dwnvg
Invité
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Re :
De Légion en 1913 à RMLE 1918
« Répondre #1 le: Août 31, 2007, 02:58:49 »
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SUITE :
L'attaque d'Auberive
Nivelle prévoit le début de son offensive dès les premiers jours d'avril.
Pour donner plus de punch à son attaque, il achemine 850 000 hommes dans la
région, fait procéder à de gigantesques travaux : il ne laisse rien au
hasard. Il sera surpris cependant, car les Allemands se replient
profondément, d'une quinzaine de kilomètres. Nivelle a raté son effet.
-Cela ne fait rien, assure-t-il, nous attaquons tout de même.
Le 6 avril, ayant à trancher entre l'Etat-Major et le commandant en chef,
Poincaré décide : -D'accord. Attaquez.
Malgré une préparation d'artillerie plus étoffée que celle de l'année
précédente, les Alliés n'arrivent à aucun résultat.
Le régiment de marche a reçu la mission de s'emparer du village
d'Auberive sitot que l'artillerie aura levé le tir. Auberive est situé en
bsage d'un bois de bouleaux -ravagé mais dont les Archives Musée de la
légion Etrangèretroncs subsistent encore. Il commande un saillant appelé
" le Golfe ", sorte de billard battu par les mitrailleuses
allemandes.
Pendant sept jours, du 10 au 17 avril, l'artillerie pilonne le secteur
mais, les légionnaires vont s'en apercevoir.
Le 17, à 4 h 50, l'ordre d'attaque est lancé. Il pleut. Une de ces pluies
de printemps mêlées de vent qui englue tout, alourdit les vêtements,
transforme le sol en un magma spongieux qui aspire les godillots.
Aussitôt, épargnées par le tir de barrage, les mitrailleuses balaient la
première vague d'assaut. Le lieutenant-colonel Duriez, chef de corps,
tombe l'un des premiers, aussitôt remplacé par le commandant Deville.
L'attaque est brisée, bien que le R.M.L.E. ait réussi à prendre pied dans
la partie sud du Golfe et à la corne du bois des bouleaux. On s'y fusille
à bout pourtant, sans espoir. Les positions n'ont pas pour autant changé
de main.
Le lendemain, la pluie a cessé. La neige la remplace. Il faut repartir.
Le capitaine Maire a pour mission de réduire le saillant du Golfe. Avec
une flegme de vieux légionnaire, il a, durant la nuit, prévu avec
l'artillerie un appui sérieux, mais :
-Vous ne le déclencherez qu'à mon commandement.
Il s'est aperçu que pour les Allemands, les tirs de préparation étaient
un "signal" .
A l'heure dite, sa compagnie s'élance.
" Comme un ressort " écrit-il, mes trois premières sections se
ruent à l'assaut. Selon mes ordres, elles se déploient en éventail,
atteignent
sans encombre la première ligne allemande où veillent les guetteurs
ennemis.
" Combien étaient-ils. ces guetteurs ? Tout ce que je sais c'est
que, sans perdre une minute, on les " embrocha ".
" Soudain, des crachements. Le tir de barrage : trop tard, nous
étions passés... "
Grâce à son manque de confiance dans les vertus de la préparation
d'artillerie, Maire réussit l'exploit peu commun de crever, à la tête de
compagnie, le front allemand. A 5 h 10, il est hors de portée des
contre-attaques ennemies.
Malheureusement, il est le seul. Et la Légion, ce jour-là encore, paie un
lourd tribut. Les chefs de bataillons sont tués les uns après les autres,
successivement, le capitaine de Lannurien, puis le capitaine Germann.
L'effectif du 3ème est réduit à 275 hommes le 19 au soir...
Mais le R.M.L.E. a un pied chez l'ennemi. A la grenade, il remonte le
" grand boyau ", au coeur de la ligne ennemie. Il en "
nettoie " sept kilomètres dans la journée.
Au soir, enfin, il entre dans Auberive.
-Mission accomplie.
L'exploit
de l'adjudant-chef Mader
C'est le lendemain que se situe l'exploit peu commun d'un des rares
Allemands venus combattre en France. -Legio patria nostra, disait Mader.
Et ce qui est bon pour les autres est assez bon pour moi.
Depuis deux ans donc, Mader -l'adjudant-chef Mader, Max-Emmanuel, de la
6ème compagnie du R.M.L.E. -fait la guerre. L'aube du 21 avril se lève.
Une aube grise et froide sur un terrain qui, durant trois jours a vu de
durs combats.
La tranchée 67, par laquelle, la veille a attaqué le 2ème bataillon, est
encore jonchée de cadavres ennemis et amis mêlés dans la mort. Partout de
la boue, des caisses, des armes, des vêtements déchirés, sans formes ni
couleurs. Tout est gris, souillé, horrible.
Dans une sape, écrasés de fatigue, les rescapés des 6ème et 7ème
compagnies dorment. Ils dorment malgré la fumée des incendies qui
couvent sous les débris; la boue, l'humidité, le froid. Ils dorment sans
savoir si l'homme sur lequel ils s'appuient est mort ou vivant, ami ou
prisonnier.
Pourtant, à l'extérieur, au milieu de la tranchée 67, l'adjudant-chef
Mader continue à veiller.
Il a remarqué que la 67 était orientée vers le Nord et qu'elle commande
un petit vallon, au fond duquel, Mader en est persuadé, se cache quelque
objectif intéressant. Son instinct de baroudeur le trompe rarement.
-A 150 mètres en avant, dit-il au capitaine, je suis sûr qu'il y a du canon...
-Peut-être, mais pour y arriver, il y a aussi une bonne compagnie armée
de mitrailleuses : si l'on s'avise de passer par ce vallon, on n'a aucune
chance d'en réchapper.
Plus bas, un légionnaire veille.
-Mon
adjudant chef, appelle-t-il à mi-voix.
-Qu'est-ce que tu veux, Bangerter ?
-Il y a des types de chez nous qui avancent dans le vallon, dit-il : ils
n'ont pas vu la mitrailleuse et, si on les prévient pas, ils vont se
faire massacrer.
Bangerter est 1'. classe depuis un mois. Tout jeune -il a dix-huit ans à
peine -les horreurs de la guerre n'ont pas encore desséché son coeur.
Mader sourit :
-Toi, ta bonté te perdra...
Il jette un oeil dans la direction indiquée et, comme pour lui :
-Des" poilus" du 168ème, grogne-t-il. Peuvent pas faire
attention...
-Qu'est-ce qu'on fait ? demande Bangerter : on allume les B... pardon,
l'ennemi.
A temps, le 1ère classe s'est rappelé la nationalité de son adjudant.
Mais Mader, froidemént :
-Si t'allumes les Boches, espèce de cloche, tu va allumer aussi les
autres et ils te tireront sur la gueule...
Les Français sont, de fait, exactement dans l'axe des Allemands.
Mais Mader a du métier. En quelques secondes, il rameute dix légionnaires
et fonce. Sa décision a été vite prise : pas question de tirer
sur la compagnie ennemie, en revanche, on peut l'attaquer à la grenade.
Il sort avec ses dix volontaires, et bondit dans le vallon. Avec une
telle fougue qu'ils ont atteint un angle mort avant que les mitrailleurs
n'aient
eu le temps de les ajuster.
Les hommes de la compagnie du 168 ne soupçonnent toujours rien. Ils
arrivent au pied du fortin allemand qu'ils croient inoccupé. Au-dessus
d'eux, l'ennemi les attend.
C'est alors que Mader intervient: à la grenade, il nettoie la position,
surgissant comme un diable dans le dos des Allemands médusés.
Ceux qui ne sont pas déchiquetés par les explosions s'enfuient vers la
batterie de 150 que maintenant Mader voit bien mieux.
Il saute dans le boyau, serre en vitesse la main du capitaine du 168ème
auquel il a sauvé la vie et, très vite :
-Pas une minute à perdre: faut pas que ces cons-là aillent me foutre la
pagaille. Faut les rattraper avant qu'il n'arrivent aux canons.
Il court dans le boyau, arrache, au passage, une musette de grenade que
portait l'un des biffins. Il galope, prend aux fuyards quelques mètres,
les remonte. Derrière lui, les dix légionnaires suivent, en désordre.
Mader est à la hauteur des derniers fugitifs. Ceux-ci ont la mauvaise
idée de sauter dans un abri. Mader y balance des grenades. Il débouche
ainsi, seul, au milieu des canons à peine gardés par quelques Saxons, mal
réveillés et qui attendent l'heure de la relève. A la grenade encore,
Mader fait le vide.
Les autres finissent par se manifester, mais l'arrivée opportune des dix
légionnaires règle définitivement le sort des Saxons. ..et de leurs
canons.
Bilan : une compagnie française sauvée, une compagnie ennemie mise en
fuite, une batterie lourde capturée... et, pour Mader, la Légion
d'honneur.
Août 1917
Le régiment de marche est à Verdun. Le 20 août il attaque au tristement
célèbre bois de Cumières. Par une sorte de coquetterie, les légionnaires
ont abandonné leurs chants, graves ou mélancoliques pour sacrifier à la
mode du jour. Ils entonnent... " la Madelon ".
A la tête du Régiment, vient d'arriver le " père" Rollet "
toujours vêtu de sa veste de toile kaki, et, prétendent les "
anciens" -ceux qui, entre eux persistent à l'appeler "
capitaine espadrilles" -toujours sans chemise...
Il est revenu à la Légion et, pour une fois, le R.M.L.E. aura de la
chance.
En deux heures de temps, le bois de Cumières, le boyau des Forges,
positions réputées inexpugnables -les Français s'y usent les dents depuis
presque un an -sont occupés.
Mais Rollet ne s'arrête pas : -Puisque nous sommes dans un bon jour,
dit-il, continuons.
Aussitôt sans prendre le temps de souffler, il établit le plan d'une
seconde opération. Rien moins que l'occupation d'un ouvrage extrêmement
défendu : l'ouvrage 265, sur la" côte de l'Oie".
De fait, à partir du bois de Cumières, l'ouvrage paraît moins redoutable.
Ayant appris le succès initial, les généraux Pétain et Pershing sont
arrivés. Sous leurs yeux, s'élance le 1er bataillon, En une heure,
l'ouvrage est conquis.
Pendant ce temps, le 2ème bataillon -commandant Waddel -s'empare de la
côté de l'Oie.
Dans la journée, la Légion a conquis un front. La citation de
l'adjudant-chef Mader fut signée de la main même du maréchal Pétain :
" Sous-officier d'une bravoure et d'une énergie remarquables. Chef
de section hors ligne, véritable entraîneur d'hommes, Toujours en tête de
sa troupe, s'est admirablement conduit au cours des combats du 17 au
21 avril 1917 : par d'heureuses dispositions et par le tir précis de ses
fusils mitrailleurs, a assuré avec sa section la capture d'une batterie
ennemie, mettant en fuite une compagnie d"infanterie qui la
soutenait, " de plus de deux kilomètres, dans un secteur où
s'épuisaient des unités d'élite. Elle à fait 680 prisonniers, dont 20
officiers.
Le 1er bataillon sera cité à l'ordre de l'armée pour son exploit.
Le lendemain, c'est le 3ème bataillon -commandant Giudicelli, l'homme qui
" gueulait " -qui assure les positions.
Le 4 septembre, la Légion est relevée : à son bilan, outre les
prisonniers, elle inscrit : 4 canons de 105, 1 canon de 38, 10 canons de
77 et 13
mitrailleuses.
A interroger les prisonniers, on apprendra qu'elle a eu affaire à 4
régiments d'élite allemands : les 20ème, 24ème, 221ème et 223ème.
Elle peut aller au repos.
Repos relatif d'ailleurs, puisque consacré à la préparation de la prise
d'armes qui marquera la remise de la Légion d'honneur à son drapeau
avec cette flatteuse citation : " Merveilleux régiment qu'animent la
haine de l'ennemi et l'esprit de sacrifice le plus élevé.
" En Artois, le 9 mai 1915, sous les ordres du lieutenant-colonel
Cot, s'est élancé à l'assaut des Ouvrages Blancs, enfonçant d'un seul
coup toutes les organisations ennemies, enlevant la côte 140 poussant
jusqu'à Carency-en-Souchez.
" En Champagne, le 25 septembre 1915, sous les ordres du colonel
Lecomte-Denis, puis du commandant Rozet, a conquis l'ouvrage de
Wagram au nord de Souain.
" Le 28 septembre, sous les ordres du lieutenant-colonel Cot a
triomphé d'une organisation puissante et, poussant jusqu'aux tranchées et
aux bois de la ferme de Navarin, les a enlevés.
" Dans la Somme, le 4 juillet 1916, sous les ordres du colonel Cot,
après avoir franchi un glacis de 800 mètres, fauché par les mitrailleuses
a conquis à la baïonnette Belloy-en-Santerre et l'a gardé malgré un bombardement
intense et contre les effor1s violents et répétés de l'ennemi.
" En Champagne, devant les monts de Moronvilliers, le 17 avril 1917,
sous les ordres du lieutenant-colonel Duriez, puis du commandant Deville,
s'est élancé à l'attaque contre un ennemi résolu, trois fois supérieur en
nombre. Par un combat corps à corps, ininterrompu pendant cinq jours et
cinq nuits, s'est emparé des tranchées du Golfe et a contribué à faire
évacuer le village d'Auberive par l'ennemi en le prenant à revers.
" A Verdun, le 20 août 1917, sous les ordres du lieutenant-colonel
Rollet, a enlevé le village de Cumières et son bois, avec une telle
fougue
qu'il a dépassé l'objectif final qui lui était assigné.
S'est ensuite rendu maître de la côte de l'Oie et de Régnéville. "
Cette citation fut décernée le 27 septembre 1917.
Amitiés Légio More Majorum
Daniel
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