cela mettait le Commandant à I'abri de toute pression extérieure intempestive.

Nous participions à des exercices avec la Flottille. Nous nous trouvions à Bizerte le 23. Nous avons pris la direction d'Alger le 25 et mouillé en face de Bab-el-Oued, vers 7h30 le 26. En fonction de I'évitage du bâtiment (espace libre nécessaire à notre mouvement), j'avais fait orienter les canons vers la mer et mis I'équipage au repos, torse nu sur le pont, service du dimanche. Plus tard, nous avons été survolés par un hélicoptère ou I'on distinguait un Général qui semblait très intéressé par le farnienté évident de I'équipage.

Le Chef d'Etat-Major est parti en vedette chercher les ordres du GENESUPER a la Regahia. II a été arrêté trois fois aux barrages parce qu'il n'avait pas le mot de passe ! Au bout de deux heures, je I 'ai vu revenir avec des plis qui, m 'a-t-on dit, n 'ont jamais été ouverts. Le Commandant me I'a d'ailleurs confirmé : «Les ordres sont dans mon coffre, Ils ne seront pas ouverts ». Non suivis d'effets, ces ordres n'ont pas été connus à mon échelon. II serait intéressant de les retrouver aux archives...

Nous sentions bien que des choses graves se passaient à terre. Dans I'après-midi, le Lieutenant de Vaisseau responsable des Transmissions a essayé d'intercepter des communications sur une longueur d'onde de la Police, mais il n'était question que de déplacements de véhicules. Nous n'avons appris la fusillade que plus tard. Nous avons appareillé le 27 au petit matin en direction de Mers El-kébir, pour reprendre le cours de nos exercices avec la Flottille. Le 31 mars, nous repassions devant Alger, mais au large cette fois.

Comme je n'ai jamais caché mes sentiments sur ce que j'appelais "la capitula­tion d'Evian" et les malheurs qui ont suivi les accords, en 1965, mon Ministre m'a prié d'aller exercer mes talents ailleurs. J'ai terminé ma vie active comme ingénieur dans une filiale de Renault..»

Le Capitaine de Vaisseau honoraire Jean Picard d'Estelan, à léepoque, Capitaine de Frégate, a pris le Commandement du Surcouf le 21 mai 1961 et il l'a quitté le 15 juin 1962. II a accepté de me recevoir. Vif, chaleureux, il a aimablement répondu à mes questions, centrées sur le point particulier de sa carrière qui a soudain coincidé avec un épisode douloureux, et maintenant lointain, de notre histoire.

F.D. - Avant de vous rencontrer, j'ai tenté de me renseigner sur le Surcouf, au Service Historique de la Marine, à Vincennes. Je n'ai reçu à consulter que quelques documents très techniques - votre rapport de fin de Commandement, par exemple -ou celui de la "condamnation" du Surcouf en 1972, mais aucun carnet de bord. Vous commandiez le Surcouf en 1961-1962. J'ai remarqué qu'on ne trouve, ni dans les très rares documents, ni dans les quelques ouvrages communiqués où il est cité, aucune mention de ces années, ni bien sur, de l'escale à Alger, le 26 mars 1962. Impasse totale... n'est-ce pas étonnant ?

Comme je posais la question, on m'a répondu que les documents et carnets de bord étaient maintenant dans les archives des ports d'at­tache des bâtiments. C'est donc Lorient pour le Surcouf, je n'y suis pas allée...

P.E. - C'est sûrement étonnant. Moi aussi, j'ai essayé d'obtenir des archives auprès des Services Historiques de Lorient et de Brest. Je n 'ai reçu que quelques bricoles. Je n'ai même pas eu la liste officielle de mon équipage et j'ai du reconstituer de mémoire celle des officiers de mon équipage! Je pensais que la Marine avait conservé les documents. Mais il faut remarquer que rien d'autre que les mouvements du bateau n'a figuré dans les archives du Surcouf puisque, finalement, il ne s'est rien passé...

F.D. - Ou qu'elle ne tient pas à ce qu'ils soient divulgués... La Flottille est partie de Toulon en janvier 1962...

P.E. - Ou II y a eu, partir du 28 janvier, un exercice combiné entre I'escadre de Méditerranée et le Flotte Américaine. Un exercice parmi beaucoup d'autres. Le thème, très classique, était d'assurer la maîtrise de la Méditerranée occidentale contre les attaques aériennes et sous-marines d'un "pays rouge". J'étais le chef d'un groupe de chasse anti-sous-marins, composé du Surcouf et de I'américain Putnam. Expérience intéressante de coopération entre deux navires équipés d'appareils de détection et d'armes différents. Par mauvaise mer, nous avons apprécié la complémentarité des deux types d'équipements et constaté que nos appareils étaient performants.

F.D. - Courant mars, vous avez fait escale à Ajaccio, puis à Naples...

P.E. - Nous étions à Naples du 15 au 21 mars. C'est Ià que nous avons appris la signature des Accords d'Evian et le Cessez-le-Feu. J'ai réuni I'équipage et je leur ai dit: vous en penserez ce que vous voudrez, mais, en fait, il s'agit d'une défaite pour la France. Je ne tolérerai donc pas de manifestations de satisfaction. Nous étions entourés d'autres bateaux qui ont tout entendu. Ce n'était pas un secret. D'ailleurs, j'étais déjà "classé" (10 14 TOP SECRET)

F.D. - Vous êtes ensuite arrivé à Bizerte le 22 mars. L'escale du Surcouf, dans la baie d'Alger, faisait-elle partie des exercices prévus ?

P.E. - Non, I'ordre est venu de Paris, via I'Amiral d'Escadre, de mettre deux Escorteurs d'Escadre à la disposition du Général Ailleret, I'Amiral d'Escadre a désigné le Contre-Amiral Bailleux, Commandant la Flottille et ayant marqué sur le Surcouf, pour diriger cette mission. Les deux bateaux sous ses ordres étaient le Surcouf et le Maille-Breze, commandé par le Capitaine de Frégate Pomier-Layrargues.

Nous sommes arrives à Alger le 25 mars. Notre Chef d'Etat-Major (Capitaine de Vaisseau Gueirard) est allé se présenter au Chef d'Etat-Major du Général Ailleret. Et c'est verbalement qu'il a reçu I'ordre de se préparer a tirer sur Bab-el-Oued. Au retour, il a rendu compte a I'Amiral Bailleux. Je n'étais pas présent. Je ne pense pas que I'Amiral Bailleux ait rencontré le Général Ailleret. Puis nous avons appareillé pour mouiller devant Matifou, à I'autre bout de la baie d'Alger. Nous avons ensuite reçu I'ordre de défiler devant Bab-el-Oued, à courte distance, le 26 au matin.

Bab-el-Oued avait tous ses pavillons en berne, et nous avions envie d'y mettre les nôtres aussi. Mais nous ne I'avons pas fait et nous nous sommes éloignés très vite.

Nous n 'avons jamais appelé aux postes de combat.

Mon opinion personnelle est, qu'après le drame de la rue d'lsly, on a essayé de faire participer la Marine et I'Armée de I'Air à la répression. La Marine a dit: non. J'insiste sur le fait que je n 'ai jamais reçu de I'Amiral Bailleux. d'ordre inacceptable. L'Amiral savait que je refuserais et, je le savais du même avis. Y a-t-il eu plus haut, et à quel échelon, un refus formel, je ne le sais pas.

Le 31 mars, le Surcouf est repassé devant Alger, au large cette fois, pour la poursuite des exercices.

Comme je l'ai dit, je n'ai pu consulter que très peu d'ouvrages et de documents, et je n'y ai trouvé aucune précision sur l'escale d'Alger, le 26 mars 1962, quand elle n'était pas simplement escamotée.

Par exemple, on lit: dans "Les flottes de combat"(7) une très intéressante description des capacités offensives du Surcouf, que le Général Ailleret espérait voir employées contre Bab-el-Oued. "Tous les affûts et tourelles sont télé-commandés à partir de télépointeurs munis d'appareils optiques et de radars a poursuite automatique, stabilisés au roulis et au tangage.

Ravitaillement semi-automatique depuis les soutes jusqu 'à la culasse, quel que soit le pointage des pièces en hauteur et direction. Grande caden­ce de tirs...".

Mais l'auteur passe de "la refonte à Brest en 1961-1962 pour le transformer en bâtiment de Commandement", à la mention de son affectation à l'Escadre de Méditerranée "de 1961 à 1964", sans plus de précision.

Dans le bref historique figurant au rapport du Contre-Amiral Sanguinetti: "En 1961, il reprend de I'activité à TOULON, BIZERTE, MER-EL-KEBIR (majuscules dans le texte). II rallie BREST pour un nouveau grand carénage à la fin de 1964... "(Cool. Rien sur l'Escadre de Méditerranée, ni sur les exercices "franco-américains d'intérêt majeur"(4) et Alger n'est pas mentionné.

- Dans le très bel ouvrage "De nouveaux noms sur la mer"(9), nous passons d'octobre 1961 ou "le Surcouf arrive à Toulon pour remplir le rôle de Bâtiment de Commandement de la 1ère FEE"... à mai 1962 ou il est à Brest "pour participer à une grande manifestation navale de réconciliation entre la France et l'Allemagne"...

Enfin, dans "Escorteurs d'Escadre"(4), sorti en 1997, l'escale d'Alger est simplement mentionnée dans le passage cité précédemment.

Certes, dans tous ces exemples échelonnés dans le temps, il s'agit d'historiques courts. II est pourtant permis de s'étonner que, dans aucun, le choix des faits estimés assez importants pour être cités, n'ait comporté cette escale d'Alger.

Remplace par le Général Fourquet, le Général Ailleret a quitté Alger le 25 avril 1962, un mois après le drame, alors que les Français d'Algérie, choqués au plus pro-fond, désespérés, se précipitaient vers les rares bateaux et les avions, dans une fuite éperdue.

Le 8 mars 1968, il a trouve la mort dans l'accident d'avion qui devait le ramener de La Réunion, "accident" discrètement annoncé et fort peu expliqué (10).

En métropole, les Français d'Algérie se débattaient alors dans les difficultés sans nombre de l’adaptation à un déracinement mal préparé qui les révoltait. Volontiers fatalistes, ceux qui l’ont su y ont vu la marque d'une justice immanente.

Le Surcouf, après un grand carénage à Brest, participa, à partir de 1965, aux activités de l'Escadre d'Atlantique. En 1971, il fut abordé de nuit par le pétrolier soviétique "Général Boucharov" dont l'étrave enfonça son flanc tribord à l'avant de la première cheminée. II y eut un blessé grave et cinq disparus.

"L'Escorteur d'Escadre Surcouf n 'étant ni repérable, ni réutilisable dans sa situation actuelle, je vous propose de condamner le bâtiment afin de I 'utiliser comme cible pour des tirs de Marine " écrit le Contre-Amiral Sanguinetti au Ministère de la Défense Nationale (Cool.

Triste fin pour un navire commandé, un jour, par des officiers qui surent, en refusant de tirer, donner au mot Honneur, son sens le plus haut.

NOTES

(1) Brouillon autographe, "premier jet", comportant de nombreuses ratures et cor­rections, d'un discours prononce à l'Hôtel de ville d'Alger par le Général De Gaulle, le 26 mars 1944. Adjugé pour 100000 F à un acheteur resté anonyme. (Extrait du catalogue de l'Hôtel des Ventes Drouot, Paris 11-12-98).

(2) "Autopsie de la guerre d'Algérie", Ph. Trippier, Ed. France-Empire (1972), d'où sont également extraites la plupart des dates qui précèdent.

(3) "Un crime sans assassins", Marie-Jeanne Rey et Francine Dessaigne, Ed. Confrérie-Castille (1994).

(4) "Escorteurs d'Escadre", R. Dumas et J. Moulin, Ed. Marine (1997).

(5) "La dernière année de l'Algérie Française", P. Henissart, traduit de I'américain par B. Fournels, Ed. Grasset (1970).

(6) Publications A. Figureras, BP 575 - 75027 Paris Cedex 07.

(7) "Les flottes de combat", H. Le Masson, Ed. Maritimes et d'Outre-Mer, Paris (1962).

(Cool Rapport au Ministre de la Défense Nationale, pour I'Amiral Joybert, Chef de l'EM de la Marine, P.O. le Contre-Amiral Sanguinetti, Major- Général de la Marine (21-04-1972).

(9) "De nouveaux noms sur la mer", Contre-Amiral R. Fremy et Capitaine de Vaisseau G. Basili, ACORAM (1994).

(10) Curieusement, un roman de politique-fiction a paru, au Canada, en

1977: "Mort d'un général" de John Saul, traduit en français et édité la même année par le Seuil; puis réédité par Rivages en 1997. étude des milieux politico-militaires semble correspondre à des recherches ou des contacts sérieux. L'auteur avance une hypothèse plausible à propos des responsables de "!'accident", et donne une description très critique du caractère du "général Marcotte", clone d'Ailleret.

 

 

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Re : Appel reçu.
« Répondre #21 le: Mai 14, 2008, 02:46:11 »

 


PV/AV
DELEGATION GENERALE en ALGERIE
CABINET DU DELEGUE GENERAL
REPUBLIQUE FRANCAISE
ALGER, le 2 Ml 1961
SECRET CONFIDENTIEL

IQ Préfet de Police d’0 R A N

OBJET : Utilisation des armements de grande puissance en

vue du maintien de l'ordre dans la zones de compétence des Préfets de Police d'Alger et d'Oran

Votre lettre p/B/AS n° 20 en date du 1.7-1961 Votre télégramme du 20.7.1961

Par vos deux dépêches en date des 1er et 20 juil­let 1961 vous m'avez prié de vous préciser l’interprétation qu’il convient de donner à I’article 24- de l'Instruction Interministérielle du 1er mars 1961 qui prévoit que l'emploi en vue du maintien de l'ordre, des armements à grande puis­sance et des véhicules porteurs, est subordonné à une autorisation du Premier ministre (E.M.G.D.N. ) ou de l'autorité ayant expressément reçu délégation à cet effet.

1 - En principe ma directive en date du 21 mars 1961, prise pour l’application du décret n° 61-224, n'autorise aucune dérogation aux dispositions de l’instruction Inter-ministérielle du 1er mars, qui s'applique intégralement dans les circonscriptions relevant de la compétence des deux Préfets de Police.

Par conséquent,, la mise en oeuvre de certains moyens ou armements sans autorisation ministérielle spéciale, ne saurait être envisagé des lors que cette autorisation préalable est obligatoirement prévue par voie d'instruction interministérielle.

2 - Dépendant, il est éminemment souhaitable que l'emploi de moyens de cette nature, tels que véhicules terrestres ou aériens porteurs d'armements lourds, puisse être requis sans délai par l'autorité responsable de l'ordre public, à titre préventif, et sans que l’usage du feu soit à priori.

Aussi me parait-il possible de faire jouer, au par particulier que vous ayez évoqué, l'article 19 de I'instruction Interministérielle qui habilite I'autorité civile, responsable du maintien de l’ordre, demander ou requérir, le titre de mesure préventive directe ne comportant pas l'emploi de la force, la participation de patrouille à exceptionnelles (véhicules blindés) d’aéronefs ou de navires.

La participation de ces moyens doit normalement être accordé par l’autorité militaire des lors qu'il s'agit d'armements, d’équipements et véhicules organiques des forces armées placés sous réquisition.

Je m'emploie à faire confirmer ce point de vue par M. le Général commandant, supérieur interarmées en Algérie afin que le concours des moyens de cette nature vous soit effectivement assuré par M. le Général commandant le corps d'armée d’0ran (d’Alger)4

3 -Selon l’interprétation ainsi donnée par l‘article 24 et que je souhaite voir consacré par l’E.M.G-.D.H. et le Général commandant supérieur interarmées, l’autorisation ministérielle préalable n'est donc obligatoire que dans le cas où l'utilisation des armements & grande puissance et des engins qui en sont pourvus est requise non plus seulement dans un but préventif mais dans des opérations de maintien de l'ordre comportant le recours éventuel, la force, m.o sans usage des armes.

C'est pourquoi j'ai prié M. le Premier ministre, dans le cadre de mes pouvoirs en matière de défense et de sécurité du territoire, de bien vouloir me donner délégation afin que je puisse être en mesure de vous autoriser à requérir l'emploi de tels moyens en vue du rétablissement t de l'ordre comportant usage de la force.

Toutefois, si la délégation sollicité m’était effectivement accordé, il reste entendu que I’usage de ces armes, c'est à dire l'ouverture du feu - hors les cas de légitime défense - demeure soumis à l’autorisation préalable du Premier ministre (E.M.G.D.N.).

Je vous autorise à communiquer la teneur de la présente correspondance à M. le Général commandant le corps d'armée d'Oran (d'Alger) en attendant que celui-ci reçoive de M. le Général commandant supérieur interarmées ins­tructions complémentaires à ce sujet.

le Délégué Général en Algérie

Signe : Jean MORIN En communication, à titre d’information, à

- M. le Préfet de Police d ' ALGER
- M. le Colonel, Chef du Bureau Spécialiste de la Défense Nationale

 

 

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Re : Appel reçu.
« Répondre #22 le: Mai 14, 2008, 02:47:50 »

 


.P. 87.-00 le 16 octobre 1961

-NOTE -
CCi/LIAND3:TT SUPERIEUR DES FORCES EN ALGERIE
ETAT-MAJOR INTTERARMEES
3 ème BUREAU N°3.959 /CSFA.E-.II/3. OP/E
pour
- M. le Général Commandant la R.T. et le C.A. ALGER
- M. le Général Commandant la R.T. et le C.A. D'ORAN
- M. le Général Commandant la R.T. et le C.A. de CONSTANTINE
- M. le Général Commandant la 5eme Région Aérienne,

le Vice-Amiral Préfet Maritime de la IVème Région maritime,

0 B J E T ; Utilisation des véhicules, aéronefs et navires pourvus
d'armement à grande puissance, en vue du maintien de l'ordre en Algérie.

REFERENCE instruction Interministérielle 161/EI.IGDN/ORG du 1er Mars 1961

Dans le cadre des dispositions de l'article 24 de l'I.M. de référence, le Premier Ministre vient de donner délégation permanente à Monsieur le Délégué Général pour autorisé en ALGERIE l’emploi par les Forces Armées des véhicules, aéronefs et navires pourvus d'armement à grande puissance, en vue du maintien de l'ordre, mais rappelle que sauf dans les cas prévus à I’article 26 de l'I.M. précité, I’usage de l'armement à grande puissance reste soumis à sa décision.

Les conditions d'emploi préventif des véhicules blindés, aéronefs et navires, de mise en oeuvre de I'armement léger et à grande puissance et les modalités de réquisition par l'autorité civile sont précisées dans le tableau joint. L'autorité militaire reste toujours libre du choix des moyens, comité tenu d'une part de ses disponibilités, d'autre part des effets à produire pour assurer le main­tien de I’ordre.

Le Général de Corps d'Armée AILLERET Commandant Supérieur des Forces en Algérie

signe

AILLERET

 

 

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Re : Appel reçu.
« Répondre #23 le: Mai 14, 2008, 02:48:38 »

 


S.P. 87 000, le 26 Décembre 1961
COMANDEMENT SUPERIEUR DES FORCES EN ALGERIE
ETAT-MAJOR INTERARMEES 2e et 3e BUREAUX
4 737/CSFA/ELAI/2/IITT.SC 4 779/CSFA/EMI/OP/E.SC
DIRECTIVE

OBJET : Action des Forces Armées contre les organisations factieuses.

L'Ordre du Jour du 18 décembre du Ministre des Armées prescrit à toutes les Forces armées "de faire échec par les moyens les plus énergiques aux menées criminelles et aux tentatives des factieux".

La présente directive a pour but de préciser aux Forces armées en Algérie comment doit s'exercer leur action dans ce domaine.

Celles-ci doivent dans le cadre de la lutte contre les organisations factieuses se réclamant de la soi-disant O.A.S.:

1°) Assurer leur propre sécurité vis-à-vis d'elles, dans les mêmes conditions qu'a l'égard de toute entreprise visant à atteindre leurs forces morales et physiques. Elles doivent en particulier éliminer de leurs rangs tous les éléments appartenant à l'O.A.S. ou manifestant en sa faveur une sympathie agissante.

2°) Participer à la recherche des déserteurs, des anciens militaires qui se sont mis hors la loi et des autres cri­minels et, le cas échéant, les arrêter ou contribuer à leur arrestation.

---==oOo==---

3°) Prêter main-forte aux forces de police chargées de la recherche et de l'Elimination des membres de l’organi­sation factieuse et leur assurer, sur la demande des autorités civiles responsables, aide et protection au cours de leurs opérations.

4°) En raison de leurs attributions légales en matière de maintien de l’ordre, de sécurité et de défense du territoire, se tenir renseignés sur les tentatives de troubles que se proposeraient de susciter les organisations factieuses maintenir et éventuellement rétablir l’ordre.

1. - SECURITE DES FORCES DE L’ORDRE VIS A VIS DE L ' O.A.S

La lutte contra I'O.A. S. à I'intérieur des Forces armées est de la responsabilité du Commandement.

II est du devoir des chefs, à tous les échelons, d'apporter la plus grande attention au loyalisme et à la discipline de leur subordonnés civils doivent connaître et suivre de près. Lorsqu'ils constatent chez certains d'entre eux une tendance à l'oubli de leurs devoirs, ils sont tenus d'exercer leur action de manière à les remettre dans le droit chemin. Si, cette action se révélant inefficace ou insuffisamment efficace, le comportement des intéressés devient un exemple pernicieux pour leur entourage, ils doivent immédiatement proposer, par la voie hiérarchique, les mesures nécessaires, c'est à dire la mutation des intéressés et, en cas de fautes, les sanctions ou poursuites judiciaires cor­respondent à la gravité des faits constatés.

Ils ne doivent pas considérer que la détection et l'élimination des membres ou de complices de l'O.A.S. dans nos Forces armées ne les concernant pas et regardant exclusivement la sécurité militaire. Ce service n'est qu'une organisation technique à la disposition des divers échelons du Commandement.

En apportant son aide aux Commandants de Grandes Unités et aux Chefs de Corps, il ne leur enlève en rien la responsabilité de maintenir en tous temps les formations sous leurs ordres dans la discipline et le loyalisme les plus stricts.

II sera, par ailleurs, rappelé à tous les militaires qu'ils ont le devoir de rendre compte de toute ten­tative, directe ou indirecte, d'une organisation factieuse pour les contacter ou les enrôler en particulier tout militaire destinataire d'une lettre d’un membre de l'O.A.S., écrivant à ce titre, devra rendre compte immédiatement à son chef direct.

La non observation de ces règles rend l'intéressé passible de sanctions disciplinaires dans les cas de simples contacts non signalés et de poursuites devant le tribunal militaire pour atteinte à la, sûreté de l'Etat dans le cas ou le contact aurait été suivi d'activités au profit d'une orga­nisation factieuse.

La sécurité intérieure des Forces armées doit être assurée par la mise en oeuvre de dispositifs toujours en garde en particulier contre les surprises, ruses et tromperies de tout genre, et prêts à riposter efficacement à toute action par le feu. Les dispositifs statiques, notaient, afin d'éviter la surprise et décourager les entreprises des factieux, doivent faire appel, au maximum, aux techniques de l'organi­sation défensive.

2.- RECHERCHE DES DESERTEURS ET DES ANCIENS MILITAIRES HORS LA LOI

Les Forces armées doivent participer à la recherche des déserteurs et ex-militaires par " le renseignement et, éventuellement, arrêter ces personnels ou contribuer à leur arrestation.

Tout militaire détenteur d'un renseignement concernant la présence ou les déplacements d'un déserteur ou ex-militaire se doit de le communiquer immédiatement à ses supérieurs hiérarchiques ou, à défaut, aux autorités militaires, ou gendarmerie ou de police les plus voisines.

Les contrôles routiers ou urbains effectués par les Forces armées, indépendamment des buts particuliers qu'ils peuvent avoir, viseront toujours à la recherche des déserteurs ou militaires ex-contumaces et à leur arrestation

immédiate s'ils sont découverts.


3. AIDE AUX SERVICES DE POLICE

La responsabilité de la destruction de l'organisation factieuse appartient à l'autorite civile, qui dispose des polices.

Les Forces armées, à chaque échelon, apporteront leur concours aux services de police agissant contre l'O.A.S., à la demande des autorités civiles responsables du cette ac­tion.

Cette aide s'exercera alors, dans le domaine des transports terrestres et aériens suivant procédures réglementaires, comme dans celui des opérations de recherche, de perquisition ou d'arrestation par les équipes spécialisées de police et de gendarmerie, sous la forme de détachements de protection, de garde ou d'escorte.

De plus, agissant dans le cadre de leurs activités propres, les forces armées mettront immédiatement en état d'arrestation et placeront des

que possible entre les mains des services spécialisés dans la lutte contre l'O.A.S. les civils décelés - au cours des contrôles routiers ou urbains notamment - comme membres da I’organisation factieuse ou présumés tels (détention d'armes ou d'explosifs sans autorisation régulière, absence de pièce d'identité ou de documents réguliers de véhicule, papiers manifestement faux, etc...)

II sera rappelé en outre aux exécutants qu'ils doivent obligatoirement automatiquement prêter main-forte aux agents de I'autorité an cas d'urgence manifeste.


4, PREVENTION DES TROUBLES ET MAINTIEN DE L’ORDRE

Une des missions permanentes de L'Armée est d’as­surer le respect et la défense de la loi en participant à la prévention des troubles et, au besoin, au maintien et au rétablissement de l' ordre dans les conditions prévus par la législation et les règlements en vigueur.

Les Forces armées attendront en disposant en permanence des renseignements nécessaires à l'évaluation de la menace et en étant en mesure de mettre en oeuvre les dispositifs capables d'agir selon les modalités appropriées a I’évolution de la situation.

Les Forces armées de troisième catégorie peuvent avoir à agir en maintien da I’ordre, soit an face de manifes­tations de masse, soit contre des mouvements séditieux armés.

Dans tous les cas elles doivent être employées en unités constituées aussi importantes que possible, opérant sous les ordres de leurs chefs, à I’exclusion de petits détachements dispersés.

Vis-à-vis des manifestations de masse ne comprenant pas de manifestants en armes, les Forces armées appli­quent les instructions relatives au maintien de l’ordre.

Cependant, en face d'organisations révolutionnaires disposant d'armes de guerre et faisant ouvertement profusion de vouloir s'en servir un jour, il y a lieu de prendre en tous temps les mesures de sûreté nécessaires à I'accomplissement des missions en dépit des actions adverses et avec Ie minimum de pertes pour nos troupes.

Qu'il s'agisse de la défense d'un point sensible, d'une position dont elle est responsable, de I’exécution d'une mission de maintien de l'ordre qui lui est confiée ou de sa propre sauvegarde, une troupe qui fait l'objet d'une attaque armée ou de menaces armées caractérisées doit ouvrir le feu sans hésiter.

Par ailleurs, le feu est ouvert contre tout individu ou groupe tentant. de pénétrer dans une zone ou enceinte interdite et ne répondant pas aux somations.

En bref, le feu doit être ouvert sans hésiter par tout détachement qui ne peut accomplir autrement sa Mission de maintien ou de rétablissement de l'ordre. Le combat avec tous moyens de feu adéquats sera engagé contre tous Les

insurgés armés qui refuseraient de déposer leurs armes ou qui afficheraient une attitude menaçante .

Face à une insurrection armée se protégeant derrière des manifestations populaires, une troupe doit couvrir avant tout sa complète liberté d’action tout en restant en sûreté. Elle devra dans ce cas ouvrir le feu sans hésitation tout en prenant toutes précautions pour ajuster ses tirs sur les éléments armés et épargner les populations utilisées comme écran par les insurgés.

Les Forces armées en Algérie doivent tout faire pour que l'ordre soit maintenu. S'il s'agit de simples manifestations, l'ordre doit être rétabli dans l'esprit d'humanité qui est celui de l'I.M. du 1er mars 1961. Si au contraire nos uni­tés avaient à s'opposer à une insurrection comportant des élé­ments armés entrant en rebellions contre la loi, ceux-ci devraient être mis hors d'état de nuire au plus tôt par les moyens les plus énergiques. C'est ainsi que les pertes en vies humaines seraient réduites au minimum possible.

Le Général de Corps d'Armée AILLERET Commandant Supérieur des Forces en Algérie.

 

 

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Re : Appel reçu.
« Répondre #24 le: Mai 14, 2008, 02:49:28 »

 


à méditer.

1) La réponse du Délégué Général en Algérie, Jean Morin, au Préfet de Police d'Oran (24/7/1961), nous apprend :

- d'abord que l'intervention de "véhicules, aéronefs et navires, pourvus d'armement à grand puissance" était prévue depuis une Instruction Ministériel du 1er mars 1961, soit depuis les premiers contacts secrets avec le GPRA.

- ensuite, l'inquiétude du Préfet qui l'a conduit à demander des précisions.

- enfin, que le souci d'une grande rapidité de réaction, a conduit le DGA à demander une délégation lui permettant d'autoriser l'autorité civile à "demander ou requérir" de l'autorité militaire, l'emploi de ces moyens.

2) la note 3.959 du Général Ailleret (16/10/1961) que la DGA "vient de l'obtenir". Le GENESUPER la répercute aussitôt aux Corps d'Armée, en précisant: "l'autorité militaire reste toujours libre du choix des moyens". Les directives du Gouvernement seront appliquées, sans hésiter, par Jean Morin et Ailleret "choisis pour ça".

3) la directive n° 4737 du G. Ailleret (26/12/1961), précise son ordre du jour du 20 septembre précédent. On remarque qu'il n'y est pas question du FLN ou de l'ALN, mais uniquement des "organisations factieuses se réclamant de la soi-disant OAS".

4) les extraits de la note 731 (2/3/1962) prouve une constante dans les directives, et présentent dans la formulation, un certain humour qu'il est permis de ne pas apprécier.

5) message n° 3722 du 18 mars 1962

En dépit de huit années de terrorisme FLN, la Cour Martiale n'existait, semble-t-il, ni à Oran, ni à Alger, puisque le Général De Gaulle estime nécessaire de les créer à la veille de l'annonce officielle de la signature des Accords d'Evian. Sans commentaire...

6) Le Général de Menditte ayant rapidement relu les instructions du GENESUPER, les répercute aussitôt par une note (24/3/1962).

7) et Bab-el-Oued, sans la moindre envie de commenter.

Le souvenir passe d'hommes de tous ages rafles sans ménagements, et d'une petite fille de dix ans, tuée par le "Service d'Ordre" pour avoir entrouvert ses volets...

Coolenfin, le 26 mars 1962, la révolte indignée et douloureuse, d'un inconnu.

 

 

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Re : Appel reçu.
« Répondre #25 le: Mai 14, 2008, 02:53:14 »

 


Photos - Sans commentaire

 

 

 

Morgue d'Alger

 




 

 

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Re : Appel reçu.
« Répondre #26 le: Mai 14, 2008, 02:55:12 »

 


Francoise MESQUIDA  après plus de 41 ans de silence dans la douleur et le souvenir trouve la force d’écrire son histoire afin de se libérer

Ce lundi 26 mars aurait pu être un lundi comme les autres. Mieux encore : à cause des bombes, des enlèvements, des massacres, de cette guerre en somme ou de la grève - je ne sais plus - l'école était fermée.

La veille au soir, je ne m'étais pas couchée avec le cafard provoqué par la perspective d'une longue et horrible semaine d'école à attaquer, dès le lendemain. La guerre m'offrait un sursis. Je l'en remerciais presque. Elle détournait l'attention paternelle de ma scolarité. Oui, je me croyais en vacances et presque libre, quasi enfermée dans notre appartement, dans ce pays en guerre.

Pour repousser les limites autorisées, s'aérer en quelque sorte, tout devenait prétexte : le pain à la boulangerie du coin, le courrier dans la boite aux lettres, malgré le peu d'espoir d'en trouver à cause des grèves... Justement ce matin-là, en place de courrier, il y avait un tract. Signé de l'OAS, il demandait à tous les pieds-noirs de venir, sans armes, sans cris, drapeaux en tête, porter soutien aux habitants de Bab-el-Oued qui, privés d'eau et de vivres, étaient prisonniers des forces de l'ordre : un blocus dont les habitants de ce quartier étaient victimes depuis quatre jours.

Les hommes - jeunes et vieux - avaient été embarqués, puis parqués pour contrôle d'identité. Pendant ce temps, livrés à la menace de se faire descendre, les femmes et les enfants restaient cloîtrés chez eux. Des hélicoptères survolaient le quartier en tirant sur les terrasses. Dans les rues, des blindés et des chars visaient également les balcons, les fenêtres et les façades des maisons. Il y eut des morts. Et parmi les blessés privés de soin, beaucoup moururent à leur tour. Lucien - le fils de papa - vivait à Bab-el-Oued, ainsi qu'une tante et des amis... Qu'en était-il de leur sort, à ce jour ?

Les voisins se consultaient entre eux, à propos du tract reçu le matin. Certains trouvaient l'idée judicieuse. D'autres se méfiaient : des bruits couraient sur ce tract pressenti comme un piège des parties adverses. D'autres encore, moins hardis ou moins impliqués, considéraient la démarche non sans danger. Il y avait enfin ceux qui, vaincus par le désespoir, avaient perdu foi en tout.

Bien que directement concernés, papa et maman hésitaient. Quand l'un disait oui, l'autre disait non. Ils étaient submergés, tantôt par le doute, tantôt par le devoir de porter soutien aux compatriotes en danger. Peut-être que ce geste ferait fléchir les armes, désarmerait le cœur des CRS, des gardes mobiles ?

Après tout, c'était aussi des êtres humains, ces gens-là !

Mes soeurs et moi espérions secrètement qu'ils y aillent. Un peu moins de tension, à cause de cette guerre, un peu plus d'espace et de liberté en leur absence. Enfin, ils tombèrent d'accord.

Je les regardais se préparer tout en craignant qu'ils ne se ravisent. Toujours possible avec les parents ! J'observais, mine de rien, pour ne pas trahir ce désir coupable de les voir partir.

Papa venait de prendre la meilleure décision possible, pour moi. J'échappais de justesse à la dictée d'un texte rempli de pièges et dans lesquels, à coup sûr, je serais tombée. Il aurait enchaîné sur un problème de trains, d'horaires et de rencontre à me faire dérailler. Et pour m'achever, il aurait dérivé sur l'histoire du robinet qui goutte jusqu'à débordement, à cause de mon inattention.

Elle, maman, partait avec lui. C'était ensemble ou rien. Alors, sans aucune alternative... ! Je l'observais se préparer. Déjà coiffée, habillée tout de blanc, elle était allée dépendre un vêtement accroché sur le fil à linge du balcon. Elle prit son sac noir, il mit sa veste, et ils sortirent. Je ne sais plus s'ils nous ont dit au revoir en partant. Quand la porte s'est refermée derrière eux, nous avons un peu attendu, peut-être même guetté sur le balcon pour nous assurer de leur départ.

Quelques minutes plus tard, bravant l'interdit, mes sœurs aînées sortaient rejoindre plus probablement des garçons que des filles. Nicole et moi en profitions pour recevoir Marie-José, une petite voisine. Ses parents n'étaient pas sortis mais, plus libre que nous, elle pouvait aller à sa guise. C'était en quelque sorte des retrouvailles, puisque depuis longtemps papa contrôlait nos fréquentations et nous trouvait d'ailleurs suffisamment nombreuses toutes les quatre.

Au bout d'une demi-heure, le bruit d'hélicoptères survolant Alger nous déconcentra. Interrompant le jeu, nous sortîmes sur le balcon, côté boulevard, pour suivre des yeux le vol de ces petits oiseaux de guerre. Dans le lointain, on entendait le bruit de fusils mitrailleurs. Il y avait du monde accoudé aux balcons, côté boulevard. Toutes les têtes levées vers le ciel. Nicole ou moi, ou toutes les deux ensemble peut-être, nous adressant à Marie-José, lançâmes à la cantonade :

« Si nos parents étaient un peu blessés, pendant qu'ils seraient à l'hôpital, on dormirait chez toi ! »

L'idée nous réjouit, toutes les trois.

Dans la cage d'escaliers, résonnaient les pas des gens qui grimpaient vers les terrasses pour voir ce qu'il se passait sur Alger. Nicole et Marie-José voulurent en faire autant. Je tâchai de dissuader Nicole. Auprès des aînées, toute tentative aurait été vaine. Mon ascendant sur Nicole me donna quelque espoir. Je mis en exergue la désobéissance et ses futures conséquences, mais rien n'y fit. Nicole vola sur les traces de ses aînées. Inquiète pour mes sœurs, je fis les cent pas d'un balcon à l'autre. D'un côté à l'écoute des bruits de la guerre et de l'autre aux aguets, tout en priant le retour de mes soeurs avant celui des parents. Je craignais la férule paternelle et, ne pouvant l'éviter dans le domaine scolaire, je m'employais donc à la discipline dans d'autres domaines. J'entendis la porte s'ouvrir et vis Nicole me rejoindre sur le balcon. Elle s'accouda à côté de moi, et je fis à nouveau le guet vers l'entrée de l'immeuble.

Soudain, je vis papa entouré d'une foule de gens et soutenu par deux hommes. Ils allaient tous franchir l'entrée. Je criai :

« Papa est blessé ! Papa est blessé !

Nicole eut juste le temps de se hisser sur la pointe des pieds pour apercevoir papa.

- Va chercher les autres, dis-je en parlant des aînées et en me précipitant à sa suite sur le palier. »

Justement, elles arrivaient en courant. Dans l'escalier, on entendait maintenant les pleurs douloureux de papa et les voix des gens qui tentaient de le calmer. Et puis on le vit, lui papa, complètement effondré, hurlant tel un animal blessé, avec cette foule tout autour de lui.

Tout le monde entra dans la cuisine. On assit papa sur une chaise. Les gens pleuraient et nous aussi maintenant.

« Papa, tu es blessé ? »

Papa ne répondit pas. Ses sanglots, ses hurlements de douleur lui bloquaient sans doute la parole.

« Et maman ? Où est maman ? demande-t-on soudain. »

Personne ne répond. Papa redouble de sanglots. Et je lis dans tous ces yeux posés sur nous une immense pitié, une compassion terrible, effroyable. Une impuissance éternelle.

Pourquoi ces regards ?

Et pourquoi le tien papa ?

Maman est blessée ?

Tu n'oses pas nous le dire ?

« Où est maman, papa ? Où est maman ? hurle-t­on de pressentiment, de désespoir. »

L'attente de savoir est atroce, mais plus effroyable ce silence.

« Elle est blessée, nous dit-il, d'une voix étouffée par les sanglots.

- On veut la voir ! hurlons-nous, prêtes à tirer papa de sa chaise. »

Mais papa ne bouge pas. Juste il nous regarde, hébété. Et je lis avec effroi, dans ses yeux injectés de sang, accablement, désespoir... Et soudain, je crois entendre :

« Dites-leur ! Il faut leur dire !

Leur dire quoi ? Mais de quoi parlent-ils, tous ? Non pitié, ne dites rien ! Je ne veux plus rien savoir !

Et l'atroce vérité est sortie des profondeurs de sa douleur, presque brutalement :

« Ils l'ont tuée, a dit papa. Ils ont tué votre maman. »

Je me bouche les oreilles. Trop tard. Le pire vient d'entrer en coup de poignard.

Nous hurlons, hurlons d'effroi et de douleur. Comme des bêtes...

Les gens nous attrapent, nous serrent tout contre eux, pour tenter de nous calmer. Je me débats. Je manque d'air. Je suffoque :

« Maman ! Rendez-moi ma maman ! »

La douleur est toute puissante, insupportable. Je me précipite contre papa, je m'accroche à lui. Comment échapper à l'horreur ? Se réveiller du cauchemar ? Mes sœurs se sont enfuies sur le palier et leurs cris frappent dans ma tête, me broient le cœur :

« Maman ! Maman ! » intensifiant ma douleur. Oh mon dieu, faites que ce ne soit pas vrai ! Demain je me réveillerai et tout ira bien. Je vous en supplie, mon dieu, faites ! Papa me serre fort dans ses bras, comme jamais. Les sanglots secouent son corps. Joue contre joue nos larmes se mêlent. Lui, si fort d'habitude, et maintenant tout effondré, vulnérable, hurlant comme un petit privé de sa mère. Notre mère à tous.

C'était insupportable. Insupportable ma douleur et celle des miens. Insupportable le pire, l'irréversible... J'étais claustrée en ce monde brutalement privé d'air. Un monde lourd qui m'écrasait de toute part. J'étais ici et maintenant dans l'enfer absolu... et pour toujours. La vie m'enseignait cruellement la mort en m'habitant de ses affres. Maman n'était plus et jamais ne sera : elle venait de basculer en un monde parallèle qui frôle ce monde-ci pour happer les âmes, mais jamais ne le croise. Il me faudrait donc attendre, avant de la revoir, jusqu'au bout de ma vie avec l'espoir de l'existence en ce monde-là. Et respirer sans elle, en attendant...

Mais comment vivre ici, vivre encore, après ? Par pitié... revenir en arrière, changer le cours des choses... les empêcher de partir... d'y aller... Arrêter le massacre... abandonner ce pays avant le trop tard... Trop tard. Tout est fini maintenant. Et pourtant, je m'accroche encore un peu, sans trop y croire et demande entre deux sanglots :

« Papa ! Peut-être qu'elle est juste blessée ? »

Papa ne répond pas. Il me serre encore plus fort, comme pour se raccrocher lui aussi à quelque chose. N'importe quoi. Tout, sauf le néant. Remplir ce vide oppressant que pourtant rien ne peut combler. Il s'accroche, mais je n'ai que misère à lui offrir. Il me serre davantage. Il me fait mal, mais ça n'est rien ; rien à côté de la douleur de mon cœur et de mon âme meurtris à jamais.

Une dame s'est faufilée pour s'approcher de nous. Je sens dans la voix toute la compassion, la sincérité de ses paroles :

« Ne pleurez plus, dit-elle. Maintenant elle est au ciel, avec Dieu. Elle vous voit et vous entend. Ne pleurez plus... »

Papa n'a rien dit. Il a laissé dire sans protester, lui si hermétique à toute bondieuserie. Mais il a entendu, j'en suis sûre. Il nous a prises toutes les quatre dans ses bras. Nous nous serrons les uns aux autres, unis par le malheur, suffoquant de douleur. Tous les cinq. Sans elle, à jamais. Amputés d'elle. Alors Dieu, si tu existes, je veux y croire de toutes mes forces, parce que je n'ai plus que ça. Oui, je veux croire qu'elle vit encore quelque part, et pas juste dans des souvenirs ; et qu'un jour, elle et moi, nous nous retrouverons. Et si Dieu tu n'existais pas, alors je t'en prie, existe au moins pour elle, pour moi. Pour survivre à l'horreur, même si je n'ai plus ni force, ni goût.

Le soir est arrivé... je ne sais comment. Je suis allée me coucher comprenant que rien ne serait plus pareil, désormais. Cette chambre vide... à côté de la mienne : la sienne. Sa place encore chaude dans le lit. Je me suis glissée dans mes draps glacés en pleurant. Ce soir, et plus jamais, maman ne viendra me border... jeter un œil pour voir si je dors bien.

Cette vie brisée, sans elle... Des hommes me l'avaient tuée sans me laisser le temps de lui dire au revoir. Lui dire que je l'aimais. Oh mon Dieu, ce monde, ce n'est pas mon monde, c'est l'immonde ! Il n'y avait jamais eu si peu d'air à respirer autour de moi. Dans cet acte de la respiration, l'inspire m'était douloureux, étant par lui-même un élan de vie, une ascension, une allégresse...tout ce que je n'étais plus en somme, ne ressentais plus. La force d'inspirer m'abandonnait. Seule me semblait supportable l'expire. Ce que j'étais en ce moment douloureux : la chute, l'abattement, la petite mort. Les morts, restent-ils là à respirer tout près pour s'imprégner, faire provision de nous et compenser ainsi là-haut notre absence, tant l'air nous manque quand ils s'en vont ? Mais demain peut-être, demain, je me réveillerais de ce cauchemar... Par la grâce de Dieu, je m'endormis enfin.

suite...

 

 

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Re : Appel reçu.
« Répondre #27 le: Mai 14, 2008, 02:55:34 »

 


Les pleurs de papa me réveillèrent en pleine nuit, me replongeant brutalement dans le cauchemar de cette réalité. Je me précipitai dans le salon où il était avec un oncle : l'oncle Antoine.

Pauvre oncle. Lui aussi s'était joint au cortège en route pour Bab-el-Oued, puisque sa sœur y vivait. Toutes les rues étaient bloquées, canalisant la foule vers la rue d'Isly - seule artère disponible en direction de Bab-el-Oued - S'y engouffrant, la foule fut prise soudain dans une nasse : derrière elle, le barrage se referma et, sans sommation, l'armée tira.

L'oncle marchait à côté de papa et maman au moment où la fusillade éclata dans leur dos. Comme certains, tous les trois s'étaient instinctivement jetés à terre. Ceux qui tentèrent de s'échapper, tombèrent sous les rafales des mitraillettes.

Pendant douze minutes, l'armée française arrosa de ses balles des civils français sans armes, sans défense, allongés à terre. Dès le début de la fusillade, maman dit à papa :

« Fred ! Reste couché, on tire de partout. »

Pauvre maman ! Ce seront ses dernières paroles. Cinq minutes après le début du massacre, maman reçut deux balles. L'une d'elles, en pleine poitrine, lui traversa le cœur, les entrailles avant de sortir par la cuisse. Morte sur le coup, paraît-il. Je l'espère.

L'oncle, lui non plus, ne pouvait pas dormir ce soir-là à cause des images infernales passant en boucle dans sa tête : allongé tout contre maman sur la chaussée, il avait senti son dernier sursaut de vie.

« Janine ! Vous êtes touchée ?

lui avait-il demandé à mi-voix et sans bouger pour ne pas attirer l'attention des mitrailleurs qui, de toutes façons, tiraient sur tout. »

Ils tiraient même sur les ambulances et les médecins qui tentaient de porter secours aux blessés.

Maman ne répondit rien. Elle ne répondrait plus. (Sur l'une des photos de la fusillade, on aperçoit maman tout en blanc, le bras levé vers le ciel. Elle semble demander grâce. C'est sans doute ce geste qui la perdra.)

Après douze minutes de tir ininterrompu, les rescapés ont gardé l'immobilité pendant plusieurs minutes par crainte de récidive ; et ce, jusqu'à l'arrivée des secours.

Tous baignaient dans des mares de sang. Le sang des victimes. Le plateau des Glières ressemblait à un vaste étal de boucherie.

Enfin, des camions sont arrivés. Les uns pour l'hôpital, les autres pour la morgue. C'est là que papa et l'oncle ont accompagné maman : la morgue de Mustapha.

L'oncle pleurait doucement en maudissant le sort et toutes ces images qu'il n'arrivait pas à chasser de sa tête ; contre sa mort à elle, il aurait donné sa vie, si vieille et sans enfant. Papa pleurait toujours à gros reçut deux balles. L'une d'elles, en pleine poitrine, lui traversa le cœur, les entrailles avant de sortir par la cuisse. Morte sur le coup, paraît-il. Je l'espère.

L'oncle, lui non plus, ne pouvait pas dormir ce soir-là à cause des images infernales passant en boucle dans sa tête : allongé tout contre maman sur la chaussée, il avait senti son dernier sursaut de vie.

« Janine ! Vous êtes touchée ?

lui avait-il demandé à mi-voix et sans bouger pour ne pas attirer l'attention des mitrailleurs qui, de toutes façons, tiraient sur tout. »

Ils tiraient même sur les ambulances et les médecins qui tentaient de porter secours aux blessés.

Maman ne répondit rien. Elle ne répondrait plus. (Sur l'une des photos de la fusillade, on aperçoit maman tout en blanc, le bras levé vers le ciel. Elle semble demander grâce. C'est sans doute ce geste qui la perdra.)

Après douze minutes de tir ininterrompu, les rescapés ont gardé l'immobilité pendant plusieurs minutes par crainte de récidive ; et ce, jusqu'à l'arrivée des secours. Tous baignaient dans des mares de sang. Le sang des victimes. Le plateau des Glières ressemblait à un vaste étal de boucherie.

Enfin, des camions sont arrivés. Les uns pour l'hôpital, les autres pour la morgue. C'est là que papa et l'oncle ont accompagné maman : la morgue de Mustapha.

L'oncle pleurait doucement en maudissant le sort et toutes ces images qu'il n'arrivait pas à chasser de sa tête ; contre sa mort à elle, il aurait donné sa vie, si vieille et sans enfant. Papa pleurait toujours à gros sanglots.

Moi aussi, maintenant. Je l'avais entouré de mes petits bras pour le serrer fort contre moi.

« Ne pleure plus mon petit papa, je t'en prie, ne pleure plus. »

Quelle douleur pour moi que la sienne ! Je ne voulais plus qu'il souffre comme je souffrais. Ma souffrance suffisait. Assez ! C'était trop pour moi.

« Je ne peux pas vivre sans elle, sanglotait-il, je veux mourir.

- Non papa, ne meurs pas ! Reste avec nous, s'il te plaît ! »

Parfois, il était pris de sanglots convulsifs qui le mettaient à bout de souffle, jusqu'à épuisement. J'avais si peur qu'il n'ait plus de force pour le prochain souffle. Mais soudain, la vie s'engouffrait en lui de toutes ses forces. S'imposait à lui bruyamment. Dieu merci. Il vivait encore.

Et nous restions ainsi, de longs moments à pleurer dans les bras l'un de l'autre, à se bercer, à tenter de se consoler, mais en vain.

Le sommeil m'emporta, malgré tout. L'oncle passa le reste de la nuit avec papa.

Le lendemain, dès le réveil, il fallut à nouveau affronter la réalité. La cruelle réalité qui s'empara brutalement de moi. Non, je n'avais pas rêvé : j'étais dans le cauchemar. Et ce constat, il me faudrait désormais l'affronter dans le rejet, à chacun de mes réveils : jamais plus je ne la reverrai.

Du coup, je perdis brutalement cette croyance qui me racontait l'inexistence des autres et notre éternité à tous les six. Je venais d'atterrir dans l'horreur et la douleur.

Si papa et maman s'étaient décidés à partir un peu plus tôt, s'ils ne s'étaient pas trouvés en fin de cortège, maman serait encore là, avec nous, comme avant. Peut-être. Nous pleurerions d'autres morts, mais pas les nôtres et pas aussi fort. Pour tenter de me consoler, j'espérais que d'autres petites filles partagent le même sort que le mien, à cause de cette fusillade ; et qu'elles en ressentent la même douleur. Je refusais la solitude de la souffrance et de la perte. Voir pleurer les miens n'arrangeait rien à l'affaire. Au contraire ! Voir les autres pleurer sur notre malheur, bien sûr, cela me touchait, mais ne consolait pas. Mais la rencontre d'inconnus meurtris, pareils à moi dans leur chair, m'aurait peut-être à ce moment-là consolée un peu.

Dans la soirée du 27, tante Jane, la sœur de ma grand-mère paternelle, passa à la maison. Elle avait besoin d'un vêtement propre pour maman, et de quoi lui faire sa dernière toilette. Fou de douleur, papa se posta devant l'armoire. Il refusait que l'on touche aux affaires de maman. Enfin, ma tante le ramena à la raison. Mais quand il vit partir l'unique manteau de maman, seul vêtement capable d'envelopper son pauvre corps déjà raide, il eut un malaise. L'oncle Antoine lui tapota le visage, quelqu'un lui fit respirer de l'eau de Cologne pendant que, toutes les quatre, nous pleurions. C'était terrible. On pensait que papa allait mourir à son tour...
---
Moins d'une semaine après le 26 mars, les gardes mobiles ou CRS - je ne sais plus - à la recherche des membres de l'OAS, reçurent l'ordre de perquisitionner tous les immeubles des français d'Algérie. (Depuis deux ans, musulmans et français ne vivaient plus dans les mêmes quartiers. Sur ordre du FLN, les arabes avaient déserté les endroits occupés par les pieds-noirs. Et vice versa).

Alors que nous étions à la maison, nous entendîmes, venant de la cour, des cris presque inhumains ; des cris de panique :

« Attention ! Ils arrivent ! ».

En un instant, la cour fut désertée. Et puis il y eut un grondement : le fracas de dizaines de paires de bottes frappant la chaussée au pas de courses. On vit toute une foule de CRS s'engouffrer dans les immeubles. Ainsi, notre tour arrivait ! Notre HLM était prise d'assaut par les forces de l'ordre ! Leurs pas lourds et rapides résonnaient maintenant dans la cage d'escaliers. Les murs tremblaient, et nous aussi. Puis on frappa violemment à notre porte, comme à d'autres :

« Police ! Ouvrez ! »

Effrayées, nous nous étions blotties contre papa qui alla ouvrir. Les soldats, mitraillette au poing, s'engouffrèrent dans le hall. Papa fit barrage pour les empêcher d'avancer. Du salon, vers lequel nous nous étions précipitées toutes les quatre, nous regardions la scène en pleurant.

« Ici, dit papa, nous sommes en deuil. Je vous demande de le respecter ! »

Le ton avait été sec, mû par la douleur et la colère. Prisonniers de notre souffrance, à tout instant nous pouvions basculer dans la folie. Mais sa folie à lui, en ce moment précis, pouvait bien se transformer en folie furieuse. Rien désormais ne pouvait plus atteindre papa. Il ferait barrage quitte à prendre une balle dans le ventre !

Les hommes armés jetèrent un œil vers le salon, par-dessus l'épaule de papa. Nos regards se croisèrent. Armés contre désarmés.

Je ne sais ce qui les fit capituler. Le ton de papa ? La vue misérable et apeurée de nous quatre, serrées les unes contre les autres et portant toute la tristesse du monde sur nos pauvres épaules ?

Avant de partir, l'un d'eux lança en direction de papa une phrase comminatoire dont j'ai oublié le traître mot : c'était en fait une mise en garde contre une éventuelle collaboration avec des membres de l'OAS.

Afin d'en démanteler le réseau, des gardes mobiles se postèrent en faction sur les terrasses des immeubles d'Alger. Un siège dont notre groupe d'immeubles ne fut pas épargné. Après ce passage qui nous avait secoués, nous nous étions effondrés dans les bras les uns des autres.
---
Papa écrivit lui aussi à sa mère et à son frère déjà en France, depuis quelques années :

«Alger, le 27 mars 1962

Maman, Pierrot,

C'est un immense cri de douleur que je vous envoie. Le destin cruel s'est abattu sur nous. Janine, mon adorée, a été lâchement assassinée par des soldats qui, comme des bêtes féroces, avec des ricanements sinistres, nous ont arrosés de rafales de mitraillettes, de mitrailleuses et de fusils mitrailleurs alors que nous nous trouvions allongés devant la Grande Poste. Tonton Antoine était dans ce terrible moment à nos côtés. C 'était horrible. On ne peut pas décrire un assassinat collectif aussi monstrueux.

Les petites étaient à la maison. Elles avaient vu partir leur maman et leur papa. Seul le papa revint. Le malheur qui nous frappe mes quatre petites et moi est terrible. Vous imaginez la scène lorsque, accompagné de deux amis, ayant laissé ma Janine chérie à la morgue, je revins à la maison... Quels cris de douleurs poussèrent mes quatre petites chéries lorsque, la voix brouillée par les larmes et les sanglots, je leur dis : « Vous n 'avez plus de maman, ils vous l'ont tuée ».

Vous voyez, maman et Pierrot, dans quel drame épouvantable je me débats. J'ai appris, non pas directement, car je n 'ai plus la force de lire les journaux ou d'écouter la radio, que l'on vous fait, au sujet de ces tragiques événements du 26 mars, un récit mensonger !

On vous dit que des provocateurs OAS ont tiré sur les forces de l'ordre. C'est abominable ! N'en croyez rien. Je vous en supplie, croyez-moi, croyez votre Alfred qui ressent les plus grandes souffrances morales qu 'un être humain puisse endurer. Dans les forces de l'ordre, parmi les soldats français, il y avait à l'entrée de la rue d'Isly (du côté de la Grande Poste) des soldats musulmans ayant la mine d'authentiques fellaghas. Nous faisions partie, tonton Antoine, ma Janine chérie et moi-même d'un immense cortège.

Brutalement, un feu d'enfer, déclenché par les soldats musulmans placés à l'entrée de la rue d'Isly, fut dirigé contre nous. Feu d'enfer provenant d'armes automatiques de toutes sortes. Immédiatement, tout le monde se coucha sur le sol. Et pendant des minutes (peut-être dix, peut-être quinze, ce temps me parut une éternité) un feu nourri nous arrosa. Nous nous aplatissions sur ce sol, nous nous écrasions dans un réflexe de défense. A dix mètres de moi, il y avait sur le trottoir un soldat musulman.

Avec des ricanements, des insultes, chaque fois qu 'un pauvre allongé levait le bras pour implorer la pitié, ce soldat tirait avec sa mitraillette et arrosait tous les malheureux couchés, tel un jardinier arrosant consciencieusement son jardin.

C'était horrible. Au bout de cinq minutes, une balle atteignit Janine. Tonton s'en rendit compte car, comme pour la protéger, il avait passé son bras sur elle ; Janine eut un sursaut provoqué par le choc de la balle. Elle mourut, la pauvre chérie, sans proférer une parole, sans souffrir. Deux minutes avant d'être touchée peut-être, elle m'avait appelé « Fred, reste couché, on tire de partout ». Avant de mourir, d'être frappée, elle avait eu une pensée pour moi !

Mon style est décousu, mon écriture illisible, ils vous feront peut-être mieux sentir le côté atroce de cette scène, de cet assassinat collectif prémédité. N'oubliez jamais cela !

Maman, Pierrot, je vais m'arrêter. Je n 'en puis plus, j'étouffe. Sur la poitrine, j'ai un immense poids. Que je voudrais vous avoir près de moi pour vous serrer bien fort, comme je serre bien fort, à tout instant, mes quatre petites chéries qui ont maintenant, en plus de l'amour que j'ai pour elles, l'immense amour que je ressentais pour ma Janine chérie, ma Janine que j'aimais passionnément, ma Janine que j'appelle, ma Janine que je suis allé embrasser à la morgue pour moi et mes quatre chéries ! Oh vite, soulagez mon immense détresse, écrivez-moi. Malgré la présence de tonton et tata et l'amitié sincère que me manifeste une foule d'amis, je me sens seul. Ecrivez-moi, écrivez-moi, c 'est trop dur. Pierrot !

Va voir les parents de Janine, console-les, je n 'ai pas le courage de leur écrire. Au revoir maman et Pierrot, recevez de mes chéries et de moi tous les baisers noyés sous des flots de larmes. Comme j'ai mal !

P.S. le 29. Entouré d'un grand nombre d'amis, j'ai conduit Janine dans sa dernière mais provisoire demeure car nous l'emmènerons avec nous quand nous reviendrons vers vous.

Fred »

 

 

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Re : Appel reçu.
« Répondre #28 le: Mai 14, 2008, 02:57:08 »

 


Témoignage recueilli par Hervé CUESTA dans le dernier numéro d'Aux Echos d'Alger

Je veux raconter:

Les années de guerre passaient avec son cortège de meurtres et d’assassinats pour atteindre son paroxysme cette terrible journée du 26 mars 1962 où la bête immonde avait programmé l’extermination des Français d’Algérie par un bain de sang.

Vers 9h30 ce jour là ma section avait été mise en alerte et des 11 h 30 je me mettais en place à l’entrée de la rue d’Isly, légèrement à gauche face à la grande poste, je devais interdire l’accès à des escaliers permettant d’accéder au Gouvernement Général par des manifestants.

Nous avons disposé en travers des chevaux de frise (parallélépipédiques de barres métalliques entourés de fils barbelés) et puis nous avons commencé à attendre le début de la manifestions.

Petit à petit les gens sont arrivés, c’était pour la plus grande majorité des femmes, des enfants et des personnes d’âge mûr car il ne fallait pas provoquer les troupes qui se mettaient en place.

La place était encore très clairsemée quand mes hommes et moi avons vu arriver une compagnie du 4eme Rg. de tirailleurs qui arrivait du bled, bardée de mitrailleuses (AA52) un affreux pressentiment m’a envahi car face à une foule désarmée on ne mettait pas des tirailleurs, sauf comme je pouvais l’imaginer si on avait prévu ce massacre.

Une de leur section a formé un barrage à l’entrée de la rue d’Isly et mettant en batterie une mitrailleuse devant l’agence Cook : ce qui m’a également surpris, c’est que certains avaient mis leur baïonnette au fusil et mon inquiétude s’était encore accrue.

Vers 13 h 00 la place était noire de monde, il y régnait une ambiance de kermesse et chacun transportait soit du lait soit de l’eau minérale pour le donner aux habitants de Bab-El-Oued qui étaient sans ressources et affamés par les troupes gouvernementales qui depuis trois jours bouclaient ce quartier, déjà on signalait la mort de nourrissons car ils ne disposaient plus ni de lait ni d’eau, derrière mes chevaux de frise un groupe de jeunes filles plaisantaient avec les soldats de ma section.

Vers 13 h 30 environ deux coups de pistolet se sont fait entendre, mais assez lointain, un peu comme un signal, aussitôt un déluge de feu et de fer s’est abattu sur la foule, tous les soldats du 4eme RTA tiraient comme des fous furieux, la mitrailleuse lâchait de longue rafales qui faisait de terribles ravages, durant quelques secondes nous sommes restés comme figés puis quelqu’un a crié « les chevaux de frise » en effet, la place de la Grande poste avait été complètement bouclée et la foule, prise sous le feu du 4eme RTA, cherchant une sortie, se pressait contre notre barrage et le premier rang se trouvait littéralement écrasé contre les barbelés, nous avons essayé de retirer les chevaux de frise pour leur laisser le passage, mais hélas dans notre précipitation les blocs de barbelés se sont verrouillés et il nous a été impossible de les déplacer et là, nous avons été les spectateurs impuissants du massacre.

Les jeunes filles qui un instant plutôt plaisantaient avec mes hommes hurlaient de terreur et nous tendaient les mains par dessus les barbelés, on a essayé de les tirer par dessus mais leur chair se déchirait au contact de ces maudits barbelés pendant que les balles mutilaient ces pauvres corps. J’avais saisi une main de l’une d’entre elles pour la tirer par-dessus mais rien ne venait. Je criais de rage et pleurais en même temps, et dans mes oreilles toujours ce bruit des armes qui aboyaient, allaient-elles un jour s’arrêter ? J’ai lâché cette petite main car à présent elle n’était que le prolongement d’un corps sans vie.

Tout à coup le feu des armes s’est arrêté et un grand silence s’est abattu sur ce champ de mort seulement troublé par le gémissement des blessés et moi j’étais là, immobile, dans un autre monde, à contempler cette place jonchée de cadavres. La plupart de mes hommes étaient accroupis ou à genoux, se tenant la tête à plaine main, beaucoup marmonnant je ne sais quoi, je n’entendais plus rien je voulais voir, pour pouvoir un jour raconter cette forfaiture, crier au monde entier comment une troupe peut anéantir un peuple.

J’ai passé les barbelés et me suis avancé sur la place, c’était irréel, des corps partout, certains méconnaissables, plus loin des familles entières étaient au sol avec pardessus le père, les bras écartés dans un geste dérisoire de protection. Partout des pièces de vêtement, des chaussures, des sacs à main, des bouteilles de lait dont le contenu s’était répandu sur le sol se mêlant au sang des innocentes victimes, quelle ironie !


Ce lait qui devait apporter la vie aux enfants de Bab-El-Oued avait donné la mort à ceux qui le portaient. Mes pas m’avaient conduit devant le magasin Prénatal. A l’intérieur des corps, les clientes sans doute venues faire des achats en vu de la prochaine naissance. Quatre d’entre elles avaient été massacrées à coup de baïonnette. Quelle horreur !

Je voulais crier mon dégoût à ce pays qui avait permis un tel carnage. Oui aujourd’hui la France venait de se déshonorer à jamais, elle perdait le droit de s’appeler « civilisée . Elle venait de rejoindre les pays totalitaires qui avaient agit de même en d’autres temps et d’autre lieux.

Oh combien je regrette en cet instant, tout ce sang qu’on a versé pour elle.

Si un jour quelqu’un me demandait si l’armée de la république avait en Algérie commis des actes contre l’honneur, alors je lui demanderais à mon tour à combien d’enfants il avait retiré le pieu qui l’empalait…

Jean-Claude KESSLER

 

 

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Re : Appel reçu.
« Répondre #29 le: Mai 14, 2008, 02:59:40 »

 


 

14 heures 49 minutes 59 secondes,
 dans une seconde ces tirailleurs, issus d'on ne sait d'où,
vont faire un carnage en tirant sans sommation sur la foule désarmée.



Ce lundi 26 mars 1962, à 14 heures 50 à l’horloge de la Grande Poste, une foule française a été mitraillée par ses propres soldats, sur ordre du sommet de l’Etat.

Bâb el Oued,  quartier populaire, était devenu au bout de trois jours un enfer, un ghetto : blocus, ratissage, déportation des hommes, appui aérien et blindé…

Dans un élan de solidarité toute la population d’Alger se rassemble au Plateau des Glières pour une marche pacifique vers Bâb el Oued par la rue d’Isly, seule voie restée possible pour s’y rendre.

La manifestation est interdite et il faut la briser par tous les moyens : contre une foule désarmée et pacifique se met en place un dispositif de guerre : gendarmes, CRS, troupes du contingent, compagnies de tirailleurs…

Pourquoi alors aucune décision de couvre feu ?

Pourquoi la foule n’est pas informée que l’ordre est d’arrêter la manifestation par tous les moyens, au besoin par le feu ?

Pourquoi met-on en place des tirailleurs musulmans venus des djebels, transbahutés depuis des jours d’un endroit à l’autre, fatigués, nerveux, n’ayant aucune pratique du maintien de l’ordre en milieu urbain ?

Pourquoi enlève-t-on de la rue ceux qui justement ont l’habitude du maintien de l’ordre et des manifestations publiques ?

Pourquoi tous les PM et fusils mitrailleurs des barrages sont approvisionnés et armés ?

14 heures 50 à l’horloge de la Grande Poste.

Sans qu’il y ait eu provocations, sans sommation,   la première rafale mitraille la foule à bout portant et dans le dos. Elle est suivie d’une fusillade généralisée. C’est la tuerie. On tire sur la foule de tous les barrages.

Les armes ne sont arrêtées  qu’après épuisement des munitions.

Plus de 80 morts et plus de cent blessés. Parmi les morts le plus jeune était un bébé dans les bras de sa mère, morte elle aussi, réfugiés dans une pharmacie.

Et eux ? Ce qu’ils avaient fait, ils ne voulaient pas que le monde le voie. On s’en prend aux caméramans dont on détruit les films, aux agents de presse qu’on menace de mort, aux journalistes étrangers qu’on fait fuir. Les preuves sont détruites.

Les corps ne seront pas rendus aux familles. Ils seront enfermés dans leur  cercueil, dans la nuit, pendant  le couvre feu.  Au petit matin ils seront transportés à la sauvette, dans des camions bâchés pour être dispersés dans les cimetières d’Alger. Ils seront enterrés dans des fosses hâtivement creusées, avec une bénédiction hâtive. Il n’y aura aucune autopsie.

Les films et les photos ont disparu, les cadavres ont disparus, les preuves médicales ont disparu, les documents officiels sont portés disparus...

« Circulez, il n’y a rien à voir, il ne s’est rien passé »!

Ce sera la chape de silence qui dure depuis tant d'années.
 

A écouter

 

« Dernière édition: Mai 14, 2008, 03:01:14 par Kalimera »

 

 

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Sujet: Appel reçu.  (Lu 694 fois)

 

Kalimera
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Re : Appel reçu.
« Répondre #30 le: Mai 14, 2008, 03:06:37 »

 


Le chiffre officiel dès le lendemain du drame est de 62 morts. En réalité il y a eu 80 morts

  Hervé Cuesta

 

 

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kata
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Re : Appel reçu.
« Répondre #31 le: Mai 14, 2008, 11:39:35 »

 


Jean Claude,

J'ai lu en pleurant ces temoignages que je croyais enfouis dans ma memoire et qui on ressurgis me faisant revivre cet evenement de la rue D;Isly, je me souviens d'avoir entendu les rafales de pm et les gens qui criaient de se sauver....ET je me souviens de ce jeune officier qui pleurait et criait de cesser le feu...je ne voyais pas mais je l'entendais...

Et apres je ne me souviens de rien jusque mon pere m'a pris dans ses bras et a couru a l'abri...

Quelle sordide histoire a ne jamais oublier..Quelle honte de se dire Francais...Une guerre fracticide...Et les coupables n'ont jamais ete punis...


Kata

 

 

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Re : Appel reçu.
« Répondre #32 le: Mai 15, 2008, 08:53:03 »

 


Un horible drame, en effet, et dire qu'il à eu le culot de repetez " Je vous et compris " au canadiens. Heureusement qu"il n"y à pas de rue d'Isly; au Canada, sinon !!!!!
Et dire qu'il y en as qui sont muet d'admiration devant un t'elle type; c'est pas lui, que l'on retrouverai dans un halfrak marqué " France d'abord " mais pius tôt " Moi d'abord " mais derrière les lignes bien sur !

 

 

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Re : Re : Appel reçu.
« Répondre #33 le: Mai 15, 2008, 01:19:05 »

 


Citation de: kata sur Mai 13, 2008, 09:42:51

Very Triste souvenir P'Tit Sapeur,  AngryLa rue D"Isly)
J'y etais avec mon pere et ma mere

Nous avons ete chanceux....

Nous sommes restes en vie....

Amitiees

Kata
Bonjours a tous
voici un lien sonore et filmé de ce que tu a entendu Kata
http://fr.youtube.com/watch?v=G4WqLky_FLg&feature=related
http://fr.youtube.com/watch?v=YNfzTjQfrlE
Amitiés Légio More Majorum
Daniel

 

« Dernière édition: Mai 15, 2008, 01:26:36 par dwnvg »

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Kalimera
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Re : Appel reçu.
« Répondre #34 le: Mai 15, 2008, 01:27:47 »

 


Je savais que cela ferai mal de revoir  et d'entendre .

Je te prie de m'excuser pour ce passé qui te remonte en mémoire

Ce n'est pas pour toi que je les ai placés , mais pour tous ceux qui viennent nous lire , en espérant qu'ils comprendront le sens de ces articles.

Puisse cela ne plus jamais arriver , du moins je l'espère ...

 

 

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Kalimera
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Re : Appel reçu.
« Répondre #35 le: Mai 15, 2008, 09:25:56 »

 


« Notre si chère Algérie »

 

 

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kata
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Re : Appel reçu.
« Répondre #36 le: Mai 15, 2008, 11:28:34 »

 


Pour etre honnete mon choix de choisir la Legion a ete une maniere de remercier les anciens pour ce qu'ils ont essaye de faire pour mon pays L'Algerie et pour donner raison au LT\Col Jean Pierre qui avait dit lors d'un repas du dimanche chez mes parents que j'etais deja a 7ans un de la legion du futur( sic: il est deja l'un des notre)

L'algerie a ete est est une plaie qui saigne toujours dans mon coeur....

Certains evenements cites par Kali, ont fait surgir des demons que je croyais enfouis au fond de mon ame...et qu'etant plus age je comprends mieux...Comme quoi la vie est un eternel recommencement...

Merci Kali d'avoir reveille quelque chose en moi que j'avais cru oublie  et qui me reveille sur le deshonneur de certaind Francais et me fait me sentir plus Australien que Francais...

Peut etre que la FRance paye maintenant pour sa lachete et la trahison de son chef de l'etat de l'epoque....

Amitiees

Kata

 

 

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