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P'tit
Sapeur
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Mon devoir, la mémoire !
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Appel
reçu.
« le: Mai 13, 2008, 08:24:59 »
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J'ai
reçu cet appel de nos amis pieds noirs à transmetre.
Il faut faire circuler.
Merci par avance.
Merci Tony pour tes infos, toujours utiles pour compléter mes
connaissances.
Ils n'emporterons pas au paradis leurs forfaits....
Ci-joint des documents récupérés au hasard de mes échanges d'Emails, je
garde certains d'entre eux, lorsque je les trouves intéressants.
La liste du 4ème RTA ayant participés à la fusillade du 26 Mars 1962,
n'est hélas pas très lisible, mais en zoomant un peu on arrive à voir des
noms(presque tous membres du FLN.et du MNA). Pauvre FRANCE....
Bisou
http://26-03-1962.info/spip.php?article70
« L’honnêteté
du Général Mesmer…maillon
criminel de la très longue chaîne Gaulliste assassine de l’Algérie
Française. »
Certains Français d’Algérie devraient s’en souvenir et pour les
plus jeunes, apprendre l’histoire du là-bas.
Tony GARCIA
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« Dernière édition: Mai 13, 2008, 08:28:01 par P'tit
Sapeur »
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Veritas - Fidelitas
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P'tit
Sapeur
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Mon devoir, la mémoire !
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Re :
Appel reçu.
« Répondre #1 le: Mai 13, 2008, 09:05:54 »
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Quelques
Images du 26 mars pour suivre l'article si dessus.
L'armée de De Gaule, face au manifestant; il sera 14h40; ce jour la.
100 morts, et 200 bléssés est le bilan.
N'oubliez pas d'agrandir
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Veritas - Fidelitas
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kata
Ordre de la Grenade. Métal.
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Re
: Appel reçu.
« Répondre #2 le: Mai 13, 2008, 09:42:51 »
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Very Triste souvenir P'Tit Sapeur, La
rue D"Isly)
J'y etais avec mon pere et ma mere
Nous avons ete chanceux....
Nous sommes restes en vie....
Amitiees
Kata
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Journalisée
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Les Lions deviennent des Agneaux
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DIPLO
voltigeur.
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Re :
Appel reçu.
« Répondre #3 le: Mai 13, 2008, 10:08:01 »
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Merci
d'avoir pensé à ce triste anniversaire, les amis!!! Comme Kata le sait
bien, j'y étais, nous avons dû nous y croiser de peu.
Nous sommes arrivés avec ma femme à une centaine de mètres du lieu du massacre
lorsque les tirs ont éclaté . Nous avons été pris dans le reflux des gens
qui ne comprenaient pas, affolés, parfois bléssés : "N'y alléz pas,
n'y allez pas !!!" Le "HALTE AU FEU" dérisoire !!! Mon ami
Massonat abattu dans le dos alors que, sorti en blouse de son cabinet, il
donnait des soins aux bléssés! Massonat, ancien du CEF en Italie et en
France!!! Et le soir, de ma fenêtre qui donnait sur Mustapha, la morgue
assaillie, les corps enlevés à la sauvette, dissimulés ,entérrés on ne
sait où.
Inutile de dire que le nom de Messmer n'est pas en honneur chez moi
.DIPLO
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Journalisée
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kata
Ordre de la Grenade. Métal.
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Re
: Appel reçu.
« Répondre #4 le: Mai 13, 2008, 10:28:34 »
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Que de morts innocents sur la memoire de la Grande
Zora
Nous etions proches sans nous connaitre
Amitiees
Kata
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Journalisée
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Les Lions deviennent des Agneaux
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P'tit
Sapeur
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Mon devoir, la mémoire !
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Re :
Appel reçu.
« Répondre #5 le: Mai 13, 2008, 01:02:34 »
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Avé,
les amis,
Je sait c'est parfois dure de ce rappeler de t'elle faits, malheureusement
de t'elles faits ignobles ne peuvent êtres oublier.
Je comprend que certains n'aime pas Mesmer, mais avait il le choix ?
Ils serait donc possible que " certains " officiers, je dit
bien " certains " oublies qu'ils ont étés officiers de la Légion,
pour " obeirs " à te t'elles ordrres.
C'est Algériens, qui voulait rester français; massacrés par la régulière,
aux ordres de l'enc....é de Londre, ces dégueulase.
Et l'on " Ose " jugé un vieillard appelé " Petain ",
lui aussi jugé par un grand PD, de 1er classe. A si Giraud, n'avais
pas étés assassiné, par la grande slache de Colombay; cela ne ce serait
pas passer comme cela en Indo, et en Algérie. Entre le noble veillard
vainqueur de la grande guerre: et le fuyard des 2 guerres; mon choix est
fait.
J'ai regardé il n'y à pas longtemps à la Tv; un reportage et un film; sur
un soit disant innocentt qui ne savait pas qu'il resençait des juifs,
pour les allemands; qu'il pensait sans aucun doute êtres envioyés en Club
Med.
Est devenu un " grand " resistant, puis instalé dans la
politique de la Gauliene; puis enfin socialo puis président de la
république; et de plus accusé un vieillard de 18/18.
Non ces vainqueurs de 40/45; sont pas plus valables que les boureaux des
camps.
Je me rappel une phrase de Degrelle; " Le premier pas du communisme;
commence par le socialisme " pour cela il avait raison.
Moi, je rajoute, le 1er pas vers la trahison; commence à Colombey les 2
églises.
ce que les pieds Noirs, ont subits, est aussi dégueulase, que ce que
Mittérand, à fait à Vichy, contre les juifs.
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Journalisée
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Veritas - Fidelitas
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DIPLO
voltigeur.
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Re :
Appel reçu.
« Répondre #6 le: Mai 13, 2008, 05:03:56 »
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Merci, P'tit
Sapeur ! Pour la clique de la grande Zorah, il faut dire qu'on a de
bonnes raisons d'être très réservés, nous les P.N!!!
En tous cas ça fait plaisir de voir que certains "nous ont
compris" véritablement. Honneur et Fidélité. DIPLO
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Journalisée
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P'tit
Sapeur
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Re :
Appel reçu.
« Répondre #7 le: Mai 13, 2008, 07:14:22 »
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Avé,
les amis,
Mon cher DIPLO, il ne faut pas me dire merci; c'est naturel, je me rappel
certains de t'est témoignages, dont un pas méchachament j'ai attaqué, les
" Diplomés " ta réaction à étés direct, net et sincère.
Et nous causont toujours, tous ensembles, car la logique reste, toi, et
nous on as une raison de vivre, moi le gamin de 10; j'ai vécu la mort de
Piaf, la perte de l'Algérie; devant une TV, en noir et blanc, un écran
bombé.
Quel
époque, j'éssaie en vaint d'essayer de parler de cette époque; ou en 59;
je voyait mon 1er Héros, ' Fanfan la Tulipe " incarné par Gérard
Philippe ' Quel époque que si " Paris m'étais compté " ou
Versaille de même. Ha, Sacha Guytry, l'assassin habite au 21; mon d'un
chien, alors pourquoi; moi le rebelle eternelle; je n'aimerai je pas
défendre vos idées; ce serait absurde de ma part. Vos idées sont mienne
aussi.
P'tit Sapeur, ce fout des je m'en foutistes, non pas incompris, mais
incon-grus de ceux qui ne nous comprenent ' Jamais "
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« Dernière édition: Mai 14, 2008, 01:24:48 par P'tit
Sapeur »
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kata
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Re
: Appel reçu.
« Répondre #8 le: Mai 13, 2008, 11:37:35 »
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He oui P'Tit sapeur toi tu l'a vu en Noir et bland
sur la tele moi je l'ai vu en rouge sang dans les rues...
Assassinat de PN assassinat d'Algeriens pro PN assassinat de pauvre
malheureux juste par ce qu'ils etaient arabe...
Cela n'a pas ete bien beau...
Assassinat de nos anciens par les Barbouzes a De Gaulle apres des
tortures atroces...
Assasinats de nos anciens pour avoir respecter leur parole( Lt Delguedre,
Bastien Thierry, Dovar and tout ceux qui ont disparus sans etre
retrouves) tues comme des animaux qui sont mort en criant leur honneur...
Assassinat de nos harkis apres L'Independance par les extremistes du FLN
sams que la grande zora ne fasse quoique ce soit pour eux( que Dieu
repose leur ames...) Ces meme harkis qui sont venu morrir pour delivrer
leur patrie pendant la 2eme Guerre Mondiale tombant en Italie et en
france pour delivrer cette meme Mere Patrie qui les a abandonnes....
Acceptence de toute la racaille arabe d'Algerie par la Grande Zora en
France qui maintenant gouverne la France ou presque...
Il y en a tellement que je ne peux pas tout ecrire....
Il ne faut pas oublier bien que beaucoups d'eau a coulee sous les
ponts...
Ils sont morts pour nous pour que nous soyond libres...Pour la democratie
Amitiees
Kata
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Les Lions deviennent des Agneaux
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P'tit
Sapeur
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Mon devoir, la mémoire !
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Re :
Appel reçu.
« Répondre #9 le: Mai 14, 2008, 01:33:52 »
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Soeur
grande Charles; ne voit tu point la démocratie venir ? Demanda Mendez
France.
Non, non répondit la grande folle, je ne voit que le sang versé sur les
pavés d'Alger, cela me soulage de la pitié pour moi, de celui que je n'et
jamais fait cerser avec mon fusil en 14 ou 40. Le bruit des pas sur les
pavés, fuyant les feus nouri de mes troupes à Alger et ailleur, me rappel
ou plutôt cache les miens fuyants par 2 x l'allemands.
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Veritas - Fidelitas
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dwnvg
Invité
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Re :
Appel reçu.
« Répondre #10 le: Mai 14, 2008, 08:58:22 »
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Bonjours
a tous
pour commenter sur tout ce qui est dit je vous met en copier /coller
ce que j'avais écrit a l'époque à la juste réponse de marsoin78 sur ce
forum de la mort de Pierre Mesmer Re : Pierre est partis !
« Répondre #5 le: Septembre 01, 2007, 07:02:00 »
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Bonjours a tous
Oui marsoin78 tu a tout a fait raison mais ce n'est pas le politique que
nous saluons mais bien l'Ancien Légionnaires aux faits d'armes lors de la
2è guerre mondial et en Indochine.
pour le reste il est évident qu'il fut un grand soutien pour le grand
charlot trouillard de proféssion s'il en est et notament responsable de
ma naturalisation Belge (et fiére de l'être) j'avais le choix et ce fut
facile car ce dont tu parle j'ai bien connu en 1962 sur place.
Le lâche abandon des Harkis mais aussi des Français d'Algerie,ces Harkis
que j'ai retrouvé au Mas Tibère près de Arles dans la Crau vingt ans
après avec le Bachaga Boualem et son fils notament ou ils doivent vivre
difficilement car eux se disent Français et on leurs contèstes encore
aujourd'hui ce droit (il n'y a qu' a voir ce député socialiste et son mot
"sous -hommes!!!!)
Maintenant il faut dire aussi que la grande force du gaullisme et de tout
ses membres fut la DESINFORMATION par le mensonge et le sport national
roi était le "retourner de veste",mais voila je ne vais pas
refaire l'histoire ici alors mon cher marsoin78 mes
Amitiés Légio More Majorum
Daniel
Voila et je suis heureux que sur ce forum notre devoir de mémoire
envers les Harkis continue a informé et non a désinformé j'ajouterais et
ceci sans être ethnologue que les Harkis étaient des gens fier et noble
vrais musulmans et non pas comme ceux d'aujourd'hui (je parle des Arabes)
des lâches se cachant dérrière la religion extrémiste des barbues sans
foi (car le Coran est tolérant ) ni loi (il n'y a qu'à voir le poucentage
de ces moins que rien dans nos prisons (et ce dans toutes l'Europe)
Amitiés Légio More Majorum
Daniel
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Journalisée
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kata
Ordre de la Grenade. Métal.
Messages: 1524
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Re
: Appel reçu.
« Répondre #11 le: Mai 14, 2008, 09:05:32 »
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Quand
J'avais 5-6 ans je sautais sur les genoux du Bachaga Boualem qui etait un
ami a mon pere,
Je l'ai revu en France a cote d'Arles et une chose que je peux dire est
que la langue dans sa maison etait le Francais et non pas L'arabe....
Ce sont des gens comme cela que la France a abandonnes...
Encore plus sur la patate a la grande Zora...
Amitiees
Kata
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Journalisée
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Les Lions deviennent des Agneaux
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Kalimera
Invité
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Re
: Appel reçu.
« Répondre #12 le: Mai 14, 2008, 09:55:33 »
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Les
harkis, dernières victimes de la colonisation ?
Posté le 25.04.07 à 08:00 par Dang
Il semble bien lointain le temps où Kipling exaltait le « fardeau de
l’homme blanc » (The white man’s burden). Cette mission civilisatrice de
l’Occident en Asie et en Afrique, la gauche française des débuts de la
IIIe République y croyait fermement.
Aujourd’hui on la considère comme un crime dont il faut demander pardon.
Je préfère le dire d’emblée, pour moi la colonisation fut autant une
erreur qu’une honte, et je suis prêt à adhérer à une démarche de
repentance si elle nous permet de construire un avenir plus serein avec
les enfants de ceux que nous avons conquis.
Encore faudrait-il savoir de quoi il faut se repentir.
Est-ce d’avoir bâti notre prospérité sur leurs richesses ? D’avoir
substitué nos valeurs aux leurs ? D’avoir amené l’Afrique sans grande
transition de l’âge primitif à l’ère moderne, D’y avoir recruté sans
vergogne de pauvres bougres pour servir dans nos troupes de choc ? De ne
pas avoir su partir au bon moment et d’avoir mené de lamentables guerres
coloniales ? D’avoir raté la décolonisation en ne formant pas
suffisamment d’élites ? D’avoir remis le pouvoir aux plus extrémistes ou
aux plus corrompus ?
Ou devons-nous faire amende honorable pour tout cela à la fois ?
Il ne faudrait pas trop insister pour que les chantres de la bonne
conscience universelle nous réclament aussi des compensations
pécuniaires.
Ce serait oublier un peu vite que nous avons laissé dans nos anciennes
colonies de formidables infrastructures, sans toutefois vraiment former
ceux qui étaient appelés à les gérer, c’est vrai.
Nous avons également englouti des milliards dans une aide au
développement qui a été trop souvent détournée au profit d’une oligarchie
peu soucieuse de partager cette manne. Les compensations ont donc déjà
été versées. Point n’est besoin d’en rajouter. Admettons simplement nos
errements passés et acceptons de payer leurs produits à un prix équitable
et nous serons quittes.
En revanche nous aurons encore des dettes envers des individus.
Il reste nombre d’anciens combattants de l’Union française qui ont été
traités injustement. Il paraît que le nécessaire va être fait. C’est tant
mieux.
Il restera encore à s’occuper des harkis, ces victimes oubliées des
convulsions de notre histoire récente.
On dit que le professeur Chaunu, alors qu’il était membre d’une
commission chargée de remettre un rapport sur la nationalité, pleura à
chaudes larmes en entendant le témoignage des harkis.
Il y avait de quoi si on en croit un documentaire bouleversant réalisé
par des filles et fils de harkis. Programmé à la télévision à une heure
tardive il y a quelques semaines, il est passé inaperçu. C’est dommage.
On y apprenait beaucoup de choses.
N’oublions jamais que ces hommes furent incités à s’engager à nos côtés
par des officiers en qui ils avaient entièrement confiance.
On leur promit que la France ne les abandonnerait jamais.
Tous furent d’une loyauté exemplaire.
Le 14 juillet 1957 de nombreuse harkas défilèrent sur les Champs-Elysées.
Le gouvernement, la presse, ne tarissaient pas d’éloges sur ces algériens
si fidèles à la France.
Cinq ans plus tard ils étaient désarmés par une armée française qui
savait qu’ainsi elle les condamnait à mort.
Certains étaient d’anciens prisonniers fellaghas « retournés ». On
imagine leur sort le jour de l’indépendance.
Combien furent égorgés ? 35000 ? 50000 ? 100 000 ? On ne le saura jamais.
Leur élimination restera l’un de ces événements que l’on préfère ne pas
évoquer.
Certains officiers qui avaient donné leur parole et celle de la France basculèrent
dans l’aventure OAS. D’autres tentèrent de sauver quelques hommes et
leurs familles. De nombreux militaires ramenèrent avec eux un ou deux
harkis. Certains en sauvèrent jusqu’à une centaine. Et ce en dépit des
circulaires ministérielles s’opposant fermement au rapatriement de ces
supplétifs. Etait-ce par racisme ? Certainement pas, encore que De Gaulle
ne souhaitait pas une présence maghrébine trop marquée en métropole. On
redoutait surtout qu’après avoir été les harkis de la France ils deviennent
les harkis de l’OAS.
Un ou deux ans auparavant, lors d’une réception à l’Elysée, le Général De
Gaulle avait loyalement annoncé au Bachaga Boualem, vice-président de
l’assemblée nationale et fondateur de plusieurs harkas, son intention de
se retirer d’Algérie. Le Bachaga avait plaidé « Mais, mon général, nous
sommes français ». De Gaulle avait répondu « On vous regroupera ». Il
pensait de toute évidence à la seule famille, fort nombreuse, du Bachaga
Boualem et pas à l’ensemble des harkis. Leurs chefs accrochés à cette
promesse restèrent confiants jusqu’au bout.
Reçus en France dans des conditions indécentes, les survivants (32 000
personnes environ avec leurs familles) voulaient s’intégrer.
On fit tout pour les en empêcher.
Pendant des années ils subirent des traitements indignes. On les plaça
dans des camps entourés de barbelés où leurs ennemis FLN avaient été
détenus. On leur imposait un couvre-feu. L’aide que l’Etat leur
dispensait les transformait en mendiants débiles et assistés. D’autres
furent envoyés dans des hameaux de lutte contre les feux de forêts, créés
pour eux. Ils y restèrent, isolés, des années parfois toute leur vie.
Je ne veux même pas m’étendre sur des drames comme l’internement
psychiatrique des plus remuants parmi ceux qui osaient revendiquer.
Leurs enfants furent traumatisés.
Les harkis et leurs descendants sont entre 300 et 400 000 aujourd’hui.
Certains jeunes, habitués à une discipline de type militaire chez eux,
ont bien réussi dans l’armée ou la police. Ils n’en souffrent pas moins
tous de la mauvaise réputation donnée aux arabes de France par les voyous
des banlieues.
Rares sont les voix qui s’élèvent en leur faveur. En France ils
rencontrent indifférence, mépris, hostilité. En Algérie on les considère
comme des traîtres. Ils ont eu le tort de choisir la France qui se montre
bien ingrate à leur égard.
Certes Edith Cresson essaya, sincèrement mais en vain, de trouver des
solutions à leurs multiples problèmes, à leur mal être.
Chirac leur rendit un hommage appuyé en instaurant la journée du souvenir
et en inaugurant une plaque aux Invalides. C’est bien mais c’est
insuffisant.
Tous les vieux n’ont pas reçu les maigres indemnisations promises.
L’insertion des jeunes est en panne.
Pour l’honneur de la France, il faudrait bien que le prochain hôte de
l’Elysée se penche sur la question, avant que les derniers harkis
disparaissent et avant que leurs enfants sombrent dans le désespoir.
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Journalisée
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Kalimera
Invité
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Re
: Appel reçu.
« Répondre #13 le: Mai 14, 2008, 09:57:32 »
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Raphaël
Delpard a écrit aussi "Les oubliés de la guerre d'Algérie".
Ce livre enquête sur des dossiers laissés volontairement dans l'ombre par
tous les gouvernements de la République depuis quarante ans. Il s'agit, à
compter du 19 mars 1962, de l'enlèvement par le FLN de 25000 Français
militaires et civils sans que l'armée puisse intervenir, entravée par les
accords d'Evian. A quel mobile répond leur kidnapping ?
Cet ouvrage dévoile le complot ourdi par le gouvernement français et les
nationalistes algériens qui a conduit au massacre de milliers de Français
le 5 juillet 1962 à Oran.
L'imposture des accords d'Evian est mise en lumière, les relations
secrètes établies entre Paris et les représentants du FLN. Leur plan
avait pour objectif de terroriser les Français afin qu'ils partent au
plus vite et qu'ils laissent leurs biens vacants aux Algériens impatients
de les récupérer.
Il relate de l'abandon des Harkis, du 26 mars 1962 à Alger, et racontent
les témoignages des appelés du contingent prisonniers du FLN qui pour la
première fois, relatent les horreurs de leur détention.
Il y a un édifiant chapître sur Hervé Bourges qui a pris la nationalité
algérienne le 4 juillet 1963, et a renié sa nationalité française. Et
pourtant cet homme là sera nommé président de TF1 ensuite du
CSA...... Ce porteur de valises a été le mentor de Ben Bella durant les
années où celui-ci etait prisonnier en France, et pendant 4 ans il fut
son conseiller lorsqu'il devint Chef de l'Etat algérien. etc etc etc
Ed. Michel Lafon
Un livre à lire absolument
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Journalisée
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Kalimera
Invité
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Re
: Appel reçu.
« Répondre #14 le: Mai 14, 2008, 09:59:04 »
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Extrait
de la préface du Bachaga Boualam en 1964.
...."Les Français d'Algérie ont été accusés d'être des
colonialistes. Maintenant que l'indépendance existe de l'autre côté de la
Méditerranée, ce pays qui devait être un Eldorado et dont les habitants
devaient parvenir au bonheur complet, connaît la misère la plus affreuse.
D'après les échos qui nous parviennent de là-bas et les gens qui en
arrivent, le chaos, le chômage et l'insécurité se sont installés en
maîtres depuis l'exode de la partie la plus active de la population.
Pour avoir voulu faire honneur à la parole donnée, beaucoup sont
actuellement en prison, tandis que d'autres sont devenus des
"soldats perdus". Cette armée tant décriée et tant humiliée
avait pourtant non seulement assuré la sécurité de nos villes et de nos
campagnes, mais aussi la vie de nos enfants. Elle avait fait ce qu'aucun
gouvernement n'avait jamais tenté : essayer de nous comprendre et de nous
aimer. C'est de cela que nous avions besoin et l'armée l'avait très bien
compris. Pourtant, il s'est trouvé en France une certaine presse et même
des autorités parmi les plus hautes, qui alors qu'on était en droit
d'attendre d'elles compréhension et mansuétude, n'ont pas craint de
déformer sciemment la vérité.....
..... Quand le 8 avril 1962, le peuple de France s'est lui-même amputé et
a poussé la honte ou l'inconscience jusqu'à disposer de 11 millions de
Français à part entière, le Père de Laparre écrivait : "Nous avons
le sentiment d'avoir été joués".
L'histoire des peuples civilisés, en effet, n'a jamais enregistré un fait
analogue. Jadis, on ne vendait que des esclaves ou des vaincus. Pour la
première fois on a vendu ses frères, pour les condamner à mourir, qu'il
s'agisse de misère, de faim ou de tortures.
..... Nous avons la conviction qu'en lisant le livre de ce prêtre, les
Français verront de quelle façon furent déformés et décriés les
évènements les plus simples de notre vie quotidienne et ils sentiront
enfin que le moment de la réconciliation est venu.
Le livre du Père de Laparre, froid au sens d'Avicenne, a le mérite d'être
écrit. C'est une de ces oeuvres qui rapprochent de Dieu, parce qu'elles
crient la vérité.
Et seule la vérité expulse le mensonge et ses crimes."
......................... Fait au Mas Thibert le 11 avril 1964
......................... Bachaga Boualam.
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Auteur
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Sujet:
Appel reçu. (Lu 694 fois)
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Kalimera
Invité
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Re
: Appel reçu.
« Répondre #15 le: Mai 14, 2008, 10:03:49 »
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Voici
quelques passages du livre du Révérend-Père de LAPARRE.
- Dimanche 25 mars 1962
"16 h 10 - Après des accalmies, le tir redouble. Il semblerait que
c'est le dernier discours de Salan, féroce contre de Gaulle, que nous écoutions
aux informations O.A.S. de 13h, qui a déclenché une nouvelle opération
"recherche et poursuite" contre l'émetteur clandestin. Il
aurait été localisé dans des immeubles du Front de Mer et aussitôt
encerclé.
Mais les commandos de l'immeuble et des voisins sont installés sur leurs
terrasses, ceinturées depuis le cessez-le-feu d'immenses tentures
tricolores et se défendent en tirant. Nous les voyons très bien d'ici.
Les gendarmes mobiles s'abritent derrière un rang du contingent. Dans
toutes nos rues des camions civils sont en travers, empêchant toute
circulation. Les C.R.S. viennent de prendre position sur un immeuble
voisin et tirent à la mitrailleuse de 12,7.
Dès qu'il baisse trop, l'hélicoptère est relevé par les rafales qui
l'assaillent. Une deuxième fois, les balles résonnent sur le mur
d'à-côté.
Les enfants jouent très sagement dans une salle bien abritée, en
contre-bas. Ils ne sont qu'une trentaine.
Un nouvel avion arrive. Va-t-il piquer sur les terrasses ? Non, il ne
semble pas pour l'instant. Ils sont quatre maintenant qui virent et font
de l'intimidation, mais restent haut.
Belle photo à prendre pour Paris-match : l' O.A.S. tirant de derrière sa
tenture.
17 h 20 - Je vais dire mon bréviaire, et prier pour la France.
Quand on pense que tout ce monde s'entre-tue pour elle et que, dans le
quêpier où on nous a mis, on ne voit humainement pas le moyen de faire
autrement, la prière apparaît d'une bien urgente et tragique
nécessité."....
....."Et pendant qu'entre Français, on se tire dessus, sans haine,
avec tristesse et répugnance, en tâchant de s'éviter et en maudissant,
tout haut ou tout bas, le diable qui règne en haut lieu, la masse
musulmane regarde passivement, toute prête à crier : Vive le plus fort.
C'est elle le véritable enjeu. Il semble que le plan Salan s'en
préoccupe. De fait il y a ici ou là de timides manifestations musulmanes
Algérie Française, ce qu'on n'avait jamais vue."
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Journalisée
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Kalimera
Invité
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Re
: Appel reçu.
« Répondre #16 le: Mai 14, 2008, 11:05:11 »
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«Le devoir de mémoire» est un rituel commémoratif, qui fait porter aux
générations présentes «le fardeau de l'histoire», le général De Gaulle a
été très discret pour ne pas dire plus sur ces événements dans ces
mémoires, nous savons pourtant tous que «l'histoire proche» est toujours
une «histoire légendaire». Un crime a été commis ce jour là.
Les assassins n 'ont pas été punis et les victimes n 'ont pas été reconnues
comme telles. Le massacre de Français sur une terre française n'intéresse
personne et les livres d'histoire sont quasiment muets sur le sujet.
Alors que le cessez le feu a été signé l'armée française tire sur ordre
du pouvoir sur une population désarmée qui veut voir aboutir son désir de
rester sur une terre qui est la sienne, au même titre qu'elle appartient
aux fellagha du F.L.N. Ce qui rend cette journée atroce, c'est que des
Français ont été assassinés par traîtrise sur ordre du gouvernement français
sur une population innocente, dont le seul crime était, nous le
répéterons jamais assez, de vouloir rester FRANÇAISE sur une terre
française. Une centaine de morts, plus de 200 blessés, des rescapés de ce
génocide traumatisés à vie, des familles anéanties à jamais, des Français
ont été assassinés par traîtrise : par des balles françaises, des rafales
tirées dans le dos des manifestants par des tirailleurs algériens
commandés par le lieutenant Ouchène, devenu après son rapatriement
Duchène, mort depuis et qui ne s'est jamais remis psychologiquement de ce
drame, il a gardé tout le temps les stigmates de cette cet après midi
tragique, de cette fusillade.
Pire, les blessés ont été achevés à bout portant, alors qu'ils étaient à
terre, sans défense.
Pourtant ce drame aurait pu être évité, le général Ailleret, commandant
en chef à l'époque de ce qu'il restait de l'armée française en Algérie
avait quelques jours auparavant lors d'une inspection du 4° régiment de
tirailleurs cantonné à Berrouaghia pu constater l'extrême jeunesse des
gens désignés pour le maintien de l'ordre à Alger, le 26 mars, il s'en
était ouvert au colonel Goubard commandant le régiment en lui demandant
s'il ne pensait que son régiment pourrait être employé de la sorte.
Le colonel répondit « que si de jeunes tirailleurs, ayant en moyenne
vingt ans d'âge et dix huit mois de service, peuvent faire de bons
combattants dans le djebel, ils n'ont pas ma maturité nécessaire au
maintien de l'ordre dans une ville comme Alger, ils n'ont ni l'expérience
ni la maturité requise ». Le général Ailleret, convaincu, avait dès son
retour à Alger donné les directives nécessaires. Mais les ordres sont
descendues tellement lentement dans la cascade de l'état-major ,que le
drame , la tragédie n'a pas pu être évitée Ceci dit ce qui nous frappe,
nous qui possédons pratiquement tous les ouvrages publiés sur les
événements d'Algérie, c'est le peu de place que tient ce drame dans la
relation du conflit algérien, au mieux, trois quart de page par Droz et
Lever dans « Histoire de la guerre d'Algérie », livre de référence, pour
les autres historiens, le silence s'est imposé de lui-même, quelques
lignes de ci de là, lignes extraites des reportages des journaux.
Il faut reconnaître que l'omerta collective la plus réussie à ce jour est
à mettre à l'actif du pouvoir gaulliste et des ses barbouzes Ce n'est pas
tous les jours que l'armée tire sur la foule et fait plus de 100 morts et
200 blessés, et on n'en parle plus, alors que pour les morts du métro
Charonne on en en un plat et l'on commémore tous les ans les incidents.
Les huit morts de Paris pèsent ils plus que la centaine d'Alger ?
Existe-il une balance pour peser la peine et justifier des morts ?
Le gouvernement français avait signé le 18 mars au soir à Evian l'abandon
de l'Algérie. A PARIS, la trahison s'installe et trouve son expression
ignoble chez celui-là même qui avait été porté au pouvoir par les
Français d'Algérie : DE GAULLE.
Trahissant sans vergogne son engagement, il négocie avec les
représentants du F.L.N. Il trahit donc la France, la république
puisqu'elle est une, indivisible, et que l'Algérie est formée de
départements. Il trahit son armée. Victorieuse sur le terrain, elle se
voit refuser cette victoire. Il trahit les Français d'Algérie, à qui il
avait promis L'ALGERIE FRANÇAISE.
Une signature au bas de ce chiffon nommé les accords d'EVIAN, et il
fallut abandonner le fruit du travail de nos aînés : 132 années de labeur
acharné. Des marécages ont été asséchés, ces terres ont été ensuite
cultivées, des hôpitaux, des routes, des voies ferrées, des barrages
hydrauliques, des ponts, des écoles, une université ont été construits.
Et aujourd'hui, il faut tout laisser. Les accords d'Evian donnent
l'Algérie à des gens qui non aucun droit historique sur ce pays et n'offrent
que d'illusoires garanties. Celles- ci seront balayées dès que le
gouvernement algérien sera au pouvoir.
En fait, il ne faudra même pas attendre l'indépendance de l'Algérie pour
que les engagements signés ne soient pas respectés et par le FLN et par le
gouvernement Français.
Désespérés, les Français d'Algérie vont refuser d'admettre l'horrible
situation. Ils veulent encore croire qu'une solution est possible. Ils
ont confiance en une partie de l'armée restée fidèle à la parole donnée.
Le quartier de BAB EL OUED est interdit aux forces de l'ordre.
Malheureusement des coups de feu vont être échangés. Aussitôt, l'armée et
la gendarmerie encerclent ce quartier, y pénètrent à grands renforts de
blindés, écrasent les voitures, éventrent les devantures des magasins.
Les troupes tirent sur les balcons, dans les rues, sur les façades, des
maisons.
Une petite fille à l'intérieur de son appartement trouve ainsi la mort.
L'aviation mitraille les toits, les perquisitions se succèdent, les
appartements sont saccagés. On ne sait pas combien il y a de morts. Les
blessés, les malades ne sont pas soignés. Les morts ne sont pas enterrés.
IL n'y a plus de ravitaillement.... BAB EL OUED est transformé en
véritable ghetto. Alors, dans un immense esprit de solidarité le reste de
la population va apporter son soutien, quelques vivres et un peu d'amitié
à ce quartier martyr. Une manifestation pacifique est organisée. Le 26
mars, c'est en toute confiance que les ALGEROIS, drapeaux tricolores en
tête, marchent vers BAB EL OUED.
Ils n'y arriveront jamais. Ils trouveront la mort en chemin ; II y a bien
quelques barrages, mais qui s'écartent devant la foule. Rien n'est fait
pour dissuader les manifestants de continuer leur marche. Le piège est
bien organisé. Tout est bien prémédité.
Pour un rassemblement pacifique, les autorités ont prévu qu'elles auront
besoin de leur équipement de combat, de leurs casques lourds et de leurs
fusils- mitrailleurs.
Soudain, une longue rafale, suivie d'autres.
Des militaires, conditionnés pour tuer du FRANÇAIS sont là. Bien sûr, il
ne s'agit pas de l'armée qui avait choisi l'honneur, qui s'était battue
pour garder l'ALGERIE FRANÇAISE.
Non, ce sont les autres, qui obéissent aveuglément à ceux qui ont décidé
de nous faire comprendre par la manière forte que nous n'étions plus chez
nous. L'armée va tirer sans sommation, ce 26 mars 1962, pendant 12
minutes. La version officielle dira qu'il y a eut un tir venant d'une
terrasse vers l'armée. Curieusement, au lieu de riposter vers le tireur
embusqué sur le toit, l'armée va tirer sur les manifestants. Beaucoup se
sont jetés à terre pour se protéger, d'autres se réfugient dans les
immeubles mais rien n'arrête ces forcenés. Ils tirent dans le dos des
manifestants qui fuient, qui se sont couchés sur le sol. Ils achèvent des
blessés, vont jusque dans les immeubles, montant dans les étages pour
terminer leur sinistre besogne. Peu importe que ces pauvres gens aient un
drapeau bleu, blanc rouge. On tire sur les drapeaux. On tire à l'arme
automatique sur tout ce qui bouge. Des pompiers sont blessés.
Un médecin est assassiné alors qu'il fait son devoir, celui de porter
secours.
Pendant un cours instant, un petit lieutenant Ouchène incapable de se
faire obéir par ses hommes n'a même pas la force de crier « halte au feu
» c'est un civil un manifestant qui le fait pour lui !
Quelques secondes d'espoir, puis les tirs recommencent. Couchés sur la
chaussée, certains blottis les uns contre les autres, les algérois
attendent que cette folie meurtrière s'achève. Rue d'Isly, 14h50- 15h02,
l'irréparable vient d'être commis.
Dans d'autres points d'Alger, les gendarmes mobiles tirent aussi. Dès 18
heures, on compte 46 morts du côté des manifestants, plus de 200 blessés.
Beaucoup ne purent survivre à leurs terribles blessures.
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kata
Ordre de la Grenade. Métal.
Messages: 1524
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Re
: Appel reçu.
« Répondre #17 le: Mai 14, 2008, 11:28:53 »
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Si
triste....
Horrible que dire de plus....
Amitiees
Kata
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« Dernière édition: Mai 14, 2008, 01:24:08 par P'tit
Sapeur »
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Les Lions deviennent des Agneaux
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P'tit
Sapeur
Legio Patria Nostra.
Transmisions Q.G
0rdre de Louis Philippe !
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Mon devoir, la mémoire !
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Re :
Appel reçu.
« Répondre #18 le: Mai 14, 2008, 01:23:32 »
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Avé les amis,
Il est navrant que dans le monde, des gens " Assassines " en
portant des nom gonflant de ministre " ou sinistres " ou autres
général aux cas ou; Je ne suit pas président mais général de plus "
sauveur " de la France.
En discutant avec un pied noir de Belgique, il ma dit cessi "
Si je suit en Belgique; c'est parce que la France, nous à rejetez, de son
territoire; l'Algérie; mais aussi du sol de France, nous étions moins que
rien. NOUS, les pieds noirs, Harkis; et beaucoup d'Algériens; ont étés
massacrés; quant le FLN; à pris le pouvoir, nous étions seul; es sortes
des expatriés de notre propre patrie; que nous avons servit avec fidélité,
nos parents ont fait les guerres coloniales; 14/18; 40/45, beaucoup sont
morts; et le remerciement est la trahison d'un général; qui disait "
je voys et compris " nous ont n'a compris; aux pris fort; de nos
morts; je n'en veut pas au peuple français; non, mais bien à ces
dirigeants ce disant " socialistes ' donc proche du peuple: mais qui
n'on que pour social; un porte feuille à la place du coeur; quant à De
Gaulle; qu'il crêve en enfer tout comme ses colègues de tout bords; ne me
dérange pas en soit même; la seul chose qui m'inquiète, c'est lorsque j'y
arricerai en enfer, c'est qu'il me reste encore des débris de ces chacals
pour que je ne m'ennuie pas pendant l'éternité.
Je suis belge, j'ai fait mon service dans l'armée belge; mes parents
avant de mourirs l'étais aussi, même protègé de cette nationalité; ils n'
ont jamais voulu retournés en Algérie; la peur les tenaillais encore de
disparaitres, comme beaucoup des membres de nos famille.Iils priais pour
l'Algérie; ses morts; mais plus pour la France; qu'ils appelait " La
faucheuse rouge à De Gaulle ". Mes parents étais pourtant des sages,
mais je pense que cette trahison les avais fortement touché, mon grand
père est mort en 14, mon père à fait 40, blésés 2x rapatriés, il à étés
humilié; et n'en sait jamais tellement remis; ses médailles il les à
jetter par la fenetre du train Paris-Bruxelles en 63, avec ses simples
mots à ma question; " pourquoi, papa ? " Mon fils ses bouts de
métaux, assortis de bout de chiffons coloré; me font pius mal, que les bouts
de métaux qui mon bléssé pendant la guerre 40 "
Voila ce que mon ami, Bastien ma dit un jour, quant nous faisions une
comémoration à notre fête national, et je peu vous dire Bastien; parle
français et flamand, et ce trouve être un farouche anti républicain; et
sur son mur les portraits de la famille Royal.. Ce n'est pas moi, qui la
fait devenir Royaliste; ce sont ses parents en remerciements d'avoir étés
acceptés eux les refoulés de France..
La trahison, peu faire changé bien des esprits..
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Journalisée
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Veritas - Fidelitas
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Kalimera
Invité
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Re
: Appel reçu.
« Répondre #19 le: Mai 14, 2008, 02:36:06 »
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ALGER, 26 MARS 1962
Certaines dates résonnent, dans la mémoire, d'un étrange écho.
Le 26 mars 1944, reçu à l'Hôtel-de-Ville d'Alger, évoquant les
difficultés nées de la guerre, pour les Algérois, le général De Gaulle
s'exclamait avec émotion :
« Mats au travers de ces épreuves, la ville d'Alger à conscience qu'elle
porte I'honneur et la responsabilité d'être la capitale de la France
guerrière dans la période décisive du conflit... Cette insigne dignité
est désormais inscrite dans les annales. Et, comme tout se tient et s'enchaîne,
elle est un principe du grand avenir d'Alger.
Quel avenir ? Eh ! Certes oui! Car dans la France nouvelle qui va
paraître au terme du drame, quel rôle magnifique attend votre ville !
Cité Française la plus grande de cette Méditerranée, capitale d'une
Algérie incorporée à la patrie par ses hommes comme par ses terres, vaste
passage commun ou I'Europe et I 'Algérie pourront échanger à nouveau les
navires, les avions et les pensées, Alger se sent, n 'est-il pas vrai ?
appelée par le destin a jouer un rôle éminent dans ce monde Français
élargi, rajeuni, que nous saurons édifier...»
Dix-huit ans plus tard, le 26 mars 1962, place de la Poste et rue d'lsly,
des soldats portant l'uniforme français, tiraient pendant douze minutes,
sur la foule des Algérois rassemblés dans l'espoir de faire entendre leur
angoisse et leur désespoir, face à l'avenir que le général De Gaulle,
Président de la République, leur préparait. après avoir trahi leur
espérance entretenue par les mots dont il savait si bien se servir. Mais aussi
en marche vers Bab-el-Oued pour dire leur solidarité avec le grand
quartier populaire soumis à un blocus inhumain (bel exemple de
responsabilité collective. ..) ou des avions en piqué avaient mitraillé
les terrasses deux jours plus tôt.
Apres les avions, les navires ont été requis eux aussi. C'étaient deux
escorteurs de l'Escadre de Méditerranée qui participaient alors à des
exercices (une photographie prise, ce jour là, par un Algérois nous les
montre). L'un d’eux était le Surcouf, escorteur d'escadre D621, bâtiment
amiral, placé face à Bab-el-Oued. II a tourné ses canons vers le large,
c'est à l'honneur de la Marine et mérite d'être connu.
Mais, avant de l'évoquer, une sèche énumération, fondée sur des dates et
des documents, s’impose pour rafraîchir la mémoire :
Le 16 septembre 1959, le général De Gaulle lance le mot
"autodétermination". Le GPRA accepte et désigne Ben Bella pour
négocier.
Du 3 au 5 mai 1959, au cours d'une "tournée des popotes"
apparaît 'l’Algérie Algérienne".
Le 14 juin 1960, le Général De Gaulle lance un "appel au
cessez-le-feu". Le 20, après atermoiements, le GPRA accepte un
nouveau contact en vue de négocier.
- Le 4 novembre 1960, le Général évoque "la République
algérienne".
-Les 19 et 20 février 1961, entretiens secrets Pompidou, B. de Leusse
avec Boumendjel et Boulharouf.
- Les 5 et 23 mars 1961, contacts secrets en Suisse, Boulharouf, B. de
Leusse.
- Le 30 mars 1961, annonce bi-latérale de l'ouverture des négociations
pour le 7 avril.
-Le 31 mars 1961, désireux de faire monter les enchères et moins pressé
de conclure que le Général De Gaulle, le GPRA ajourne les négociations.
- Le 11 avril 1961, le Général lance «Algérie, Etat souverain».
-Du 20 mai au 13 juin 1961, première conférence officielle France-GPRA à
Evian.
-Le 11 juillet 1961, le Général De Gaulle affirme «!'Algérie, Etat
indépendant».
- Du 20 au 28 juillet, ouverture de pourparlers France-FLN à Melun.
- Le 31 août 1961, au Conseil des Ministres qu'il préside, le Général De
Gaulle exprime fermement sa "volonté de dégagement".
Depuis 1959, qu'elles soient secrètes ou non, les tentatives de
négociations viennent toujours du gouvernement français, assorties de
concessions verbales ou dans les textes, d'un rythme et d'une intensité
sans cesse croissants.
D'autre part, surgissent, en juin 1960, le Front pour l'Algerie française
(FAF) et l'OAS, en février 1962. Le FAF, patronné par cinq députés
musulmans, élus à l'Assemblée nationale dans l'euphorie illusoire de mai
1958, et le Bachagha Boualem, son Vice-président. Véritable et éloquente
lame de fond, un mois plus tard, il compte un million d'adhérents, et
rassemble "tous ceux, musulmans et européens qui ont décidé de lier
leur sort à celui de l'Algérie Française"(2).
Le Général De Gaulle, considérant comme seul "interlocuteur
valable" le FLN, refuse de les associer aux décisions qui les
touchent directement et méprise leurs angoisses. Ils ne sont pour lui que
troublions gênant ses desseins et la bonne marche des négociations. Et
voila qu'en février 1962 apparaît l'OAS dont la détermination violente
cristallise leur ultime espoir de se faire entendre dans l'indifférence,
quand ce n'est pas l'hostilité savamment entretenue de la Métropole.
Pour le Gouvernement, il est donc urgent d'aboutir, ses réactions vont
s'enchaîner rapidement.
-D'octobre 1961 à janvier 1962, contacts secrets avec le FLN.
-20 décembre 1961, réunion du Comité des Affaires algériennes. Le résumé
des "décisions prises en vue du maintien de l'ordre public" est
signé par le Général De Gaulle. Ces décisions sont immédiatement
transmises par Michel Debré, Premier Ministre, au Commandant Supérieur
des Forces en Algérie (GENESUPER) qui est, depuis le 13 juin 1961, le
Général Ailleret.
-Le 24 décembre 1961, sans attendre, le Général Ailleret adresse un
"message urgent" au CA d'Oran, d'Alger, de Constantine, à
PREMAR et, bien sur, au Ministre de la Défense Nationale à Paris.
En voici quelques extraits significatifs : ..
"La mission essentielle en matière d'ordre public est actuellement
de prévenir d'abord et si nécessaire de réprimer toute tentative OAS de
se rendre maîtresse de tout ou partie de centres comme Alger, Oran, Bône,
etc...".
Suivent les consignes pour "ouverture du feu après sommations sur
tout élément et tous individus menaçant les FO ou s'opposant à leurs
mouvements...",
ou sans sommations, "en riposte à élément séditieux armé ayant fait
usage de ses armes..." ou encore : "emploi armement grande
puissance et léger des engins blindés" et enfin : "Feux aériens
subordonnés à autorisation GENESUPER et V° RA - Feux navires subordonnés
à autorisation GENESUPER et PREMAR IV".(6 - top 10)
Message du 24 decembre 1961, signé Ailleret et portant en tête la mention
: "Attention ! message chiffré non démarqué à ne pas diffuser tel
quel... ne pas declasser".
-Du 11 au 19 fevrier 1962, conférence secrète aux Rousses, Joxe-Krim
Belkacem.
-Du 7 au 18 mars 1962, 2ème conférence d'Evian : accord France-GPRA et
libération de Ben Bella et de ses compagnons.
- Le 8 avril, en Métropole, le peuple français, consulté habilement par
référendum, avalise les accords d'Evian dont il ne connait ni le
contenu, ni les carences, et qui n'offrent aux Français d'Algérie,
européens, musulmans et surtout musulmans ayant servi la France, aucune
garantie reelle. Le proche avenir ne tardera pas à le demontrer, tandis
qu'ils sont immediatement remis en cause par le FLN.
Entre cette deuxième conférence d'Evian et le référendum, nous avons
atteint, en Algérie, le paroxysme du drame.
-Le 19 mars 1962, est signé le "cessez-le-feu" bi-latéral à
midi, terme officiel qui enferme l'Armée française dans ses casernes
tandis qu'enlèvements et assassinats se multiplient.
-23 mars 1962, blocus total de Bal-el-Oued.
-26 mars 1962, fusillade place de la Poste et rue d'lsly (64 morts
recensés, et plus de 200 blessés, dont certains mutilés à vie).
Les engins blindés de la Gendarmerie mobile ont employé leur
"armement à grande puissance et léger", le 23 mars, contre les
façades aux volets fermés des immeubles de l'avenue de la Bouzaréa"
à Bab-el-Oued, tandis que des avions en pique mitraillaient les
terrasses.
Le 26 mars, huit section du 4ème RT fraîchement arrivées de Berrouaghia,
conformément aux directives du général De Gaulle qui n'hésitait pas à
préciser des détails : « ...les forces militaires formées en colonnes
entreront dans la ville et disperseront les éléments insurrectionnels »
(réunion du Comité des Affaires Algériennes du 20 décembre 1961), sont
réparties en quatre points. Ce sont celles de la 6ème Compagnie qui sont
placées a l'entrée de la rue d'lsly. Ces Tirailleurs n'ont, bien sur, pas
reçu la moindre formation spéciale, même accélérée, au maintien de
l'ordre en milieu urbain. Ils sont fatigués et tendus d'être, depuis une
semaine, ballottés par le Commandement, d'un quartier à l'autre, dans
cette grande ville inconnue, affolante par l'atmosphère qui y règne, pour
se trouver, enfin, déployés place de la Poste et rue d'lsly, face à la
foule des Algérois en mouvement vers Bab-el-Oued. Ces hommes disposent de
l'armement normal de campagne, utilisé dans le djebel :
pistolets-mitrailleurs, fusils et fusils-mitrailleurs. La panique va les
conduire à s'en servir... Certes, leur officier ne leur a pas donné
l'ordre de tirer. En depit de tout ce qui a pu être dit par la suite, le véritable
responsable du drame c'est le Commandement qui les a places là, donc,
l'Armee.
Pour ce résumé difficile tant faits et sentiments s'imbriquent, nombreux
et complexes, je n'entrerai pas dans les détails que j'ai longuement
étudiés par ailleurs (3), car l'objet actuel de ce complément concerne
l'attitude de la Marine, sans oublier le général Ailleret, relais local
des ordres venus de Paris.
En 1962, le Surcouf, escorteur d'Escadre D621, est un bâtiment
relativement récent. Construit à l'arsenal de Lorient, il a été mis à
flot en octobre 1953 et dispose des équipements les plus modernes. II
présente, à l'avant, une tourelle double de canons de 127 et, par
ailleurs, des canons de 57 et des tubes lance-torpilles (TLT). Entre en
service en 1955, il porte, depuis 1959, la marque de I'Amiral Commandant
la Flottille d'Escorteurs d'Escadre (ALFEE) et fait partie de 1'Escadre
de Méditerranée. Début janvier 1962, il est à Toulon. «Les exercices
individuels ou de flottille se poursuivent à un rythme élevé. Le Surcouf
et l'Escadre participent à plusieurs sorties d'intérêt majeur, notamment
"Big Game", du 29 janvier au 4 février, et "Dawn Breeze
7" du 6 mars au 4 avril, avec escale à Ajaccio, Naples, Bizerte,
Alger, Mers El-kébir.» (4).
Du 14 au 16 mars, il est à Naples; du 23 au 25 mars, à Bizerte. Dans la
nuit du 25 au 26, il reçoit l'ordre de stopper dans la baie d'Alger, face
à Bab-el-Oued. Aucun des rares documents qu'il est possible de consulter
ne permet de savoir si cette escale était exactement prévue à cette
date. II porte alors la marque du Contre-Amiral Bailleux, Commandant la
Flottille. Tel une suite au message de 1961 du Général Ailleret, cet
arrêt, en cet endroit, à ce moment là, donnait soudain au bâtiment l'aspect
d'une menace réelle et redoutable.
Accaparés par le déchaînement des violences, nous n'y avions pas
prêté" attention a l'époque. Par la suite, journalistes et
historiens ne se sont guère posés de questions sur cette présence
insolite, bien trop opportune pour être fortuite, car le message du
Général Ailleret n'a été rendu public que beaucoup plus tard. Nous en
trouvons trace dans l'ouvrage de Paul Henissart, paru en 1970 (5), sous
forme d'une mention laconique : «La flotte qui croisait le long des cotes
fut mise à la disposition du Commandant en Chef». Puis, vingt ans plus
tard, dans deux ouvrages d'André Figueras, "Onze amiraux dans
l'ouragan" (1991) où, sous le titre "Du nouveau en 1961",
une brève mention nous apprend que «le Commandant Picard d'Estelan, Commandant
le Surcouf, fut mis en demeure, d'ordre direct du Général De Gaulle,
d'ouvrir le feu de ses gros canons sur Bab-el-Oued", et,
"Petain et la Marine" (1992) où on peut lire un
"complément d'information apporté par cet officier".
Grace à un aimable correspondant, j'en ai pris connaissance en février
1999, soit trente sept ans après les heures dramatiques que nous vivions
à Alger. J'ai voulu en savoir plus. Pour toutes les études que j'ai
réalisées sur des points de notre histoire contemporaine, je me suis
rendue au Service Historique, puis dans des bibliothèques, mais surtout
je me suis efforcée de prendre contact avec des témoins au nombre
amenuisé par les années passées, susceptibles d'apporter un peu de chair
aux documents libérés. II m'a toujours semblé indispensable de leur
donner la parole tant que c'est encore possible.
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Journalisée
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Kalimera
Invité
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Re
: Appel reçu.
« Répondre #20 le: Mai 14, 2008, 02:45:41 »
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Suite...
A propos de la présence du Surcouf dans la baie d'Alger, les 25 et 26 mars
1962, je n'ai presque rien trouvé au Service Historique de la Marine,
encore moins au Musée de la Marine mais j'ai, heureusement, pu rencontrer
le Commandant Picard d'Estelan, et j'ai reçu le témoignage d'un autre
officier.
Ce dernier, Henri Morfin, Capitaine de Vaisseau honoraire, était alors
Capitaine de Corvette, Commandant en second du Surcouf depuis le mois
d'octobre 1961. II se souvient: «A partir du mois de mars 1962, I'Amiral
Bailleux a embarqué à Toulon avec son Chef d'Etat-Major, le Capitaine de
Frégate Paul Gueirard et un Etat-Major réduit. Le Capitaine de Vaisseau
Picard d'Estelan, Commandant du Surcouf, devenait son Capitaine de
Pavillon. Heureusement que I'Amiral était présent, cela mettait le
Commandant à I'abri de toute pression extérieure intempestive.
Nous participions à des exercices avec la Flottille. Nous nous trouvions
à Bizerte le 23. Nous avons pris la direction d'Alger le 25 et mouillé en
face de Bab-el-Oued, vers 7h30 le 26. En fonction de I'évitage du
bâtiment (espace libre nécessaire à notre mouvement), j'avais fait
orienter les canons vers la mer et mis I'équipage au repos, torse nu sur
le pont, service du dimanche. Plus tard, nous avons été survolés par un
hélicoptère ou I'on distinguait un Général qui semblait très intéressé
par le farnienté évident de I'équipage.
Le Chef d'Etat-Major est parti en vedette chercher les ordres du
GENESUPER a la Regahia. II a été arrêté trois fois aux barrages parce
qu'il n'avait pas le mot de passe ! Au bout de deux heures, je I 'ai vu
revenir avec des plis qui, m 'a-t-on dit, n 'ont jamais été ouverts. Le
Commandant me I'a d'ailleurs confirmé : «Les ordres sont dans mon coffre,
Ils ne seront pas ouverts ». Non suivis d'effets, ces ordres n'ont pas
été connus à mon échelon. II serait intéressant de les retrouver aux
archives...
Nous sentions bien que des choses graves se passaient à terre. Dans
I'après-midi, le Lieutenant de Vaisseau responsable des Transmissions a
essayé d'intercepter des communications sur une longueur d'onde de la
Police, mais il n'était question que de déplacements de véhicules. Nous
n'avons appris la fusillade que plus tard. Nous avons appareillé le 27 au
petit matin en direction de Mers El-kébir, pour reprendre le cours de nos
exercices avec la Flottille. Le 31 mars, nous repassions devant Alger,
mais au large cette fois.
Comme je n'ai jamais caché mes sentiments sur ce que j'appelais "la
capitulation d'Evian" et les malheurs qui ont suivi les accords, en
1965, mon Ministre m'a prié d'aller exercer mes talents ailleurs. J'ai
terminé ma vie active comme ingénieur dans une filiale de Renault..»
Le Capitaine de Vaisseau honoraire Jean Picard d'Estelan, à léepoque,
Capitaine de Frégate, a pris le Commandement du Surcouf le 21 mai 1961 et
il l'a quitté le 15 juin 1962. II a accepté de me recevoir. Vif,
chaleureux, il a aimablement répondu à mes questions, centrées sur le
point particulier de sa carrière qui a soudain coincidé avec un épisode
douloureux, et maintenant lointain, de notre histoire.
F.D. - Avant de vous rencontrer, j'ai tenté de me renseigner sur le
Surcouf, au Service Historique de la Marine, à Vincennes. Je n'ai reçu à
consulter que quelques documents très techniques - votre rapport de fin
de Commandement, par exemple -ou celui de la "condamnation" du
Surcouf en 1972, mais aucun carnet de bord. Vous commandiez le Surcouf en
1961-1962. J'ai remarqué qu'on ne trouve, ni dans les très rares
documents, ni dans les quelques ouvrages communiqués où il est cité,
aucune mention de ces années, ni bien sur, de l'escale à Alger, le 26
mars 1962. Impasse totale... n'est-ce pas étonnant ?
Comme je posais la question, on m'a répondu que les documents et carnets
de bord étaient maintenant dans les archives des ports d'attache des
bâtiments. C'est donc Lorient pour le Surcouf, je n'y suis pas allée...
P.E. - C'est sûrement étonnant. Moi aussi, j'ai essayé d'obtenir des
archives auprès des Services Historiques de Lorient et de Brest. Je n 'ai
reçu que quelques bricoles. Je n'ai même pas eu la liste officielle de
mon équipage et j'ai du reconstituer de mémoire celle des officiers de
mon équipage! Je pensais que la Marine avait conservé les documents. Mais
il faut remarquer que rien d'autre que les mouvements du bateau n'a
figuré dans les archives du Surcouf puisque, finalement, il ne s'est rien
passé...
F.D. - Ou qu'elle ne tient pas à ce qu'ils soient divulgués... La
Flottille est partie de Toulon en janvier 1962...
P.E. - Ou II y a eu, partir du 28 janvier, un exercice combiné entre
I'escadre de Méditerranée et le Flotte Américaine. Un exercice parmi
beaucoup d'autres. Le thème, très classique, était d'assurer la maîtrise
de la Méditerranée occidentale contre les attaques aériennes et
sous-marines d'un "pays rouge". J'étais le chef d'un groupe de
chasse anti-sous-marins, composé du Surcouf et de I'américain Putnam.
Expérience intéressante de coopération entre deux navires équipés
d'appareils de détection et d'armes différents. Par mauvaise mer, nous
avons apprécié la complémentarité des deux types d'équipements et
constaté que nos appareils étaient performants.
F.D. - Courant mars, vous avez fait escale à Ajaccio, puis à Naples...
P.E. - Nous étions à Naples du 15 au 21 mars. C'est Ià que nous avons
appris la signature des Accords d'Evian et le Cessez-le-Feu. J'ai réuni
I'équipage et je leur ai dit: vous en penserez ce que vous voudrez, mais,
en fait, il s'agit d'une défaite pour la France. Je ne tolérerai donc pas
de manifestations de satisfaction. Nous étions entourés d'autres bateaux
qui ont tout entendu. Ce n'était pas un secret. D'ailleurs, j'étais déjà
"classé" (10 14 TOP SECRET)
F.D. - Vous êtes ensuite arrivé à Bizerte le 22 mars. L'escale du
Surcouf, dans la baie d'Alger, faisait-elle partie des exercices prévus ?
P.E. - Non, I'ordre est venu de Paris, via I'Amiral d'Escadre, de mettre
deux Escorteurs d'Escadre à la disposition du Général Ailleret, I'Amiral
d'Escadre a désigné le Contre-Amiral Bailleux, Commandant la Flottille et
ayant marqué sur le Surcouf, pour diriger cette mission. Les deux bateaux
sous ses ordres étaient le Surcouf et le Maille-Breze, commandé par le
Capitaine de Frégate Pomier-Layrargues.
Nous sommes arrives à Alger le 25 mars. Notre Chef d'Etat-Major
(Capitaine de Vaisseau Gueirard) est allé se présenter au Chef
d'Etat-Major du Général Ailleret. Et c'est verbalement qu'il a reçu
I'ordre de se préparer a tirer sur Bab-el-Oued. Au retour, il a rendu
compte a I'Amiral Bailleux. Je n'étais pas présent. Je ne pense pas que
I'Amiral Bailleux ait rencontré le Général Ailleret. Puis nous avons
appareillé pour mouiller devant Matifou, à I'autre bout de la baie
d'Alger. Nous avons ensuite reçu I'ordre de défiler devant Bab-el-Oued, à
courte distance, le 26 au matin.
Bab-el-Oued avait tous ses pavillons en berne, et nous avions envie d'y
mettre les nôtres aussi. Mais nous ne I'avons pas fait et nous nous
sommes éloignés très vite.
Nous n 'avons jamais appelé aux postes de combat.
Mon opinion personnelle est, qu'après le drame de la rue d'lsly, on a
essayé de faire participer la Marine et I'Armée de I'Air à la répression.
La Marine a dit: non. J'insiste sur le fait que je n 'ai jamais reçu de
I'Amiral Bailleux. d'ordre inacceptable. L'Amiral savait que je
refuserais et, je le savais du même avis. Y a-t-il eu plus haut, et à
quel échelon, un refus formel, je ne le sais pas.
Le 31 mars, le Surcouf est repassé devant Alger, au large cette fois,
pour la poursuite des exercices.
Comme je l'ai dit, je n'ai pu consulter que très peu d'ouvrages et de
documents, et je n'y ai trouvé aucune précision sur l'escale d'Alger, le
26 mars 1962, quand elle n'était pas simplement escamotée.
Par exemple, on lit: dans "Les flottes de combat"(7) une très
intéressante description des capacités offensives du Surcouf, que le
Général Ailleret espérait voir employées contre Bab-el-Oued. "Tous
les affûts et tourelles sont télé-commandés à partir de télépointeurs
munis d'appareils optiques et de radars a poursuite automatique,
stabilisés au roulis et au tangage.
Ravitaillement semi-automatique depuis les soutes jusqu 'à la culasse,
quel que soit le pointage des pièces en hauteur et direction. Grande
cadence de tirs...".
Mais l'auteur passe de "la refonte à Brest en 1961-1962 pour le
transformer en bâtiment de Commandement", à la mention de son
affectation à l'Escadre de Méditerranée "de 1961 à 1964", sans
plus de précision.
Dans le bref historique figurant au rapport du Contre-Amiral Sanguinetti:
"En 1961, il reprend de I'activité à TOULON, BIZERTE, MER-EL-KEBIR
(majuscules dans le texte). II rallie BREST pour un nouveau grand
carénage à la fin de 1964... "(.
Rien sur l'Escadre de Méditerranée, ni sur les exercices
"franco-américains d'intérêt majeur"(4) et Alger n'est pas
mentionné.
- Dans le très bel ouvrage "De nouveaux noms sur la mer"(9),
nous passons d'octobre 1961 ou "le Surcouf arrive à Toulon pour
remplir le rôle de Bâtiment de Commandement de la 1ère FEE"... à mai
1962 ou il est à Brest "pour participer à une grande manifestation navale
de réconciliation entre la France et l'Allemagne"...
Enfin, dans "Escorteurs d'Escadre"(4), sorti en 1997, l'escale
d'Alger est simplement mentionnée dans le passage cité précédemment.
Certes, dans tous ces exemples échelonnés dans le temps, il s'agit
d'historiques courts. II est pourtant permis de s'étonner que, dans
aucun, le choix des faits estimés assez importants pour être cités, n'ait
comporté cette escale d'Alger.
Remplace par le Général Fourquet, le Général Ailleret a quitté Alger le
25 avril 1962, un mois après le drame, alors que les Français d'Algérie,
choqués au plus pro-fond, désespérés, se précipitaient vers les rares
bateaux et les avions, dans une fuite éperdue.
Le 8 mars 1968, il a trouve la mort dans l'accident d'avion qui devait le
ramener de La Réunion, "accident" discrètement annoncé et fort
peu expliqué (10).
En métropole, les Français d'Algérie se débattaient alors dans les
difficultés sans nombre de l’adaptation à un déracinement mal préparé qui
les révoltait. Volontiers fatalistes, ceux qui l’ont su y ont vu la
marque d'une justice immanente.
Le Surcouf, après un grand carénage à Brest, participa, à partir de 1965,
aux activités de l'Escadre d'Atlantique. En 1971, il fut abordé de nuit
par le pétrolier soviétique "Général Boucharov" dont l'étrave
enfonça son flanc tribord à l'avant de la première cheminée. II y eut un
blessé grave et cinq disparus.
"L'Escorteur d'Escadre Surcouf n 'étant ni repérable, ni
réutilisable dans sa situation actuelle, je vous propose de condamner le
bâtiment afin de I 'utiliser comme cible pour des tirs de Marine "
écrit le Contre-Amiral Sanguinetti au Ministère de la Défense Nationale (.
Triste fin pour un navire commandé, un jour, par des officiers qui
surent, en refusant de tirer, donner au mot Honneur, son sens le plus
haut.
NOTES
(1) Brouillon autographe, "premier jet", comportant de
nombreuses ratures et corrections, d'un discours prononce à l'Hôtel de
ville d'Alger par le Général De Gaulle, le 26 mars 1944. Adjugé pour
100000 F à un acheteur resté anonyme. (Extrait du catalogue de l'Hôtel
des Ventes Drouot, Paris 11-12-98).
(2) "Autopsie de la guerre d'Algérie", Ph. Trippier, Ed.
France-Empire (1972), d'où sont également extraites la plupart des dates
qui précèdent.
(3) "Un crime sans assassins", Marie-Jeanne Rey et Francine
Dessaigne, Ed. Confrérie-Castille (1994).
(4) "Escorteurs d'Escadre", R. Dumas et J. Moulin, Ed. Marine
(1997).
(5) "La dernière année de l'Algérie Française", P. Henissart,
traduit de I'américain par B. Fournels, Ed. Grasset (1970).
(6) Publications A. Figureras, BP 575 - 75027 Paris Cedex 07.
(7) "Les flottes de combat", H. Le Masson, Ed. Maritimes et
d'Outre-Mer, Paris (1962).
(
Rapport au Ministre de la Défense Nationale, pour I'Amiral Joybert, Chef
de l'EM de la Marine, P.O. le Contre-Amiral Sanguinetti, Major- Général de
la Marine (21-04-1972).
(9) "De nouveaux noms sur la mer", Contre-Amiral R. Fremy et
Capitaine de Vaisseau G. Basili, ACORAM (1994).
(10) Curieusement, un roman de politique-fiction a paru, au Canada, en
1977: "Mort d'un général" de John Saul, traduit en français et
édité la même année par le Seuil; puis réédité par Rivages en 1997. étude
des milieux politico-militaires semble correspondre à des recherches ou
des contacts sérieux. L'auteur avance une hypothèse plausible à propos
des responsables de "!'accident", et donne une description très
critique du caractère du "général Marcotte", clone d'Ailleret.
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Kalimera
Invité
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Re
: Appel reçu.
« Répondre #21 le: Mai 14, 2008, 02:46:11 »
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PV/AV
DELEGATION GENERALE en ALGERIE
CABINET DU DELEGUE GENERAL
REPUBLIQUE FRANCAISE
ALGER, le 2 Ml 1961
SECRET CONFIDENTIEL
IQ Préfet de Police d’0 R A N
OBJET : Utilisation des armements de grande puissance en
vue du maintien de l'ordre dans la zones de compétence des Préfets de
Police d'Alger et d'Oran
Votre lettre p/B/AS n° 20 en date du 1.7-1961 Votre télégramme du
20.7.1961
Par vos deux dépêches en date des 1er et 20 juillet 1961 vous m'avez
prié de vous préciser l’interprétation qu’il convient de donner à
I’article 24- de l'Instruction Interministérielle du 1er mars 1961 qui
prévoit que l'emploi en vue du maintien de l'ordre, des armements à
grande puissance et des véhicules porteurs, est subordonné à une
autorisation du Premier ministre (E.M.G.D.N. ) ou de l'autorité ayant
expressément reçu délégation à cet effet.
1 - En principe ma directive en date du 21 mars 1961, prise pour
l’application du décret n° 61-224, n'autorise aucune dérogation aux
dispositions de l’instruction Inter-ministérielle du 1er mars, qui
s'applique intégralement dans les circonscriptions relevant de la
compétence des deux Préfets de Police.
Par conséquent,, la mise en oeuvre de certains moyens ou armements sans
autorisation ministérielle spéciale, ne saurait être envisagé des lors
que cette autorisation préalable est obligatoirement prévue par voie
d'instruction interministérielle.
2 - Dépendant, il est éminemment souhaitable que l'emploi de moyens de
cette nature, tels que véhicules terrestres ou aériens porteurs
d'armements lourds, puisse être requis sans délai par l'autorité responsable
de l'ordre public, à titre préventif, et sans que l’usage du feu soit à
priori.
Aussi me parait-il possible de faire jouer, au par particulier que vous
ayez évoqué, l'article 19 de I'instruction Interministérielle qui
habilite I'autorité civile, responsable du maintien de l’ordre, demander
ou requérir, le titre de mesure préventive directe ne comportant pas
l'emploi de la force, la participation de patrouille à exceptionnelles
(véhicules blindés) d’aéronefs ou de navires.
La participation de ces moyens doit normalement être accordé par
l’autorité militaire des lors qu'il s'agit d'armements, d’équipements et
véhicules organiques des forces armées placés sous réquisition.
Je m'emploie à faire confirmer ce point de vue par M. le Général
commandant, supérieur interarmées en Algérie afin que le concours des
moyens de cette nature vous soit effectivement assuré par M. le Général
commandant le corps d'armée d’0ran (d’Alger)4
3 -Selon l’interprétation ainsi donnée par l‘article 24 et que je
souhaite voir consacré par l’E.M.G-.D.H. et le Général commandant
supérieur interarmées, l’autorisation ministérielle préalable n'est donc
obligatoire que dans le cas où l'utilisation des armements & grande
puissance et des engins qui en sont pourvus est requise non plus
seulement dans un but préventif mais dans des opérations de maintien de
l'ordre comportant le recours éventuel, la force, m.o sans usage des
armes.
C'est pourquoi j'ai prié M. le Premier ministre, dans le cadre de mes
pouvoirs en matière de défense et de sécurité du territoire, de bien
vouloir me donner délégation afin que je puisse être en mesure de vous
autoriser à requérir l'emploi de tels moyens en vue du rétablissement t
de l'ordre comportant usage de la force.
Toutefois, si la délégation sollicité m’était effectivement accordé, il
reste entendu que I’usage de ces armes, c'est à dire l'ouverture du feu -
hors les cas de légitime défense - demeure soumis à l’autorisation
préalable du Premier ministre (E.M.G.D.N.).
Je vous autorise à communiquer la teneur de la présente correspondance à
M. le Général commandant le corps d'armée d'Oran (d'Alger) en attendant
que celui-ci reçoive de M. le Général commandant supérieur interarmées
instructions complémentaires à ce sujet.
le Délégué Général en Algérie
Signe : Jean MORIN En communication, à titre d’information, à
- M. le Préfet de Police d ' ALGER
- M. le Colonel, Chef du Bureau Spécialiste de la Défense Nationale
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Kalimera
Invité
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Re
: Appel reçu.
« Répondre #22 le: Mai 14, 2008, 02:47:50 »
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.P.
87.-00 le 16 octobre 1961
-NOTE -
CCi/LIAND3:TT SUPERIEUR DES FORCES EN ALGERIE
ETAT-MAJOR INTTERARMEES
3 ème BUREAU N°3.959 /CSFA.E-.II/3. OP/E
pour
- M. le Général Commandant la R.T. et le C.A. ALGER
- M. le Général Commandant la R.T. et le C.A. D'ORAN
- M. le Général Commandant la R.T. et le C.A. de CONSTANTINE
- M. le Général Commandant la 5eme Région Aérienne,
le Vice-Amiral Préfet Maritime de la IVème Région maritime,
0 B J E T ; Utilisation des véhicules, aéronefs et navires pourvus
d'armement à grande puissance, en vue du maintien de l'ordre en Algérie.
REFERENCE instruction Interministérielle 161/EI.IGDN/ORG du 1er Mars 1961
Dans le cadre des dispositions de l'article 24 de l'I.M. de référence, le
Premier Ministre vient de donner délégation permanente à Monsieur le
Délégué Général pour autorisé en ALGERIE l’emploi par les Forces Armées
des véhicules, aéronefs et navires pourvus d'armement à grande puissance,
en vue du maintien de l'ordre, mais rappelle que sauf dans les cas prévus
à I’article 26 de l'I.M. précité, I’usage de l'armement à grande
puissance reste soumis à sa décision.
Les conditions d'emploi préventif des véhicules blindés, aéronefs et
navires, de mise en oeuvre de I'armement léger et à grande puissance et
les modalités de réquisition par l'autorité civile sont précisées dans le
tableau joint. L'autorité militaire reste toujours libre du choix des
moyens, comité tenu d'une part de ses disponibilités, d'autre part des
effets à produire pour assurer le maintien de I’ordre.
Le Général de Corps d'Armée AILLERET Commandant Supérieur des Forces en
Algérie
signe
AILLERET
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Journalisée
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Kalimera
Invité
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Re
: Appel reçu.
« Répondre #23 le: Mai 14, 2008, 02:48:38 »
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S.P. 87
000, le 26 Décembre 1961
COMANDEMENT SUPERIEUR DES FORCES EN ALGERIE
ETAT-MAJOR INTERARMEES 2e et 3e BUREAUX
4 737/CSFA/ELAI/2/IITT.SC 4 779/CSFA/EMI/OP/E.SC
DIRECTIVE
OBJET : Action des Forces Armées contre les organisations factieuses.
L'Ordre du Jour du 18 décembre du Ministre des Armées prescrit à toutes
les Forces armées "de faire échec par les moyens les plus énergiques
aux menées criminelles et aux tentatives des factieux".
La présente directive a pour but de préciser aux Forces armées en Algérie
comment doit s'exercer leur action dans ce domaine.
Celles-ci doivent dans le cadre de la lutte contre les organisations
factieuses se réclamant de la soi-disant O.A.S.:
1°) Assurer leur propre sécurité vis-à-vis d'elles, dans les mêmes
conditions qu'a l'égard de toute entreprise visant à atteindre leurs
forces morales et physiques. Elles doivent en particulier éliminer de
leurs rangs tous les éléments appartenant à l'O.A.S. ou manifestant en sa
faveur une sympathie agissante.
2°) Participer à la recherche des déserteurs, des anciens militaires qui
se sont mis hors la loi et des autres criminels et, le cas échéant, les
arrêter ou contribuer à leur arrestation.
---==oOo==---
3°) Prêter main-forte aux forces de police chargées de la recherche et de
l'Elimination des membres de l’organisation factieuse et leur assurer,
sur la demande des autorités civiles responsables, aide et protection au
cours de leurs opérations.
4°) En raison de leurs attributions légales en matière de maintien de
l’ordre, de sécurité et de défense du territoire, se tenir renseignés sur
les tentatives de troubles que se proposeraient de susciter les
organisations factieuses maintenir et éventuellement rétablir l’ordre.
1. - SECURITE DES FORCES DE L’ORDRE VIS A VIS DE L ' O.A.S
La lutte contra I'O.A. S. à I'intérieur des Forces armées est de la responsabilité
du Commandement.
II est du devoir des chefs, à tous les échelons, d'apporter la plus
grande attention au loyalisme et à la discipline de leur subordonnés
civils doivent connaître et suivre de près. Lorsqu'ils constatent chez
certains d'entre eux une tendance à l'oubli de leurs devoirs, ils sont
tenus d'exercer leur action de manière à les remettre dans le droit
chemin. Si, cette action se révélant inefficace ou insuffisamment
efficace, le comportement des intéressés devient un exemple pernicieux pour
leur entourage, ils doivent immédiatement proposer, par la voie
hiérarchique, les mesures nécessaires, c'est à dire la mutation des
intéressés et, en cas de fautes, les sanctions ou poursuites judiciaires
correspondent à la gravité des faits constatés.
Ils ne doivent pas considérer que la détection et l'élimination des
membres ou de complices de l'O.A.S. dans nos Forces armées ne les
concernant pas et regardant exclusivement la sécurité militaire. Ce
service n'est qu'une organisation technique à la disposition des divers
échelons du Commandement.
En apportant son aide aux Commandants de Grandes Unités et aux Chefs de
Corps, il ne leur enlève en rien la responsabilité de maintenir en tous
temps les formations sous leurs ordres dans la discipline et le loyalisme
les plus stricts.
II sera, par ailleurs, rappelé à tous les militaires qu'ils ont le devoir
de rendre compte de toute tentative, directe ou indirecte, d'une
organisation factieuse pour les contacter ou les enrôler en particulier
tout militaire destinataire d'une lettre d’un membre de l'O.A.S.,
écrivant à ce titre, devra rendre compte immédiatement à son chef direct.
La non observation de ces règles rend l'intéressé passible de sanctions
disciplinaires dans les cas de simples contacts non signalés et de
poursuites devant le tribunal militaire pour atteinte à la, sûreté de
l'Etat dans le cas ou le contact aurait été suivi d'activités au profit
d'une organisation factieuse.
La sécurité intérieure des Forces armées doit être assurée par la mise en
oeuvre de dispositifs toujours en garde en particulier contre les
surprises, ruses et tromperies de tout genre, et prêts à riposter
efficacement à toute action par le feu. Les dispositifs statiques,
notaient, afin d'éviter la surprise et décourager les entreprises des
factieux, doivent faire appel, au maximum, aux techniques de l'organisation
défensive.
2.- RECHERCHE DES DESERTEURS ET DES ANCIENS MILITAIRES HORS LA LOI
Les Forces armées doivent participer à la recherche des déserteurs et
ex-militaires par " le renseignement et, éventuellement, arrêter ces
personnels ou contribuer à leur arrestation.
Tout militaire détenteur d'un renseignement concernant la présence ou les
déplacements d'un déserteur ou ex-militaire se doit de le communiquer
immédiatement à ses supérieurs hiérarchiques ou, à défaut, aux autorités
militaires, ou gendarmerie ou de police les plus voisines.
Les contrôles routiers ou urbains effectués par les Forces armées,
indépendamment des buts particuliers qu'ils peuvent avoir, viseront
toujours à la recherche des déserteurs ou militaires ex-contumaces et à
leur arrestation
immédiate s'ils sont découverts.
3. AIDE AUX SERVICES DE POLICE
La responsabilité de la destruction de l'organisation factieuse
appartient à l'autorite civile, qui dispose des polices.
Les Forces armées, à chaque échelon, apporteront leur concours aux
services de police agissant contre l'O.A.S., à la demande des autorités
civiles responsables du cette action.
Cette aide s'exercera alors, dans le domaine des transports terrestres et
aériens suivant procédures réglementaires, comme dans celui des
opérations de recherche, de perquisition ou d'arrestation par les équipes
spécialisées de police et de gendarmerie, sous la forme de détachements
de protection, de garde ou d'escorte.
De plus, agissant dans le cadre de leurs activités propres, les forces
armées mettront immédiatement en état d'arrestation et placeront des
que possible entre les mains des services spécialisés dans la lutte
contre l'O.A.S. les civils décelés - au cours des contrôles routiers ou
urbains notamment - comme membres da I’organisation factieuse ou présumés
tels (détention d'armes ou d'explosifs sans autorisation régulière,
absence de pièce d'identité ou de documents réguliers de véhicule, papiers
manifestement faux, etc...)
II sera rappelé en outre aux exécutants qu'ils doivent obligatoirement
automatiquement prêter main-forte aux agents de I'autorité an cas
d'urgence manifeste.
4, PREVENTION DES TROUBLES ET MAINTIEN DE L’ORDRE
Une des missions permanentes de L'Armée est d’assurer le respect et la
défense de la loi en participant à la prévention des troubles et, au
besoin, au maintien et au rétablissement de l' ordre dans les conditions
prévus par la législation et les règlements en vigueur.
Les Forces armées attendront en disposant en permanence des
renseignements nécessaires à l'évaluation de la menace et en étant en
mesure de mettre en oeuvre les dispositifs capables d'agir selon les
modalités appropriées a I’évolution de la situation.
Les Forces armées de troisième catégorie peuvent avoir à agir en maintien
da I’ordre, soit an face de manifestations de masse, soit contre des
mouvements séditieux armés.
Dans tous les cas elles doivent être employées en unités constituées
aussi importantes que possible, opérant sous les ordres de leurs chefs, à
I’exclusion de petits détachements dispersés.
Vis-à-vis des manifestations de masse ne comprenant pas de manifestants
en armes, les Forces armées appliquent les instructions relatives au
maintien de l’ordre.
Cependant, en face d'organisations révolutionnaires disposant d'armes de
guerre et faisant ouvertement profusion de vouloir s'en servir un jour,
il y a lieu de prendre en tous temps les mesures de sûreté nécessaires à
I'accomplissement des missions en dépit des actions adverses et avec Ie
minimum de pertes pour nos troupes.
Qu'il s'agisse de la défense d'un point sensible, d'une position dont
elle est responsable, de I’exécution d'une mission de maintien de l'ordre
qui lui est confiée ou de sa propre sauvegarde, une troupe qui fait
l'objet d'une attaque armée ou de menaces armées caractérisées doit
ouvrir le feu sans hésiter.
Par ailleurs, le feu est ouvert contre tout individu ou groupe tentant.
de pénétrer dans une zone ou enceinte interdite et ne répondant pas aux
somations.
En bref, le feu doit être ouvert sans hésiter par tout détachement qui ne
peut accomplir autrement sa Mission de maintien ou de rétablissement de
l'ordre. Le combat avec tous moyens de feu adéquats sera engagé contre
tous Les
insurgés armés qui refuseraient de déposer leurs armes ou qui
afficheraient une attitude menaçante .
Face à une insurrection armée se protégeant derrière des manifestations
populaires, une troupe doit couvrir avant tout sa complète liberté
d’action tout en restant en sûreté. Elle devra dans ce cas ouvrir le feu
sans hésitation tout en prenant toutes précautions pour ajuster ses tirs
sur les éléments armés et épargner les populations utilisées comme écran
par les insurgés.
Les Forces armées en Algérie doivent tout faire pour que l'ordre soit
maintenu. S'il s'agit de simples manifestations, l'ordre doit être
rétabli dans l'esprit d'humanité qui est celui de l'I.M. du 1er mars
1961. Si au contraire nos unités avaient à s'opposer à une insurrection
comportant des éléments armés entrant en rebellions contre la loi,
ceux-ci devraient être mis hors d'état de nuire au plus tôt par les
moyens les plus énergiques. C'est ainsi que les pertes en vies humaines
seraient réduites au minimum possible.
Le Général de Corps d'Armée AILLERET Commandant Supérieur des Forces en
Algérie.
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Journalisée
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Kalimera
Invité
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Re
: Appel reçu.
« Répondre #24 le: Mai 14, 2008, 02:49:28 »
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à méditer.
1) La réponse du Délégué Général en Algérie, Jean Morin, au Préfet de Police
d'Oran (24/7/1961), nous apprend :
- d'abord que l'intervention de "véhicules, aéronefs et navires,
pourvus d'armement à grand puissance" était prévue depuis une
Instruction Ministériel du 1er mars 1961, soit depuis les premiers
contacts secrets avec le GPRA.
- ensuite, l'inquiétude du Préfet qui l'a conduit à demander des
précisions.
- enfin, que le souci d'une grande rapidité de réaction, a conduit le DGA
à demander une délégation lui permettant d'autoriser l'autorité civile à
"demander ou requérir" de l'autorité militaire, l'emploi de ces
moyens.
2) la note 3.959 du Général Ailleret (16/10/1961) que la DGA "vient
de l'obtenir". Le GENESUPER la répercute aussitôt aux Corps d'Armée,
en précisant: "l'autorité militaire reste toujours libre du choix
des moyens". Les directives du Gouvernement seront appliquées, sans
hésiter, par Jean Morin et Ailleret "choisis pour ça".
3) la directive n° 4737 du G. Ailleret (26/12/1961), précise son ordre du
jour du 20 septembre précédent. On remarque qu'il n'y est pas question du
FLN ou de l'ALN, mais uniquement des "organisations factieuses se
réclamant de la soi-disant OAS".
4) les extraits de la note 731 (2/3/1962) prouve une constante dans les
directives, et présentent dans la formulation, un certain humour qu'il
est permis de ne pas apprécier.
5) message n° 3722 du 18 mars 1962
En dépit de huit années de terrorisme FLN, la Cour Martiale n'existait,
semble-t-il, ni à Oran, ni à Alger, puisque le Général De Gaulle estime
nécessaire de les créer à la veille de l'annonce officielle de la
signature des Accords d'Evian. Sans commentaire...
6) Le Général de Menditte ayant rapidement relu les instructions du
GENESUPER, les répercute aussitôt par une note (24/3/1962).
7) et Bab-el-Oued, sans la moindre envie de commenter.
Le souvenir passe d'hommes de tous ages rafles sans ménagements, et d'une
petite fille de dix ans, tuée par le "Service d'Ordre" pour
avoir entrouvert ses volets...
enfin,
le 26 mars 1962, la révolte indignée et douloureuse, d'un inconnu.
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Kalimera
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Re
: Appel reçu.
« Répondre #25 le: Mai 14, 2008, 02:53:14 »
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Photos - Sans commentaire
Morgue d'Alger
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Kalimera
Invité
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Re
: Appel reçu.
« Répondre #26 le: Mai 14, 2008, 02:55:12 »
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Francoise
MESQUIDA après plus de 41 ans de silence dans la douleur et le
souvenir trouve la force d’écrire son histoire afin de se libérer
Ce lundi 26 mars aurait pu être un lundi comme les autres. Mieux encore :
à cause des bombes, des enlèvements, des massacres, de cette guerre en
somme ou de la grève - je ne sais plus - l'école était fermée.
La veille au soir, je ne m'étais pas couchée avec le cafard provoqué par
la perspective d'une longue et horrible semaine d'école à attaquer, dès
le lendemain. La guerre m'offrait un sursis. Je l'en remerciais presque.
Elle détournait l'attention paternelle de ma scolarité. Oui, je me
croyais en vacances et presque libre, quasi enfermée dans notre
appartement, dans ce pays en guerre.
Pour repousser les limites autorisées, s'aérer en quelque sorte, tout
devenait prétexte : le pain à la boulangerie du coin, le courrier dans la
boite aux lettres, malgré le peu d'espoir d'en trouver à cause des
grèves... Justement ce matin-là, en place de courrier, il y avait un
tract. Signé de l'OAS, il demandait à tous les pieds-noirs de venir, sans
armes, sans cris, drapeaux en tête, porter soutien aux habitants de
Bab-el-Oued qui, privés d'eau et de vivres, étaient prisonniers des
forces de l'ordre : un blocus dont les habitants de ce quartier étaient
victimes depuis quatre jours.
Les hommes - jeunes et vieux - avaient été embarqués, puis parqués pour
contrôle d'identité. Pendant ce temps, livrés à la menace de se faire
descendre, les femmes et les enfants restaient cloîtrés chez eux. Des
hélicoptères survolaient le quartier en tirant sur les terrasses. Dans les
rues, des blindés et des chars visaient également les balcons, les
fenêtres et les façades des maisons. Il y eut des morts. Et parmi les
blessés privés de soin, beaucoup moururent à leur tour. Lucien - le fils
de papa - vivait à Bab-el-Oued, ainsi qu'une tante et des amis... Qu'en
était-il de leur sort, à ce jour ?
Les voisins se consultaient entre eux, à propos du tract reçu le matin.
Certains trouvaient l'idée judicieuse. D'autres se méfiaient : des bruits
couraient sur ce tract pressenti comme un piège des parties adverses.
D'autres encore, moins hardis ou moins impliqués, considéraient la
démarche non sans danger. Il y avait enfin ceux qui, vaincus par le
désespoir, avaient perdu foi en tout.
Bien que directement concernés, papa et maman hésitaient. Quand l'un
disait oui, l'autre disait non. Ils étaient submergés, tantôt par le
doute, tantôt par le devoir de porter soutien aux compatriotes en danger.
Peut-être que ce geste ferait fléchir les armes, désarmerait le cœur des
CRS, des gardes mobiles ?
Après tout, c'était aussi des êtres humains, ces gens-là !
Mes soeurs et moi espérions secrètement qu'ils y aillent. Un peu moins de
tension, à cause de cette guerre, un peu plus d'espace et de liberté en
leur absence. Enfin, ils tombèrent d'accord.
Je les regardais se préparer tout en craignant qu'ils ne se ravisent.
Toujours possible avec les parents ! J'observais, mine de rien, pour ne
pas trahir ce désir coupable de les voir partir.
Papa venait de prendre la meilleure décision possible, pour moi. J'échappais
de justesse à la dictée d'un texte rempli de pièges et dans lesquels, à
coup sûr, je serais tombée. Il aurait enchaîné sur un problème de trains,
d'horaires et de rencontre à me faire dérailler. Et pour m'achever, il
aurait dérivé sur l'histoire du robinet qui goutte jusqu'à débordement, à
cause de mon inattention.
Elle, maman, partait avec lui. C'était ensemble ou rien. Alors, sans
aucune alternative... ! Je l'observais se préparer. Déjà coiffée,
habillée tout de blanc, elle était allée dépendre un vêtement accroché
sur le fil à linge du balcon. Elle prit son sac noir, il mit sa veste, et
ils sortirent. Je ne sais plus s'ils nous ont dit au revoir en partant.
Quand la porte s'est refermée derrière eux, nous avons un peu attendu,
peut-être même guetté sur le balcon pour nous assurer de leur départ.
Quelques minutes plus tard, bravant l'interdit, mes sœurs aînées
sortaient rejoindre plus probablement des garçons que des filles. Nicole
et moi en profitions pour recevoir Marie-José, une petite voisine. Ses
parents n'étaient pas sortis mais, plus libre que nous, elle pouvait
aller à sa guise. C'était en quelque sorte des retrouvailles, puisque
depuis longtemps papa contrôlait nos fréquentations et nous trouvait
d'ailleurs suffisamment nombreuses toutes les quatre.
Au bout d'une demi-heure, le bruit d'hélicoptères survolant Alger nous
déconcentra. Interrompant le jeu, nous sortîmes sur le balcon, côté
boulevard, pour suivre des yeux le vol de ces petits oiseaux de guerre.
Dans le lointain, on entendait le bruit de fusils mitrailleurs. Il y
avait du monde accoudé aux balcons, côté boulevard. Toutes les têtes
levées vers le ciel. Nicole ou moi, ou toutes les deux ensemble
peut-être, nous adressant à Marie-José, lançâmes à la cantonade :
« Si nos parents étaient un peu blessés, pendant qu'ils seraient à
l'hôpital, on dormirait chez toi ! »
L'idée nous réjouit, toutes les trois.
Dans la cage d'escaliers, résonnaient les pas des gens qui grimpaient
vers les terrasses pour voir ce qu'il se passait sur Alger. Nicole et
Marie-José voulurent en faire autant. Je tâchai de dissuader Nicole.
Auprès des aînées, toute tentative aurait été vaine. Mon ascendant sur
Nicole me donna quelque espoir. Je mis en exergue la désobéissance et ses
futures conséquences, mais rien n'y fit. Nicole vola sur les traces de
ses aînées. Inquiète pour mes sœurs, je fis les cent pas d'un balcon à
l'autre. D'un côté à l'écoute des bruits de la guerre et de l'autre aux
aguets, tout en priant le retour de mes soeurs avant celui des parents.
Je craignais la férule paternelle et, ne pouvant l'éviter dans le domaine
scolaire, je m'employais donc à la discipline dans d'autres domaines.
J'entendis la porte s'ouvrir et vis Nicole me rejoindre sur le balcon.
Elle s'accouda à côté de moi, et je fis à nouveau le guet vers l'entrée
de l'immeuble.
Soudain, je vis papa entouré d'une foule de gens et soutenu par deux
hommes. Ils allaient tous franchir l'entrée. Je criai :
« Papa est blessé ! Papa est blessé !
Nicole eut juste le temps de se hisser sur la pointe des pieds pour
apercevoir papa.
- Va chercher les autres, dis-je en parlant des aînées et en me
précipitant à sa suite sur le palier. »
Justement, elles arrivaient en courant. Dans l'escalier, on entendait
maintenant les pleurs douloureux de papa et les voix des gens qui
tentaient de le calmer. Et puis on le vit, lui papa, complètement
effondré, hurlant tel un animal blessé, avec cette foule tout autour de
lui.
Tout le monde entra dans la cuisine. On assit papa sur une chaise. Les
gens pleuraient et nous aussi maintenant.
« Papa, tu es blessé ? »
Papa ne répondit pas. Ses sanglots, ses hurlements de douleur lui
bloquaient sans doute la parole.
« Et maman ? Où est maman ? demande-t-on soudain. »
Personne ne répond. Papa redouble de sanglots. Et je lis dans tous ces
yeux posés sur nous une immense pitié, une compassion terrible,
effroyable. Une impuissance éternelle.
Pourquoi ces regards ?
Et pourquoi le tien papa ?
Maman est blessée ?
Tu n'oses pas nous le dire ?
« Où est maman, papa ? Où est maman ? hurle-ton de pressentiment, de
désespoir. »
L'attente de savoir est atroce, mais plus effroyable ce silence.
« Elle est blessée, nous dit-il, d'une voix étouffée par les sanglots.
- On veut la voir ! hurlons-nous, prêtes à tirer papa de sa chaise. »
Mais papa ne bouge pas. Juste il nous regarde, hébété. Et je lis avec
effroi, dans ses yeux injectés de sang, accablement, désespoir... Et
soudain, je crois entendre :
« Dites-leur ! Il faut leur dire !
Leur dire quoi ? Mais de quoi parlent-ils, tous ? Non pitié, ne dites
rien ! Je ne veux plus rien savoir !
Et l'atroce vérité est sortie des profondeurs de sa douleur, presque
brutalement :
« Ils l'ont tuée, a dit papa. Ils ont tué votre maman. »
Je me bouche les oreilles. Trop tard. Le pire vient d'entrer en coup de
poignard.
Nous hurlons, hurlons d'effroi et de douleur. Comme des bêtes...
Les gens nous attrapent, nous serrent tout contre eux, pour tenter de
nous calmer. Je me débats. Je manque d'air. Je suffoque :
« Maman ! Rendez-moi ma maman ! »
La douleur est toute puissante, insupportable. Je me précipite contre
papa, je m'accroche à lui. Comment échapper à l'horreur ? Se réveiller du
cauchemar ? Mes sœurs se sont enfuies sur le palier et leurs cris
frappent dans ma tête, me broient le cœur :
« Maman ! Maman ! » intensifiant ma douleur. Oh mon dieu, faites que ce
ne soit pas vrai ! Demain je me réveillerai et tout ira bien. Je vous en
supplie, mon dieu, faites ! Papa me serre fort dans ses bras, comme
jamais. Les sanglots secouent son corps. Joue contre joue nos larmes se
mêlent. Lui, si fort d'habitude, et maintenant tout effondré, vulnérable,
hurlant comme un petit privé de sa mère. Notre mère à tous.
C'était insupportable. Insupportable ma douleur et celle des miens.
Insupportable le pire, l'irréversible... J'étais claustrée en ce monde
brutalement privé d'air. Un monde lourd qui m'écrasait de toute part.
J'étais ici et maintenant dans l'enfer absolu... et pour toujours. La vie
m'enseignait cruellement la mort en m'habitant de ses affres. Maman
n'était plus et jamais ne sera : elle venait de basculer en un monde
parallèle qui frôle ce monde-ci pour happer les âmes, mais jamais ne le
croise. Il me faudrait donc attendre, avant de la revoir, jusqu'au bout
de ma vie avec l'espoir de l'existence en ce monde-là. Et respirer sans
elle, en attendant...
Mais comment vivre ici, vivre encore, après ? Par pitié... revenir en
arrière, changer le cours des choses... les empêcher de partir... d'y
aller... Arrêter le massacre... abandonner ce pays avant le trop tard...
Trop tard. Tout est fini maintenant. Et pourtant, je m'accroche encore un
peu, sans trop y croire et demande entre deux sanglots :
« Papa ! Peut-être qu'elle est juste blessée ? »
Papa ne répond pas. Il me serre encore plus fort, comme pour se
raccrocher lui aussi à quelque chose. N'importe quoi. Tout, sauf le
néant. Remplir ce vide oppressant que pourtant rien ne peut combler. Il
s'accroche, mais je n'ai que misère à lui offrir. Il me serre davantage.
Il me fait mal, mais ça n'est rien ; rien à côté de la douleur de mon
cœur et de mon âme meurtris à jamais.
Une dame s'est faufilée pour s'approcher de nous. Je sens dans la voix
toute la compassion, la sincérité de ses paroles :
« Ne pleurez plus, dit-elle. Maintenant elle est au ciel, avec Dieu. Elle
vous voit et vous entend. Ne pleurez plus... »
Papa n'a rien dit. Il a laissé dire sans protester, lui si hermétique à
toute bondieuserie. Mais il a entendu, j'en suis sûre. Il nous a prises
toutes les quatre dans ses bras. Nous nous serrons les uns aux autres,
unis par le malheur, suffoquant de douleur. Tous les cinq. Sans elle, à
jamais. Amputés d'elle. Alors Dieu, si tu existes, je veux y croire de
toutes mes forces, parce que je n'ai plus que ça. Oui, je veux croire
qu'elle vit encore quelque part, et pas juste dans des souvenirs ; et
qu'un jour, elle et moi, nous nous retrouverons. Et si Dieu tu n'existais
pas, alors je t'en prie, existe au moins pour elle, pour moi. Pour
survivre à l'horreur, même si je n'ai plus ni force, ni goût.
Le soir est arrivé... je ne sais comment. Je suis allée me coucher
comprenant que rien ne serait plus pareil, désormais. Cette chambre
vide... à côté de la mienne : la sienne. Sa place encore chaude dans le
lit. Je me suis glissée dans mes draps glacés en pleurant. Ce soir, et
plus jamais, maman ne viendra me border... jeter un œil pour voir si je
dors bien.
Cette vie brisée, sans elle... Des hommes me l'avaient tuée sans me
laisser le temps de lui dire au revoir. Lui dire que je l'aimais. Oh mon
Dieu, ce monde, ce n'est pas mon monde, c'est l'immonde ! Il n'y avait
jamais eu si peu d'air à respirer autour de moi. Dans cet acte de la
respiration, l'inspire m'était douloureux, étant par lui-même un élan de
vie, une ascension, une allégresse...tout ce que je n'étais plus en
somme, ne ressentais plus. La force d'inspirer m'abandonnait. Seule me
semblait supportable l'expire. Ce que j'étais en ce moment douloureux :
la chute, l'abattement, la petite mort. Les morts, restent-ils là à
respirer tout près pour s'imprégner, faire provision de nous et compenser
ainsi là-haut notre absence, tant l'air nous manque quand ils s'en vont ?
Mais demain peut-être, demain, je me réveillerais de ce cauchemar... Par
la grâce de Dieu, je m'endormis enfin.
suite...
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Journalisée
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Kalimera
Invité
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Re
: Appel reçu.
« Répondre #27 le: Mai 14, 2008, 02:55:34 »
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Les
pleurs de papa me réveillèrent en pleine nuit, me replongeant brutalement
dans le cauchemar de cette réalité. Je me précipitai dans le salon où il
était avec un oncle : l'oncle Antoine.
Pauvre oncle. Lui aussi s'était joint au cortège en route pour
Bab-el-Oued, puisque sa sœur y vivait. Toutes les rues étaient bloquées,
canalisant la foule vers la rue d'Isly - seule artère disponible en
direction de Bab-el-Oued - S'y engouffrant, la foule fut prise soudain
dans une nasse : derrière elle, le barrage se referma et, sans sommation,
l'armée tira.
L'oncle marchait à côté de papa et maman au moment où la fusillade éclata
dans leur dos. Comme certains, tous les trois s'étaient instinctivement
jetés à terre. Ceux qui tentèrent de s'échapper, tombèrent sous les
rafales des mitraillettes.
Pendant douze minutes, l'armée française arrosa de ses balles des civils
français sans armes, sans défense, allongés à terre. Dès le début de la
fusillade, maman dit à papa :
« Fred ! Reste couché, on tire de partout. »
Pauvre maman ! Ce seront ses dernières paroles. Cinq minutes après le
début du massacre, maman reçut deux balles. L'une d'elles, en pleine
poitrine, lui traversa le cœur, les entrailles avant de sortir par la
cuisse. Morte sur le coup, paraît-il. Je l'espère.
L'oncle, lui non plus, ne pouvait pas dormir ce soir-là à cause des
images infernales passant en boucle dans sa tête : allongé tout contre
maman sur la chaussée, il avait senti son dernier sursaut de vie.
« Janine ! Vous êtes touchée ?
lui avait-il demandé à mi-voix et sans bouger pour ne pas attirer
l'attention des mitrailleurs qui, de toutes façons, tiraient sur tout. »
Ils tiraient même sur les ambulances et les médecins qui tentaient de
porter secours aux blessés.
Maman ne répondit rien. Elle ne répondrait plus. (Sur l'une des photos de
la fusillade, on aperçoit maman tout en blanc, le bras levé vers le ciel.
Elle semble demander grâce. C'est sans doute ce geste qui la perdra.)
Après douze minutes de tir ininterrompu, les rescapés ont gardé
l'immobilité pendant plusieurs minutes par crainte de récidive ; et ce,
jusqu'à l'arrivée des secours.
Tous baignaient dans des mares de sang. Le sang des victimes. Le plateau
des Glières ressemblait à un vaste étal de boucherie.
Enfin, des camions sont arrivés. Les uns pour l'hôpital, les autres pour
la morgue. C'est là que papa et l'oncle ont accompagné maman : la morgue
de Mustapha.
L'oncle pleurait doucement en maudissant le sort et toutes ces images
qu'il n'arrivait pas à chasser de sa tête ; contre sa mort à elle, il
aurait donné sa vie, si vieille et sans enfant. Papa pleurait toujours à
gros reçut deux balles. L'une d'elles, en pleine poitrine, lui traversa
le cœur, les entrailles avant de sortir par la cuisse. Morte sur le coup,
paraît-il. Je l'espère.
L'oncle, lui non plus, ne pouvait pas dormir ce soir-là à cause des
images infernales passant en boucle dans sa tête : allongé tout contre
maman sur la chaussée, il avait senti son dernier sursaut de vie.
« Janine ! Vous êtes touchée ?
lui avait-il demandé à mi-voix et sans bouger pour ne pas attirer
l'attention des mitrailleurs qui, de toutes façons, tiraient sur tout. »
Ils tiraient même sur les ambulances et les médecins qui tentaient de
porter secours aux blessés.
Maman ne répondit rien. Elle ne répondrait plus. (Sur l'une des photos de
la fusillade, on aperçoit maman tout en blanc, le bras levé vers le ciel.
Elle semble demander grâce. C'est sans doute ce geste qui la perdra.)
Après douze minutes de tir ininterrompu, les rescapés ont gardé
l'immobilité pendant plusieurs minutes par crainte de récidive ; et ce,
jusqu'à l'arrivée des secours. Tous baignaient dans des mares de sang. Le
sang des victimes. Le plateau des Glières ressemblait à un vaste étal de
boucherie.
Enfin, des camions sont arrivés. Les uns pour l'hôpital, les autres pour
la morgue. C'est là que papa et l'oncle ont accompagné maman : la morgue
de Mustapha.
L'oncle pleurait doucement en maudissant le sort et toutes ces images
qu'il n'arrivait pas à chasser de sa tête ; contre sa mort à elle, il
aurait donné sa vie, si vieille et sans enfant. Papa pleurait toujours à
gros sanglots.
Moi aussi, maintenant. Je l'avais entouré de mes petits bras pour le
serrer fort contre moi.
« Ne pleure plus mon petit papa, je t'en prie, ne pleure plus. »
Quelle douleur pour moi que la sienne ! Je ne voulais plus qu'il souffre
comme je souffrais. Ma souffrance suffisait. Assez ! C'était trop pour
moi.
« Je ne peux pas vivre sans elle, sanglotait-il, je veux mourir.
- Non papa, ne meurs pas ! Reste avec nous, s'il te plaît ! »
Parfois, il était pris de sanglots convulsifs qui le mettaient à bout de
souffle, jusqu'à épuisement. J'avais si peur qu'il n'ait plus de force
pour le prochain souffle. Mais soudain, la vie s'engouffrait en lui de
toutes ses forces. S'imposait à lui bruyamment. Dieu merci. Il vivait
encore.
Et nous restions ainsi, de longs moments à pleurer dans les bras l'un de
l'autre, à se bercer, à tenter de se consoler, mais en vain.
Le sommeil m'emporta, malgré tout. L'oncle passa le reste de la nuit avec
papa.
Le lendemain, dès le réveil, il fallut à nouveau affronter la réalité. La
cruelle réalité qui s'empara brutalement de moi. Non, je n'avais pas rêvé
: j'étais dans le cauchemar. Et ce constat, il me faudrait désormais
l'affronter dans le rejet, à chacun de mes réveils : jamais plus je ne la
reverrai.
Du coup, je perdis brutalement cette croyance qui me racontait
l'inexistence des autres et notre éternité à tous les six. Je venais
d'atterrir dans l'horreur et la douleur.
Si papa et maman s'étaient décidés à partir un peu plus tôt, s'ils ne
s'étaient pas trouvés en fin de cortège, maman serait encore là, avec
nous, comme avant. Peut-être. Nous pleurerions d'autres morts, mais pas
les nôtres et pas aussi fort. Pour tenter de me consoler, j'espérais que
d'autres petites filles partagent le même sort que le mien, à cause de
cette fusillade ; et qu'elles en ressentent la même douleur. Je refusais
la solitude de la souffrance et de la perte. Voir pleurer les miens
n'arrangeait rien à l'affaire. Au contraire ! Voir les autres pleurer sur
notre malheur, bien sûr, cela me touchait, mais ne consolait pas. Mais la
rencontre d'inconnus meurtris, pareils à moi dans leur chair, m'aurait
peut-être à ce moment-là consolée un peu.
Dans la soirée du 27, tante Jane, la sœur de ma grand-mère paternelle,
passa à la maison. Elle avait besoin d'un vêtement propre pour maman, et
de quoi lui faire sa dernière toilette. Fou de douleur, papa se posta
devant l'armoire. Il refusait que l'on touche aux affaires de maman.
Enfin, ma tante le ramena à la raison. Mais quand il vit partir l'unique
manteau de maman, seul vêtement capable d'envelopper son pauvre corps
déjà raide, il eut un malaise. L'oncle Antoine lui tapota le visage,
quelqu'un lui fit respirer de l'eau de Cologne pendant que, toutes les
quatre, nous pleurions. C'était terrible. On pensait que papa allait
mourir à son tour...
---
Moins d'une semaine après le 26 mars, les gardes mobiles ou CRS - je ne
sais plus - à la recherche des membres de l'OAS, reçurent l'ordre de
perquisitionner tous les immeubles des français d'Algérie. (Depuis deux
ans, musulmans et français ne vivaient plus dans les mêmes quartiers. Sur
ordre du FLN, les arabes avaient déserté les endroits occupés par les
pieds-noirs. Et vice versa).
Alors que nous étions à la maison, nous entendîmes, venant de la cour,
des cris presque inhumains ; des cris de panique :
« Attention ! Ils arrivent ! ».
En un instant, la cour fut désertée. Et puis il y eut un grondement : le
fracas de dizaines de paires de bottes frappant la chaussée au pas de
courses. On vit toute une foule de CRS s'engouffrer dans les immeubles.
Ainsi, notre tour arrivait ! Notre HLM était prise d'assaut par les
forces de l'ordre ! Leurs pas lourds et rapides résonnaient maintenant
dans la cage d'escaliers. Les murs tremblaient, et nous aussi. Puis on
frappa violemment à notre porte, comme à d'autres :
« Police ! Ouvrez ! »
Effrayées, nous nous étions blotties contre papa qui alla ouvrir. Les
soldats, mitraillette au poing, s'engouffrèrent dans le hall. Papa fit
barrage pour les empêcher d'avancer. Du salon, vers lequel nous nous
étions précipitées toutes les quatre, nous regardions la scène en
pleurant.
« Ici, dit papa, nous sommes en deuil. Je vous demande de le respecter !
»
Le ton avait été sec, mû par la douleur et la colère. Prisonniers de
notre souffrance, à tout instant nous pouvions basculer dans la folie.
Mais sa folie à lui, en ce moment précis, pouvait bien se transformer en
folie furieuse. Rien désormais ne pouvait plus atteindre papa. Il ferait
barrage quitte à prendre une balle dans le ventre !
Les hommes armés jetèrent un œil vers le salon, par-dessus l'épaule de
papa. Nos regards se croisèrent. Armés contre désarmés.
Je ne sais ce qui les fit capituler. Le ton de papa ? La vue misérable et
apeurée de nous quatre, serrées les unes contre les autres et portant
toute la tristesse du monde sur nos pauvres épaules ?
Avant de partir, l'un d'eux lança en direction de papa une phrase
comminatoire dont j'ai oublié le traître mot : c'était en fait une mise
en garde contre une éventuelle collaboration avec des membres de l'OAS.
Afin d'en démanteler le réseau, des gardes mobiles se postèrent en
faction sur les terrasses des immeubles d'Alger. Un siège dont notre
groupe d'immeubles ne fut pas épargné. Après ce passage qui nous avait
secoués, nous nous étions effondrés dans les bras les uns des autres.
---
Papa écrivit lui aussi à sa mère et à son frère déjà en France, depuis
quelques années :
«Alger, le 27 mars 1962
Maman, Pierrot,
C'est un immense cri de douleur que je vous envoie. Le destin cruel s'est
abattu sur nous. Janine, mon adorée, a été lâchement assassinée par des
soldats qui, comme des bêtes féroces, avec des ricanements sinistres,
nous ont arrosés de rafales de mitraillettes, de mitrailleuses et de
fusils mitrailleurs alors que nous nous trouvions allongés devant la
Grande Poste. Tonton Antoine était dans ce terrible moment à nos côtés. C
'était horrible. On ne peut pas décrire un assassinat collectif aussi
monstrueux.
Les petites étaient à la maison. Elles avaient vu partir leur maman et
leur papa. Seul le papa revint. Le malheur qui nous frappe mes quatre
petites et moi est terrible. Vous imaginez la scène lorsque, accompagné
de deux amis, ayant laissé ma Janine chérie à la morgue, je revins à la
maison... Quels cris de douleurs poussèrent mes quatre petites chéries
lorsque, la voix brouillée par les larmes et les sanglots, je leur dis :
« Vous n 'avez plus de maman, ils vous l'ont tuée ».
Vous voyez, maman et Pierrot, dans quel drame épouvantable je me débats.
J'ai appris, non pas directement, car je n 'ai plus la force de lire les
journaux ou d'écouter la radio, que l'on vous fait, au sujet de ces
tragiques événements du 26 mars, un récit mensonger !
On vous dit que des provocateurs OAS ont tiré sur les forces de l'ordre.
C'est abominable ! N'en croyez rien. Je vous en supplie, croyez-moi,
croyez votre Alfred qui ressent les plus grandes souffrances morales qu
'un être humain puisse endurer. Dans les forces de l'ordre, parmi les
soldats français, il y avait à l'entrée de la rue d'Isly (du côté de la
Grande Poste) des soldats musulmans ayant la mine d'authentiques
fellaghas. Nous faisions partie, tonton Antoine, ma Janine chérie et
moi-même d'un immense cortège.
Brutalement, un feu d'enfer, déclenché par les soldats musulmans placés à
l'entrée de la rue d'Isly, fut dirigé contre nous. Feu d'enfer provenant
d'armes automatiques de toutes sortes. Immédiatement, tout le monde se
coucha sur le sol. Et pendant des minutes (peut-être dix, peut-être
quinze, ce temps me parut une éternité) un feu nourri nous arrosa. Nous
nous aplatissions sur ce sol, nous nous écrasions dans un réflexe de
défense. A dix mètres de moi, il y avait sur le trottoir un soldat
musulman.
Avec des ricanements, des insultes, chaque fois qu 'un pauvre allongé
levait le bras pour implorer la pitié, ce soldat tirait avec sa
mitraillette et arrosait tous les malheureux couchés, tel un jardinier
arrosant consciencieusement son jardin.
C'était horrible. Au bout de cinq minutes, une balle atteignit Janine.
Tonton s'en rendit compte car, comme pour la protéger, il avait passé son
bras sur elle ; Janine eut un sursaut provoqué par le choc de la balle.
Elle mourut, la pauvre chérie, sans proférer une parole, sans souffrir.
Deux minutes avant d'être touchée peut-être, elle m'avait appelé « Fred,
reste couché, on tire de partout ». Avant de mourir, d'être frappée, elle
avait eu une pensée pour moi !
Mon style est décousu, mon écriture illisible, ils vous feront peut-être
mieux sentir le côté atroce de cette scène, de cet assassinat collectif
prémédité. N'oubliez jamais cela !
Maman, Pierrot, je vais m'arrêter. Je n 'en puis plus, j'étouffe. Sur la
poitrine, j'ai un immense poids. Que je voudrais vous avoir près de moi
pour vous serrer bien fort, comme je serre bien fort, à tout instant, mes
quatre petites chéries qui ont maintenant, en plus de l'amour que j'ai
pour elles, l'immense amour que je ressentais pour ma Janine chérie, ma
Janine que j'aimais passionnément, ma Janine que j'appelle, ma Janine que
je suis allé embrasser à la morgue pour moi et mes quatre chéries ! Oh
vite, soulagez mon immense détresse, écrivez-moi. Malgré la présence de
tonton et tata et l'amitié sincère que me manifeste une foule d'amis, je
me sens seul. Ecrivez-moi, écrivez-moi, c 'est trop dur. Pierrot !
Va voir les parents de Janine, console-les, je n 'ai pas le courage de
leur écrire. Au revoir maman et Pierrot, recevez de mes chéries et de moi
tous les baisers noyés sous des flots de larmes. Comme j'ai mal !
P.S. le 29. Entouré d'un grand nombre d'amis, j'ai conduit Janine dans sa
dernière mais provisoire demeure car nous l'emmènerons avec nous quand
nous reviendrons vers vous.
Fred »
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Journalisée
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Kalimera
Invité
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Re
: Appel reçu.
« Répondre #28 le: Mai 14, 2008, 02:57:08 »
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Témoignage
recueilli par Hervé CUESTA dans le dernier numéro d'Aux Echos d'Alger
Je veux raconter:
Les années de guerre passaient avec son cortège de meurtres et d’assassinats
pour atteindre son paroxysme cette terrible journée du 26 mars 1962 où la
bête immonde avait programmé l’extermination des Français d’Algérie par
un bain de sang.
Vers 9h30 ce jour là ma section avait été mise en alerte et des 11 h 30
je me mettais en place à l’entrée de la rue d’Isly, légèrement à gauche
face à la grande poste, je devais interdire l’accès à des escaliers
permettant d’accéder au Gouvernement Général par des manifestants.
Nous avons disposé en travers des chevaux de frise (parallélépipédiques
de barres métalliques entourés de fils barbelés) et puis nous avons
commencé à attendre le début de la manifestions.
Petit à petit les gens sont arrivés, c’était pour la plus grande majorité
des femmes, des enfants et des personnes d’âge mûr car il ne fallait pas
provoquer les troupes qui se mettaient en place.
La place était encore très clairsemée quand mes hommes et moi avons vu
arriver une compagnie du 4eme Rg. de tirailleurs qui arrivait du bled,
bardée de mitrailleuses (AA52) un affreux pressentiment m’a envahi car
face à une foule désarmée on ne mettait pas des tirailleurs, sauf comme
je pouvais l’imaginer si on avait prévu ce massacre.
Une de leur section a formé un barrage à l’entrée de la rue d’Isly et
mettant en batterie une mitrailleuse devant l’agence Cook : ce qui m’a
également surpris, c’est que certains avaient mis leur baïonnette au
fusil et mon inquiétude s’était encore accrue.
Vers 13 h 00 la place était noire de monde, il y régnait une ambiance de
kermesse et chacun transportait soit du lait soit de l’eau minérale pour
le donner aux habitants de Bab-El-Oued qui étaient sans ressources et
affamés par les troupes gouvernementales qui depuis trois jours
bouclaient ce quartier, déjà on signalait la mort de nourrissons car ils
ne disposaient plus ni de lait ni d’eau, derrière mes chevaux de frise un
groupe de jeunes filles plaisantaient avec les soldats de ma section.
Vers 13 h 30 environ deux coups de pistolet se sont fait entendre, mais
assez lointain, un peu comme un signal, aussitôt un déluge de feu et de
fer s’est abattu sur la foule, tous les soldats du 4eme RTA tiraient
comme des fous furieux, la mitrailleuse lâchait de longue rafales qui
faisait de terribles ravages, durant quelques secondes nous sommes restés
comme figés puis quelqu’un a crié « les chevaux de frise » en effet, la
place de la Grande poste avait été complètement bouclée et la foule,
prise sous le feu du 4eme RTA, cherchant une sortie, se pressait contre
notre barrage et le premier rang se trouvait littéralement écrasé contre
les barbelés, nous avons essayé de retirer les chevaux de frise pour leur
laisser le passage, mais hélas dans notre précipitation les blocs de
barbelés se sont verrouillés et il nous a été impossible de les déplacer
et là, nous avons été les spectateurs impuissants du massacre.
Les jeunes filles qui un instant plutôt plaisantaient avec mes hommes
hurlaient de terreur et nous tendaient les mains par dessus les barbelés,
on a essayé de les tirer par dessus mais leur chair se déchirait au
contact de ces maudits barbelés pendant que les balles mutilaient ces
pauvres corps. J’avais saisi une main de l’une d’entre elles pour la
tirer par-dessus mais rien ne venait. Je criais de rage et pleurais en
même temps, et dans mes oreilles toujours ce bruit des armes qui
aboyaient, allaient-elles un jour s’arrêter ? J’ai lâché cette petite
main car à présent elle n’était que le prolongement d’un corps sans vie.
Tout à coup le feu des armes s’est arrêté et un grand silence s’est
abattu sur ce champ de mort seulement troublé par le gémissement des
blessés et moi j’étais là, immobile, dans un autre monde, à contempler
cette place jonchée de cadavres. La plupart de mes hommes étaient
accroupis ou à genoux, se tenant la tête à plaine main, beaucoup marmonnant
je ne sais quoi, je n’entendais plus rien je voulais voir, pour pouvoir
un jour raconter cette forfaiture, crier au monde entier comment une
troupe peut anéantir un peuple.
J’ai passé les barbelés et me suis avancé sur la place, c’était irréel,
des corps partout, certains méconnaissables, plus loin des familles
entières étaient au sol avec pardessus le père, les bras écartés dans un
geste dérisoire de protection. Partout des pièces de vêtement, des
chaussures, des sacs à main, des bouteilles de lait dont le contenu
s’était répandu sur le sol se mêlant au sang des innocentes victimes,
quelle ironie !
Ce lait qui devait apporter la vie aux enfants de Bab-El-Oued avait donné
la mort à ceux qui le portaient. Mes pas m’avaient conduit devant le
magasin Prénatal. A l’intérieur des corps, les clientes sans doute venues
faire des achats en vu de la prochaine naissance. Quatre d’entre elles
avaient été massacrées à coup de baïonnette. Quelle horreur !
Je voulais crier mon dégoût à ce pays qui avait permis un tel carnage.
Oui aujourd’hui la France venait de se déshonorer à jamais, elle perdait
le droit de s’appeler « civilisée . Elle venait de rejoindre les pays
totalitaires qui avaient agit de même en d’autres temps et d’autre lieux.
Oh combien je regrette en cet instant, tout ce sang qu’on a versé pour
elle.
Si un jour quelqu’un me demandait si l’armée de la république avait en
Algérie commis des actes contre l’honneur, alors je lui demanderais à mon
tour à combien d’enfants il avait retiré le pieu qui l’empalait…
Jean-Claude KESSLER
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Journalisée
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Kalimera
Invité
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Re
: Appel reçu.
« Répondre #29 le: Mai 14, 2008, 02:59:40 »
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14 heures 49 minutes 59 secondes,
dans une seconde ces tirailleurs, issus d'on ne sait d'où,
vont faire un carnage en tirant sans sommation sur la foule désarmée.
Ce lundi 26 mars 1962, à 14 heures 50 à l’horloge de la Grande Poste, une
foule française a été mitraillée par ses propres soldats, sur ordre du
sommet de l’Etat.
Bâb el Oued, quartier populaire, était devenu au bout de trois
jours un enfer, un ghetto : blocus, ratissage, déportation des hommes,
appui aérien et blindé…
Dans un élan de solidarité toute la population d’Alger se rassemble au
Plateau des Glières pour une marche pacifique vers Bâb el Oued par la rue
d’Isly, seule voie restée possible pour s’y rendre.
La manifestation est interdite et il faut la briser par tous les moyens :
contre une foule désarmée et pacifique se met en place un dispositif de
guerre : gendarmes, CRS, troupes du contingent, compagnies de
tirailleurs…
Pourquoi alors aucune décision de couvre feu ?
Pourquoi la foule n’est pas informée que l’ordre est d’arrêter la
manifestation par tous les moyens, au besoin par le feu ?
Pourquoi met-on en place des tirailleurs musulmans venus des djebels,
transbahutés depuis des jours d’un endroit à l’autre, fatigués, nerveux,
n’ayant aucune pratique du maintien de l’ordre en milieu urbain ?
Pourquoi enlève-t-on de la rue ceux qui justement ont l’habitude du
maintien de l’ordre et des manifestations publiques ?
Pourquoi tous les PM et fusils mitrailleurs des barrages sont
approvisionnés et armés ?
14 heures 50 à l’horloge de la Grande Poste.
Sans qu’il y ait eu provocations, sans sommation, la première
rafale mitraille la foule à bout portant et dans le dos. Elle est suivie
d’une fusillade généralisée. C’est la tuerie. On tire sur la foule de
tous les barrages.
Les armes ne sont arrêtées qu’après épuisement des munitions.
Plus de 80 morts et plus de cent blessés. Parmi les morts le plus jeune
était un bébé dans les bras de sa mère, morte elle aussi, réfugiés dans
une pharmacie.
Et eux ? Ce qu’ils avaient fait, ils ne voulaient pas que le monde le
voie. On s’en prend aux caméramans dont on détruit les films, aux agents
de presse qu’on menace de mort, aux journalistes étrangers qu’on fait
fuir. Les preuves sont détruites.
Les corps ne seront pas rendus aux familles. Ils seront enfermés dans
leur cercueil, dans la nuit, pendant le couvre feu. Au
petit matin ils seront transportés à la sauvette, dans des camions bâchés
pour être dispersés dans les cimetières d’Alger. Ils seront enterrés dans
des fosses hâtivement creusées, avec une bénédiction hâtive. Il n’y aura
aucune autopsie.
Les films et les photos ont disparu, les cadavres ont disparus, les
preuves médicales ont disparu, les documents officiels sont portés
disparus...
« Circulez, il n’y a rien à voir, il ne s’est rien passé »!
Ce sera la chape de silence qui dure depuis tant d'années.
A écouter
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« Dernière édition: Mai 14, 2008, 03:01:14 par Kalimera
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